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« Théorème de l’inachèvement » de Christophe Condello

Par Etcetera
Théorème l’inachèvement Christophe Condello

Christophe Condello – dont je suis le blog sur WordPress depuis plusieurs années – a eu la gentillesse de m’envoyer son dernier recueil poétique « Théorème de l’inachèvement », paru chez Pierre Turcotte éditeur en cette année 2025, dans la collection Magma Poésie. Merci à lui pour cet envoi !

Ce recueil s’ouvre sur une citation de Léonard Cohen et se déroule justement sous le signe de ce grand artiste canadien, disparu trop tôt.
Pour cette raison, cette recension entre dans le cadre du Printemps des artistes.

Note biographique sur le poète

Christophe Condello est un poète, un blogueur et un chroniqueur au journal La Métropole. Il est membre de divers jurys dont le Prix intercollégial de poésie du Québec. Il est apparu dans la 6e Anthologie de la poésie de Jacques Basse, dans l’Anthologie Poésie du monde 2020 aux éditions du Cygne, ainsi que dans le Tour du monde de 24h en poésie (2021). En 2022, il reçoit le 1er prix littéraire de la revue La Bonante (université du Québec à Chicoutimi). Il est également co-fondateur du prix « La Métropole de poésie » en 2023. En plus d’animer régulièrement un blogue poétique (http://christophecondello.wordpress.com/), il est directeur littéraire de la collection Magma Poésie chez Pierre Turcotte Éditeur. Théorème de l’inachèvement est son septième recueil de poésie.

Présentation du recueil par l’éditeur

Le recueil Théorème de l’inachèvement est marqué par une exploration profonde des thèmes de l’existence humaine, de la solitude, et des tensions entre la nature et la civilisation. On y retrouve des motifs récurrents de résistance, de transformation, et de quête de sens. Chaque poème semble porter la trace d’une interrogation sur la place de l’humain dans l’univers. La notion de frontière, qu’elle soit géographique, émotionnelle ou linguistique, est un thème sous-jacent. Le recueil questionne le « nous » et le « vous », brouillant les limites entre les sexes, l’identité individuelle et collective, et soulignant la porosité de ces frontières face aux épreuves et aux conflits. La langue est précise, elliptique, avec une économie de mots qui donne de la place au lecteur pour remplir les silences. Le recueil se présente comme un voyage poétique et introspectif, où les lignes entre l’humain, le naturel et le divin se dissolvent et se reconstruisent sans cesse. L’auteur nous invite à réfléchir sur la fragilité et la persistance de la vie dans des contextes de perte, de guerre et d’adversité, tout en laissant entrevoir la possibilité d’une guérison et d’une renaissance à travers l’humanisme et la féminitude.
(Source : Quatrième de couverture)

Mon avis en bref

C’est un beau recueil, tout en suggestivité, qui allie les mots, les réflexions et les sensations avec une certaine douceur. Dépourvue de ponctuation, découpée en strophes courtes, composée de vers libres, la forme de ces textes est à la fois fluide, épurée et harmonieuse. Ces poèmes peuvent aborder des thèmes comme le deuil, la séparation, la guerre entre Israël et Palestine, les souffrances dans le couple mais cette dureté des événements se mêle aux phénomènes naturels, aux beautés des saisons et des paysages, et même aux interrogations métaphysiques les plus élevées. Parfois, Christophe Condello parle de « nos insuffisances », de « notre culpabilité », de « nos incertitudes », de « nos cicatrices » et c’est toute une difficulté d’être qui semble se rappeler à nous : les aléas de notre condition humaine. Mais, dans le même temps, il y a un certain nombre de ces textes qui se terminent par une élévation, par une renaissance, par une résurrection, par une grâce ou encore par une lumière, ce qui est peut-être une façon d’évoquer l’espérance sans la nommer.
J’ai eu beaucoup de plaisir et d’émotion à la lecture de ce recueil et je le relirai très certainement car une seule approche n’en épuise pas le sens.

**

Choix de trois Poèmes

(Page 23)

La mort existe-t-elle
ou est-ce la fin
de la gravité

des lanternes en liberté
éclairent nos ombres

allons-nous y trouver
un visage
ce que nous sommes
censés quitter
la profondeur inaccomplie
de nos plaies

*

(Page 127)

Nous sommes le bien et le mal
l’affrontement ou l’amour
nous avons tous en nous
un monstre insatiable
qui nous accompagne

toute notre vie

ce monstre d’inconsistance
aux mille visages
à nourrir
caché sous le lit
de l’imagination

que nous désirons plus que tout
inéluctablement
satisfaire

*

(Page 132)

Il n’y a rien
qui reste
des ronces à l’affût
de nos déchirures

la nuit peut être longue
nos regards gorgés de verglas
nous tiennent en haleine

il n’y a rien

juste l’éternité
de la montagne
au loin
où un soleil accouche

Christophe Condello

**

Théorème l’inachèvement Christophe Condello

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