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Quand Ringo Starr a failli quitter les Beatles : l’histoire secrète

Publié le 26 avril 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Lors de l’enregistrement du « White Album » en 1968, Ringo Starr quitta brièvement les Beatles après une altercation avec Paul McCartney, révélant les tensions grandissantes qui allaient précipiter la fin du groupe.


Il existe dans l’histoire de la musique des instants charnières, où le destin semble basculer, ouvrant une voie en refermant une autre. Parmi ces moments fondateurs, l’épisode où Ringo Starr, le batteur affable et fédérateur des Beatles, quitta momentanément le groupe, demeure l’un des plus significatifs. Ce fut un geste prémonitoire, annonciateur de la désintégration inéluctable du plus grand groupe de tous les temps.

Sommaire

  • Une altercation fatale lors de l’enregistrement du « White Album »
  • Ringo, l’éternel outsider
  • Un climat de paranoïa généralisée
  • Un exil salutaire sur le yacht de Peter Sellers
  • Un retour précaire mais nécessaire

Une altercation fatale lors de l’enregistrement du « White Album »

L’été 1968, dans les studios d’Abbey Road, la tension était à son comble. Les Beatles, en plein enregistrement du double album connu sous le nom de « White Album », n’étaient plus la fraternité soudée des débuts. Chaque membre travaillait souvent isolé, réalisant ses compositions avec le concours épisodique des autres.

C’est lors de l’enregistrement de « Back In The U.S.S.R. », une composition effervescente inspirée de Chuck Berry, que la situation explosa. Paul McCartney, perfectionniste jusqu’à l’obsession, reprit plusieurs fois Ringo Starr sur ses parties de batterie, n’hésitant pas à lui montrer lui-même les rythmes qu’il voulait entendre. Pour Starr, déjà en proie à un sentiment d’exclusion, ce fut la remarque de trop.

Ringo, l’éternel outsider

Depuis toujours, Ringo Starr avait incarné la simplicité et l’humilité au sein des Beatles. Face au génie compositorial de Lennon et McCartney, et à l’émergence de George Harrison en tant qu’auteur à part entière, Starr se sentait de plus en plus marginalisé.

« Je suis parti parce que je ressentais deux choses : je sentais que je ne jouais pas bien et je pensais que les trois autres étaient heureux ensemble sans moi, » expliquera-t-il plus tard dans « Anthology ». Cette confession poignante révèle à quel point la dynamique du groupe s’était dégradée.

Dans une tentative de comprendre son isolement, Starr alla voir John Lennon, qui vivait alors avec Yoko Ono à Montagu Square. « Je quitte le groupe, je ne me sens pas aimé, et vous trois êtes très proches », lui dit-il. La réponse de Lennon fut étonnante : « Je croyais que c’était vous trois ». McCartney, interrogé à son tour, lui fit la même réponse. Ce malentendu réciproque soulignait la profondeur de l’éclatement interne.

Un climat de paranoïa généralisée

George Martin, le « cinquième Beatle », producteur et mentor du groupe, décrivit avec justesse l’atmosphère de l’époque : « Ils étaient tous un peu paranoïaques. Quand il y a une dispute dans un groupe, vous ressentez cette tension, comme dans un couple en crise. » Ringo, en particulier, était fragilisé par cette ambiance électrique, se demandant s’il n’était pas lui-même la cause de ces troubles.

Sa décision de partir n’était donc pas qu’un caprice d’artiste froissé, mais le symptôme profond d’un malaise collectif. Le groupe, qui avait prospéré sur la complicité et l’échange, était en train de se refermer sur lui-même, chaque membre se repliant sur ses propres insécurités.

Un exil salutaire sur le yacht de Peter Sellers

Ringo partit se ressourcer en Sardaigne, à bord du yacht de l’acteur Peter Sellers. Là, bercé par la mer et les discussions oisives, il retrouva un peu de paix intérieure. C’est lors de ce séjour qu’il écrivit « Octopus’s Garden », une chanson tendre et enfantine, reflet de son envie d’évasion et d’innocence retrouvée.

« Peter m’a raconté que les pieuvres récoltaient des objets brillants pour orner leur caverne sous-marine. J’ai trouvé ça merveilleux, » se souvient Starr. Cette image d’un jardin sous la mer, loin des tumultes du monde, était une métaphore parfaite de son état d’esprit.

Un retour précaire mais nécessaire

Finalement, Ringo Starr revint auprès de ses compagnons, accueilli chaleureusement par des fleurs disposées sur sa batterie — un geste symbolique, tentant de recoller les morceaux. Les Beatles continuèrent à enregistrer certaines de leurs œuvres les plus poignantes. Toutefois, la fissure était là, irréversible.

Le départ de Ringo, aussi bref fût-il, était la manifestation évidente que l’aventure collective touchait à sa fin. L’isolement, la fatigue, les égos grandissants et les tensions non dites faisaient leur œuvre souterraine.

Quelques mois plus tard, d’autres départs, d’autres disputes scelleront le destin du groupe. Mais l’épisode de l’été 1968 restera comme l’un des premiers grands craquements de l’armure des Fab Four — et un moment d’émotion pure dans la légende d’un groupe qui, jusque dans ses failles, n’a jamais cessé d’émouvoir le monde entier.


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