Klaus Voormann, bassiste, graphiste et proche des Beatles, fête ses 87 ans. De Hambourg à Londres, il a traversé l’histoire du rock en collaborant avec Lennon, Harrison, Ringo et bien d’autres, tout en signant la pochette culte de « Revolver ».
Ce 29 avril, Klaus Voormann fête ses 87 ans. Artiste aux multiples talents – bassiste, graphiste et producteur – ce Berlinois a traversé l’histoire du rock dans l’ombre des plus grands. Connu pour avoir dessiné la pochette légendaire de Revolver des Beatles et pour avoir joué aux côtés de John Lennon, George Harrison ou Ringo Starr après la séparation du groupe, Voormann a mené une carrière aussi discrète qu’influente. À l’occasion de son anniversaire, retour sur le parcours exceptionnel de celui qui fut tour à tour confident des Beatles à Hambourg, musicien recherché sur la scène londonienne des sixties, et réalisateur artistique de renom en Allemagne.
Sommaire
- De Berlin à Hambourg : une jeunesse artistique
- La rencontre des Beatles et l’idylle d’Hambourg
- Du rêve avorté de bassiste des Beatles à la scène londonienne
- L’artiste graphique derrière Revolver
- Sideman des studios et collaborations prestigieuses
- Retour en Allemagne : producteur et mémoire vivante du rock
- L’ultime voyage du sideman
De Berlin à Hambourg : une jeunesse artistique
Klaus Otto Wilhelm Voormann naît le 29 avril 1938 à Berlin, dans une famille aisée et cultivée. Son père est médecin et ses parents l’initient très tôt à la musique classique et aux arts plastiques. Si le jeune Klaus montre un intérêt pour le dessin, rien ne le prédestine encore au rock ‘n’ roll : adolescent, il écoute surtout du jazz traditionnel, Nat King Cole ou The Platters. Suivant les souhaits de ses parents, il entreprend des études d’arts graphiques à Berlin, à la Meisterschule für Grafik und Buchgewerbe. Il poursuit ensuite sa formation à Hambourg, à la Meisterschule für Gestaltung, dans le bouillonnant quartier de St. Pauli. C’est là, dans la grande cité portuaire du nord de l’Allemagne, que son destin va prendre un tournant inattendu.
À Hambourg, Voormann fréquente le milieu artistique bohème et se lie d’amitié avec deux jeunes photographes, Astrid Kirchherr et Jürgen Vollmer. Un soir de 1960, à la suite d’une dispute, Klaus quitte leur groupe d’amis et erre le long de la Reeperbahn, l’artère des plaisirs de St. Pauli. Attiré par une rumeur sonore en provenance d’un club, le Kaiserkeller, il y découvre d’abord Rory Storm and the Hurricanes (dont le batteur n’est autre que Ringo Starr), puis un groupe de jeunes Anglais inconnus – The Beatles. Voormann est instantanément ébloui : c’est la première fois qu’il entend du rock ‘n’ roll, lui qui jusque-là ignorait tout de cette musique énergique. Le set des Beatles le laisse « sans voix », profondément fasciné par cette fougue électrique qui tranche avec le jazz sage de son adolescence. Le lendemain, encore sous le choc, il convainc Astrid Kirchherr et Jürgen Vollmer de l’accompagner au Kaiserkeller pour écouter ces fameux Beatles. Très vite, le trio d’amis allemands retourne chaque soir au club, se mêlant à la faune interlope du quartier pour s’immerger dans le rock naissant.
La rencontre des Beatles et l’idylle d’Hambourg
Avec leurs allures d’artistes et leurs vêtements bohèmes, Klaus, Astrid et Jürgen – que John Lennon surnomme avec humour les “Exis” pour “existentialistes” – ne passent pas inaperçus dans le monde rude de St. Pauli Durant les pauses entre deux concerts, Klaus tente d’approcher Lennon malgré son anglais hésitant, et lui tend même une pochette de disque qu’il a dessinée, témoignant déjà de ses talents de graphiste. Lennon l’écoute distraitement et l’oriente vers Stuart Sutcliffe, le bassiste des Beatles, en lui lançant : « C’est lui, l’artiste ici ». Sutcliffe, justement, est immédiatement intrigué par ces jeunes gens aux cheveux longs et à l’allure de beatniks qu’il qualifie de « véritables bohèmes ». Une amitié naît rapidement entre le trio allemand et les musiciens de Liverpool.
À cette époque, Klaus Voormann vit une histoire d’amour avec Astrid Kirchherr. Tous deux habitent chez les parents d’Astrid, issus de la haute société hambourgeoise, et la jeune femme a même décoré sa chambre – intégralement noire, murs et mobilier – pour plaire à Klaus. Mais l’effervescence des nuits du Kaiserkeller bouleverse leur relation : Astrid tombe sous le charme de Stuart Sutcliffe, le « Beatle artiste ». Elle commence à le fréquenter, tandis que Klaus accepte, le cœur serré, que leur idylle se mue en une profonde amitié platonique. Astrid et Stuart forment bientôt l’un des couples emblématiques de la scène d’Hambourg, la jeune photographe immortalisant les Beatles dans des clichés devenus historiques, et contribuant même à leur nouveau style (c’est elle qui les initie aux coiffures “moptop”). Malgré tout, Klaus Voormann reste un ami proche, témoin privilégié de ces années fondatrices où cinq garçons de Liverpool forment leur identité musicale dans les clubs allemands.
Du rêve avorté de bassiste des Beatles à la scène londonienne
En juin 1961, les Beatles quittent Hambourg pour rentrer en Angleterre, laissant Stuart Sutcliffe derrière eux – ce dernier a décidé de rester à Hambourg pour se consacrer à la peinture et à sa vie avec Astrid. Avant le départ du groupe, Klaus, séduit par l’énergie du rock et déjà musicien amateur, propose spontanément à John Lennon de remplacer Stuart au poste de bassiste. Mais Lennon décline poliment : le groupe a déjà convenu que Paul McCartney reprendrait la basse. Qu’à cela ne tienne, Voormann achète la basse Höfner abandonnée par Sutcliffe et se lance lui-même dans la musique. Loin d’être découragé, il suit la trace de ses amis britanniques : quelques mois plus tard, il déménage à Londres, où George Harrison l’invite à s’installer dans l’appartement que les Beatles partagent alors au 57, Green Street, dans le quartier cossu de Mayfair. John Lennon s’est marié et envolé vers une vie de famille, Paul McCartney vit chez sa fiancée Jane Asher, mais Klaus cohabite un temps avec Harrison et Ringo Starr, prolongeant à Londres l’aventure fraternelle entamée à Hambourg
Après avoir trouvé quelques emplois de graphiste à Londres, Voormann retourne brièvement en Allemagne en 1963. À Hambourg, il cofonde avec le guitariste Paddy Chambers et le batteur Gibson Kemp (qui n’est autre que le mari d’Astrid Kirchherr après la mort tragique de Stuart Sutcliffe en 1962) un trio beat intitulé Paddy, Klaus & Gibson. Le groupe se produit en club et enregistre quelques 45-tours, sans atteindre la notoriété de leurs illustres amis. Bientôt, Klaus reprend la route de Londres, où la révolution “Swinging London” bat son plein. Musicien polyvalent et ami des Beatles, il reçoit plusieurs offres pour intégrer des groupes renommés. En 1966, il refuse ainsi de rejoindre les Hollies ou les Moody Blues, et accepte finalement de devenir le bassiste du populaire groupe britannique Manfred Mann. Au sein de cette formation qui enchaîne les succès, Klaus Voormann manie aussi bien la basse que la flûte, et participe à une série de hits internationaux entre 1966 et 1969 – du « Just Like a Woman » de 1966 à l’entraînante « Mighty Quinn » qui triomphe en 1968. L’Allemand s’impose comme un musicien respecté de la scène rock, tout en restant fidèle en amitié : lorsqu’il n’est pas en tournée, il fréquente assidûment Abbey Road et les studios londoniens où travaillent les Beatles.
L’artiste graphique derrière Revolver
Parallèlement à sa carrière de musicien, Klaus Voormann n’abandonne pas le dessin. Dès 1965, John Lennon fait appel à son talent de graphiste : il lui demande de concevoir la pochette du prochain album des Beatles, Revolver Voormann relève le défi en développant un style de collage original mêlant dessin au trait en noir et blanc et photographies, dans un esprit psychédélique encore inédit. Sorti en août 1966, Revolver arbore ainsi un visuel immédiatement reconnaissable – les visages des quatre Beatles flottant dans un tourbillon d’esquisses et de cheveux entrelacés – qui tranche radicalement avec les pochettes colorées de l’époque. Le disque est un succès critique et commercial retentissant, et l’artwork de Voormann est salué comme une œuvre à part entière. En 1967, Klaus se voit décerner le Grammy Award de la meilleure pochette pour ce travail novateur, une première pour un artiste allemand. Sa création marquera durablement l’esthétique pop : plusieurs décennies plus tard, le musée Tate Britain exposera la pochette de Revolver aux côtés des œuvres d’Aubrey Beardsley, soulignant l’influence de l’art victorien dans le noir et blanc stylisé de Voormann.
Fort de ce coup d’éclat, Klaus Voormann réalise d’autres pochettes de disques dans les années 1960. En 1968, il signe notamment la pochette de Idea pour les Bee Gees, poursuivant ses expérimentations graphiques. Plus tard, il prêtera son talent visuel à de nombreux artistes, dessinant des affiches et couvertures d’albums pour Harry Nilsson, Wet Wet Wet ou encore Turbonegro. Mais c’est bien son travail sur Revolver qui demeure son œuvre graphique la plus célèbre – un accomplissement qu’il enrichira encore trois décennies plus tard en participant à la conception des Anthologies des Beatles.
Sideman des studios et collaborations prestigieuses
À la fin des années 1960, Klaus Voormann est un homme de l’ombre très recherché, présent sur tous les fronts créatifs – à la fois musicien accompli et graphiste reconnu. Lorsqu’en 1969 les Beatles cessent de tourner et que chacun de ses membres entame des projets parallèles, Voormann devient naturellement un collaborateur privilégié. John Lennon fait appel à lui pour son nouveau projet expérimental, le Plastic Ono Band. En septembre 1969, Klaus est ainsi sur scène à Toronto aux côtés de John et Yoko Ono lors du concert événement Live Peace in Toronto, où il tient la basse dans un groupe éphémère composé, entre autres, d’Eric Clapton et d’Alan White. Quelques mois plus tard, on le retrouve sur le single féroce « Cold Turkey » et sur le titre pacifiste « Instant Karma! », deux hits de Lennon en 1969-1970 enregistrés sous la bannière Plastic Ono Band. Lorsque John Lennon enregistre son premier album solo John Lennon/Plastic Ono Band en 1970 – un disque dépouillé et cathartique où Ringo Starr officie à la batterie – c’est tout naturellement Klaus Voormann qui joue de la basse pour soutenir les confidences abrasives de son ami.
Après la séparation officielle des Beatles en 1970, Voormann demeure au cœur de leur galaxie musicale. Il participe en 1971 à l’album Imagine de Lennon, posant ses lignes de basse sur des chansons devenues cultes (c’est lui que l’on entend par exemple sur la chanson-titre « Imagine »). La même année, il répond à l’appel de George Harrison pour un projet historique : le Concert for Bangladesh. Lors de ce concert caritatif géant organisé à New York à l’été 1971, Klaus est le bassiste attitré du All-Star band réuni par Harrison – il accompagne sur scène Bob Dylan, Eric Clapton, Ringo Starr et Harrison lui-même, devant 40 000 spectateurs conquis. Quelques mois plus tôt, Voormann avait déjà contribué en studio au triple album All Things Must Pass, premier opus solo de George Harrison, jouant de la basse sur plusieurs titres de cet album monumental sorti fin 1970. Harrison, qui apprécie sa précision et sa modestie, fera encore appel à lui pour ses albums suivants, notamment Living in the Material World (1973) et Extra Texture (1975), consolidant le rôle de Klaus comme sideman de confiance des ex-Beatles.
Parallèlement, Ringo Starr sollicite lui aussi son vieil ami allemand. Dès 1971, Klaus joue sur les singles à succès de Ringo – « It Don’t Come Easy » et « Back Off Boogaloo », deux tubes où sa basse assure la charpente rythmique. En 1973, il participe activement à l’album Ringo, le disque de la consécration solo pour le batteur des Beatles. Mieux, cette même année 1973, Voormann devient l’artisan de retrouvailles inespérées : il se joint à John Lennon, George Harrison, Billy Preston et Ringo Starr en studio pour enregistrer la chanson « I’m the Greatest ». Ce titre, offert par Lennon à Ringo, permet pour la première fois depuis la séparation des Beatles de réunir trois d’entre eux sur un même morceau, Klaus tenant la basse à la place de Paul McCartney. La presse se fait alors l’écho d’une rumeur excitante – la formation d’un nouveau supergroupe baptisé The Ladders, qui rassemblerait Lennon, Harrison, Starr et Voormann. Le projet ne verra jamais le jour au-delà de ce jam session mémorable, mais l’anecdote illustre bien le statut particulier de Klaus Voormann : plus qu’un simple musicien de studio, il est considéré dans l’entourage des ex-Beatles comme un ami sur qui l’on peut compter, au point d’être imaginé membre d’un « Beatles bis ».
Durant la première moitié des années 1970, Klaus Voormann apparaît ainsi sur de nombreux enregistrements des trois Beatles (à défaut du quatrième, Paul McCartney). Son nom figure aux crédits de disques majeurs : outre Plastic Ono Band et Imagine avec Lennon, All Things Must Pass et Concert for Bangladesh avec Harrison, ou l’album Ringo, on le retrouve sur Walls and Bridges de Lennon (1974), sur Living in the Material World de Harrison (1973), ou encore sur Goodnight Vienna de Ringo (1974). Bassiste polyvalent, il prête également son groove à d’autres artistes de légende croisés au fil des sessions. C’est Klaus, par exemple, qui joue la célèbre ligne de basse de « You’re So Vain » de Carly Simon (1972), l’un des plus grands hits de l’époque. On le voit aussi crédité sur Transformer de Lou Reed (1972), ou aux côtés de géants comme B.B. King, Jerry Lee Lewis et Harry Nilsson, témoignant de la diversité de ses collaborations. Dans l’effervescence des seventies, Voormann mène de front deux carrières : musicien fidèle au service de ses amis et pairs, et graphiste inspiré lorsqu’il range la basse.
Retour en Allemagne : producteur et mémoire vivante du rock
À la fin des années 1970, après plus de quinze ans au cœur de la scène rock anglo-saxonne, Klaus Voormann aspire à un changement de vie. En 1979, à 41 ans, il décide de rentrer en Allemagne. Il s’établit en Bavière et se réinvente producteur de disques (« réalisateur artistique » selon la terminologie française) pour la scène locale. Très vite, son expérience et son oreille font merveille. Au début des années 1980, il prend sous son aile un trio originaire de sa région, un groupe de pop minimaliste baptisé… Trio. Voormann produit les albums de ce groupe qui va devenir l’un des fers de lance de la Neue Deutsche Welle (la nouvelle vague musicale allemande). En 1982, Trio décroche un succès mondial avec l’entêtant « Da Da Da », un tube au gimmick imparable que Klaus Voormann produit et peaufine en studio. Il accompagnera le groupe jusqu’à sa séparation en 1986, produisant ses trois albums studio et même un album live, et restera proche des musiciens : il réalisera encore le premier album solo du chanteur Stephan Remmler en 1986 (jouant de la basse sur certains morceaux) et produira un single du batteur Peter Behrens en 1987. Grâce à Klaus Voormann, la boucle est bouclée : le jeune homme qui avait découvert le rock à Hambourg en 1960 s’impose, vingt ans plus tard, comme un mentor de la pop allemande contemporaine.
S’il se fait plus discret à partir de la fin des années 1980 pour se consacrer à sa famille – il est père de deux enfants nés en 1989 et 1991 et s’installe au bord du lac de Starnberg, près de Munich – Klaus Voormann n’en demeure pas moins une figure vénérée du milieu musical. Au mitan des années 1990, les Beatles font de nouveau appel à lui : Apple Corps lui confie la création des pochettes des trois albums du projet The Beatles Anthology, anthologie exhaustive retraçant la carrière du Fab Four. Avec son complice Alfons Kiefer, Voormann conçoit en 1995-96 un triptyque de pochettes riche en clins d’œil et en collages historiques, prolongeant ainsi son œuvre graphique liée aux Beatles trois décennies après Revolver. En novembre 2002, c’est naturellement qu’il est invité au Concert for George, le concert-hommage donné à Londres pour célébrer la mémoire de George Harrison décédé l’année précédente. Sur la scène du Royal Albert Hall, Klaus reprend sa basse pour accompagner une dernière fois les chansons de son ami. On le voit notamment interpréter « All Things Must Pass » aux côtés de Paul McCartney, Ringo Starr, Eric Clapton et d’autres proches de George, dans un moment chargé d’émotion. « George n’était pas seulement un guitariste d’exception, c’était mon meilleur ami », confie-t-il alors, résumant d’une phrase l’importance de cette amitié nouée quarante ans plus tôt à Hambourg
L’ultime voyage du sideman
En 2009, à plus de 70 ans, Klaus Voormann surprend encore son monde en publiant son premier album solo. Intitulé A Sideman’s Journey – littéralement « Le voyage d’un musicien d’accompagnement » – cet album concept retrace en musique sa formidable épopée en réunissant autour de lui les artistes qu’il a côtoyés. Credité à “Voormann & Friends”, le disque aligne des invités prestigieux : ses vieux complices Paul McCartney et Ringo Starr y jouent aux côtés de Klaus sur de nouvelles versions de classiques comme « My Sweet Lord » ou « All Things Must Pass », l’ex-Cat Stevens Yusuf Islam vient chanter, tout comme Dr. John, le pianiste Jim Keltner ou encore des membres de Manfred Mann. Plus qu’un album, A Sideman’s Journey est un voyage dans le temps, une célébration de la carrière protéiforme de Voormann où chaque piste est un clin d’œil à une étape de sa vie – de la reprise de « You’re Sixteen » (succès de Ringo Starr en 1973) à « Quinn the Eskimo » (clin d’œil au Mighty Quinn de Manfred Mann). Cet aboutissement tardif souligne la modestie du personnage : plutôt que de se mettre en avant, Klaus préfère s’effacer derrière ses amis et influences, offrant un écrin collectif à ses souvenirs de sideman légendaire.
Aujourd’hui octogénaire, Klaus Voormann vit paisiblement en Bavière avec sa femme Christina, loin du tumulte médiatique. Sollicité de temps à autre par les médias et les fans, il témoigne volontiers de ses souvenirs auprès des Beatles et d’une vie passée au cœur de la pop culture. Il a publié en Allemagne un livre de mémoires, Warum spielst du Imagine nicht auf dem weißen Klavier, John? (« Pourquoi ne joues-tu pas Imagine sur le piano blanc, John ? »), où il revient sur ses années 1960-1970 et sur sa complicité avec le groupe de Liverpool. Klaus Voormann demeure ainsi, à 87 ans, une mémoire vivante du rock. De Berlin à Hambourg, de Londres à Los Angeles, il a côtoyé les géants de la musique sans jamais chercher la lumière, préférant mettre son talent au service des autres. Graphiste de génie entré dans l’histoire avec la pochette de Revolver, bassiste fidèle des plus belles heures post-Beatles, producteur éclairé de la scène allemande, il incarne une figure rare : celle de l’ami humble et talentueux, resté dans l’ombre des légendes tout en contribuant largement à écrire la sienne.
