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Ding Dong, Ding Dong : La Mélodie d’un Nouveau Départ pour George Harrison

Publié le 03 mai 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Le 6 décembre 1974, Ding Dong, Ding Dong faisait son apparition dans les bacs britanniques en tant que single extrait de l’album Dark Horse. Un morceau énergique et festif, il s’inscrit dans une période charnière de la carrière de George Harrison, un moment où l’artiste semblait se tourner vers de nouveaux horizons, tant personnels que musicaux. Ce titre, bien que passé inaperçu à l’époque des fêtes, fait aujourd’hui figure de pièce singulière dans l’œuvre de Harrison. Au-delà de sa simplicité apparente, Ding Dong, Ding Dong incarne une réflexion sur les changements à venir, sur l’envie de renouveau, et sur la manière dont la musique peut devenir un moyen d’exprimer ses propres transformations.

Sommaire

Le Contexte de l’Album Dark Horse et de l’Écriture de la Chanson

1974 fut une année complexe pour George Harrison. Il venait de traverser une période de bouleversements personnels et professionnels. En début d’année, il mettait fin à son mariage avec Pattie Boyd, un événement lourd de conséquences pour l’homme et l’artiste. En parallèle, Harrison avait créé son propre label, Dark Horse Records, dans le but de produire des projets musicaux qui lui tenaient à cœur, comme ceux de Ravi Shankar ou du groupe Splinter. Cette période marquait également son retour en studio pour l’enregistrement de Dark Horse, son album solo qui allait refléter de manière significative ses préoccupations personnelles et artistiques.

Dans ce contexte, Ding Dong, Ding Dong se présente comme un morceau de transition. Écrite en quelques minutes, la chanson semble résumer l’envie de Harrison d’effacer les ombres du passé pour célébrer la possibilité d’un futur radieux. La phrase « Ring out the old, ring in the new » (Sonner les cloches, faire sortir l’ancien, faire entrer le neuf) qui apparait dans les paroles vient d’une inscription gravée dans le bois de son manoir de Friar Park, où la chanson fut enregistrée. En la lisant un jour alors qu’il jouait de la guitare près de la cheminée, Harrison réalisa que cette inscription pourrait bien devenir le cœur d’une chanson.

Dans une interview, Harrison confia qu’il avait vécu pendant quatre ans avec ces mots sans avoir réalisé qu’ils pouvaient être la base d’une chanson :

“Ding Dong, Ding Dong a été la chanson que j’ai écrite le plus rapidement. Il m’a fallu trois minutes pour l’écrire, mais cela m’a pris quatre ans de regarder les mots inscrits sur le mur avant de réaliser que c’était une chanson à succès.”

C’est cette prise de conscience qui marque l’émergence du morceau, simple dans son écriture mais profondément symbolique.

L’Approche Musicale : Un Mur du Son à la Mode Harrison

Ding Dong, Ding Dong fut conçu dans une optique de production particulière. Harrison avait en tête une ambiance sonore proche du Wall of Sound, une technique de production inventée par le légendaire Phil Spector. Mais au lieu d’un simple clin d’œil au passé, il chercha à lui donner une touche plus moderne, en y ajoutant des éléments de glam rock, genre en plein essor à l’époque, à l’image des tubes de Noël de groupes comme Slade et Wizzard. La chanson fut donc dotée d’un double kit de batterie et d’une ligne de saxophone qui apportait une énergie festive et dynamique, tout en créant une texture sonore dense et vibrante.

Les enregistrements de Ding Dong, Ding Dong se sont étalés entre novembre 1973 et septembre 1974. Le morceau se construit sur un rythme répétitif et une mélodie entraînante, soutenus par une instrumentation riche. La guitare acoustique de Harrison, la basse de Klaus Voormann, la batterie de Ringo Starr et Jim Keltner, le piano de Gary Wright, et le saxophone de Tom Scott s’entrelacent avec brio, créant une atmosphère joyeuse et euphorique.

Harrison, dans une note adressée à un de ses associés commerciaux, partageait son enthousiasme pour la chanson :

“C’est l’un de ces morceaux répétitifs qui va avoir 20 millions de personnes, avec les nymphomanes du Wall of Sound de Phil Spector, tous faisant des chœurs à la fin de la journée. Ce sera merveilleux. Mais j’apprécierais que vous ne laissiez personne le voler, parce que je veux ce tube pour moi-même.”

Ce désir de faire de Ding Dong, Ding Dong un tube à succès se fait sentir à travers l’énergie et l’optimisme qui se dégagent de la chanson. Mais malgré les attentes élevées de Harrison, la chanson n’aura pas l’impact immédiat qu’il espérait.

La Sortie du Single et l’Accueil Critique

Le single Ding Dong, Ding Dong fut finalement lancé au Royaume-Uni le 6 décembre 1974. Malheureusement, son timing était parfait pour ne pas percer sur le marché de Noël. Bien qu’il atteignît la 38e place des charts britanniques et qu’il passa cinq semaines dans les classements, il n’eut pas le succès qu’Harrison avait envisagé. Aux États-Unis, le single fut publié le 23 décembre 1974, avec Hari’s On Tour (Express) en face B, un titre de Dark Horse. Là aussi, il ne dépassa pas la 36e place, bien qu’il devint populaire lors des fêtes du Nouvel An.

Le titre fut accompagné d’un clip vidéo dans lequel Harrison, vêtu d’un costume gris sans col et jouant de sa guitare Rickenbacker 12 cordes, apportait une touche d’humour et de légèreté. Ce clip, qui marquait également un retour du look Sgt. Pepper’s de Harrison, fut une sorte de clin d’œil à ses racines, tout en soulignant son évolution musicale. Le costume, qui faisait écho à son uniforme psychédélique des années précédentes, rappelait les aspects les plus excentriques de son image publique.

Le Symbole d’un Nouveau Départ Personnel et Artistique

Derrière la simplicité apparente de Ding Dong, Ding Dong, il y a un message de renouveau. Cette chanson, écrite en un instant, porte l’essence de ce moment charnière de la vie de Harrison. Au moment où il lançait son propre label, où il traversait des turbulences personnelles, il semblait vouloir tourner la page, effacer les frustrations et regarder vers l’avenir. Le refrain répétitif, la joyeuse mélodie et l’atmosphère de fête qu’il crée ne sont pas seulement l’expression d’un changement de saison, mais aussi d’un changement de vie.

Harrison avait toujours été fasciné par la dualité de la vie, entre l’ancien et le nouveau, le vrai et le faux. En quelques mots inscrits sur un mur de sa maison, il a trouvé l’inspiration pour une chanson qui allait marquer un tournant dans sa carrière. En dépit de la réception mitigée de la chanson à sa sortie, Ding Dong, Ding Dong reste une œuvre pleine d’espoir, un moment de lumière dans une période de sa vie où le chaos personnel aurait pu l’engloutir.

L’Héritage de Ding Dong, Ding Dong

Si Ding Dong, Ding Dong n’a pas connu un grand succès commercial, il reste néanmoins une chanson significative dans le parcours de George Harrison. Elle illustre parfaitement son esprit d’innovation, sa capacité à mélanger la légèreté et la profondeur, tout en cultivant une approche personnelle de la musique. En rétrospective, ce morceau peut être vu comme un parfait miroir de son époque, mais aussi comme un hymne à la résilience et à l’espoir de renouveau, un thème qui a marqué toute sa carrière.

Au-delà de la fête et de la légèreté qu’il évoque, Ding Dong, Ding Dong symbolise également l’approche sincère et ouverte de Harrison envers la musique, un langage dans lequel il trouvait la liberté de s’exprimer tout en explorant les transformations profondes qui traversaient sa vie personnelle et professionnelle.


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