Plus grand réservoir de biodiversité dans le monde, on l’imagine souvent sauvage, luxuriante et surtout hostile à toute implantation humaine. Autant d’idées reçues que vient bousculer l’exposition « Amazonies » en portant un nouveau regard sur la forêt brésilienne et ses multiples visages en plein coeur de Lyon.
Depuis le 18 avril 2025, c’est un dialogue inédit qui s’est installé au musée des Confluences avec trois villages peuplant cette forêt tropicale. Les Mebêngôkre (Kayapo), les Wayana et Apalaï, sans oublier les Ashaninka. Trois peuples amérindiens aux us et coutumes bien spécifiques, mais qui ont tous contribué à façonner le paysage de l’Amazonie actuelle. Si les premiers signes de vie humaine y remontent jusqu’à 13 000 années avant notre ère, le poumon vert de la planète abrite encore aujourd’hui près de 305 peuples autochtones.
Racontée par ceux qui y habitent

Cette exposition est surtout le fruit d’une collaboration menée étroitement avec les représentants de ces populations, dont on retrouve de nombreux témoignages de la vie sur place à travers 220 objets en vitrine, photographies et vidéos à l’appui. Par leurs savoir-faire, leurs croyances, ou encore leurs techniques agricoles, ils ont su orienter la morphologie des paysages sans jamais altérer le fonctionnement des écosystèmes forestiers.
A partir de 500 ans de notre ère, apparait notamment la technique des champs surélevés pour échapper aux inondations ainsi qu’aux eaux stagnantes. Côté pêche, les Mebêngôkre ont appris à utiliser celle des lianes timbo, qui ne manque pas d’inventivité. Une fois battues dans l’eau, celles-ci libèrent une substance asphyxiante pour le poisson, mais par pour l’Homme. Les Wayana et Apalaï ont quant à eux adopté une plante toxique pour base de leur alimentation : le manioc, qu’ils ont su transformer de multiples façons. Un exemple remarquable de leur capacité à s’approprier leur environnement direct, venant questionner notre propre rapport à la nature.
Un « choc des cultures »

Les ressources de la forêt représentent également des marqueurs identitaires majeurs, comme en témoignent les peintures corporelles réalisées à partir de roucou et de genipa, ou encore les motifs présents sur les vanneries wayana et apalaï, en référence à la forêt ainsi qu’aux récits mythiques propres à chaque village.
Autant de symboles de l’identité amérindienne que ces peuples tentent tant bien que mal de préserver. Face à la mondialisation, aux effets du réchauffement climatique, mais aussi de la ville, qui impactent toutes trois fortement leur territoire.
A la fois immersive et passionnante, c’est une vraie rencontre que signe ici le musée des Confluences avec un peuple que l’on ne connait au final que très peu. Pari réussi donc pour cet établissement se voulant au carrefour des civilisations !
