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Lennon et McCartney : amour caché ou amitié géniale ?

Publié le 07 mai 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Depuis plus d’un demi-siècle, la relation entre John Lennon et Paul McCartney suscite autant d’admiration que d’interrogations. Si leur complicité créative a enfanté les chansons les plus célèbres du XXe siècle, leur intimité, elle, demeure sujette à toutes les interprétations. Certains y voient simplement une amitié fusionnelle, d’autres y lisent les signes d’un amour refoulé. Le duo mythique des Beatles, indissociable dans la mémoire collective, alimente aujourd’hui encore une intense spéculation : et si Lennon et McCartney s’étaient aimés autrement que comme des frères ?

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Une amitié plus forte que les mots

Dès les débuts du groupe, il était clair que John et Paul formaient un tandem à part. Leur alchimie n’était pas seulement musicale : elle transcendait les notes pour se traduire dans une forme d’interdépendance affective, quasi existentielle. En public comme en privé, ils semblaient ne faire qu’un. Chacun finissait les phrases de l’autre. Leurs désaccords créatifs étaient aussi vifs que leurs éclats de rire complices. À Liverpool, dans les coulisses du Cavern Club, dans les avions, les hôtels ou les studios d’Abbey Road, ils formaient le cœur battant des Beatles.

Cette proximité hors norme est souvent décrite, dans les témoignages des proches, comme une relation d’une intensité rare. Ian Leslie, auteur du livre John & Paul: A Love Story in Songs, va plus loin. Dans une interview accordée au New York Post, il affirme : « Ce qui ressemble le plus à leur relation, c’est une romance… tumultueuse, jalouse, tendre, et passionnée. C’est une histoire d’amour. »

Il ne s’agit pas, selon lui, d’une romance au sens charnel, mais d’un attachement émotionnel d’une profondeur inouïe — de ceux qui défient les classifications simples. Un lien aussi fort qu’ambivalent, à la croisée de l’amitié, de l’admiration mutuelle, et peut-être d’un amour qui n’osait pas dire son nom.

La théorie “McLennon” : une romance née dans l’imaginaire collectif

Ceux qui soutiennent cette lecture romantique, parfois désignée sous le nom de “McLennon” sur les réseaux sociaux, s’appuient sur des éléments épars : des lettres où transparaît une forme de tendresse extrême, des déclarations ambiguës, des gestes captés sur scène ou en coulisses, mais aussi des anecdotes plus intimes. Paul McCartney, dans une interview avec GQ, a notamment évoqué une soirée de masturbation collective avec Lennon et d’autres amis. Pour certains, ce simple fait constitue une preuve de familiarité physique inédite, bien que le contexte soit clairement celui d’une expérience adolescente et expérimentale.

Sur les forums et dans les montages vidéo partagés par les fans, chaque regard, chaque sourire échangé entre les deux hommes devient une pièce à conviction. Mais la force de ce phénomène repose moins sur des faits établis que sur une fascination romantique pour un duo mythique. Les fans “shippent” Lennon et McCartney comme on pourrait le faire pour deux personnages de fiction. L’idée qu’ils aient pu s’aimer au-delà de la musique devient une forme de prolongement émotionnel de leur œuvre.

La réponse de McCartney : la tendresse, mais pas d’ambiguïté

Paul McCartney, interrogé sur ces rumeurs, a toujours répondu avec franchise. Dans une déclaration rapportée par NME, il coupe court aux spéculations : « Je ne pense pas que les rumeurs soient vraies. John n’a jamais tenté quoi que ce soit avec moi. J’ai dormi des milliers de fois à ses côtés, je l’ai vu ivre mort en tournée, et c’était toujours avec des femmes. Jamais avec un homme. »

Il n’y a donc, selon lui, rien de romantique ou de sexuel entre eux. Mais cela ne diminue en rien la profondeur du lien qu’ils partageaient. Lennon, comme McCartney, a souvent parlé de leur relation comme d’une “fraternité créative”. Ce qui la rend unique, c’est précisément son intensité émotionnelle sans équivalent dans la pop culture. Deux hommes jeunes, à la fois géniaux et fragiles, s’épaulant dans une explosion de succès planétaire, confrontés à une pression qu’aucun être humain ne devrait porter aussi jeune.

Lennon, Epstein et la zone grise du désir

Pourtant, John Lennon n’a jamais exclu des formes de désir plus ambivalentes dans sa vie. Il a lui-même déclaré à plusieurs reprises avoir entretenu une relation “presque amoureuse” avec Brian Epstein, le manager des Beatles, ouvertement homosexuel. Dans une interview rapportée par Slate, Lennon précise : « C’était presque une histoire d’amour, mais pas tout à fait. Ce n’était pas consommé. Mais c’était intense. »

Cette relation, bien qu’ambiguë, semble avoir marqué Lennon profondément. Mais lorsque, lors d’une soirée en 1963, un DJ du nom de Bob Wooler fait une allusion appuyée à une possible liaison entre Lennon et Epstein, celui-ci entre dans une rage violente. Selon le livre The Love You Make de Peter Brown et Steven Gaines, il faut trois hommes pour séparer Lennon de Wooler, grièvement blessé. Ce déchaînement brutal soulève une question délicate : cette colère ne trahissait-elle pas un refoulement inconfortable, une gêne face à sa propre ambiguïté ?

Quand l’arrivée de Yoko Ono fracture l’idylle créative

Pour Hunter Davies, biographe du groupe, la relation entre Lennon et McCartney se délite lorsque Yoko Ono entre dans la vie de John. Dans son ouvrage The Beatles, il écrit : « John s’éloignait vers un autre univers. Paul, qui avait été jusqu’alors son compagnon, son âme sœur, apparaissait désormais comme conventionnel, presque fade. »

Cette rupture émotionnelle coïncide avec le début des tensions artistiques et personnelles. John se consacre désormais à une nouvelle mission — politique, spirituelle, existentielle — aux côtés de Yoko. Paul, de son côté, reste attaché à la structure du groupe et au langage musical plus classique. C’est l’une des raisons profondes de la séparation des Beatles : un divorce affectif autant que musical.

Au-delà des rumeurs : la complexité d’une relation hors normes

Ce que révèle, en filigrane, cette obsession persistante pour une possible histoire d’amour entre John et Paul, c’est notre difficulté à concevoir qu’un lien aussi fort puisse exister sans sexualité. Nous vivons dans une culture où l’intensité émotionnelle est souvent réduite à une lecture romantique ou sexuelle. Pourtant, ce que les Lennon-McCartney ont partagé dépasse ces cadres. Ils étaient, comme l’a dit un jour Paul lui-même, *« une sorte de couple marié qui ne couchait pas ensemble ». Une formulation éloquente, à la fois tendre et lucide.

Leur duo a incarné une forme d’amour unique, fait de créativité, d’admiration, de rivalité, de jalousie, de réconciliation. Ce que certains appellent “McLennon” n’est pas forcément un fantasme déplacé, mais peut-être la tentative de donner un nom à quelque chose qui échappe aux catégories habituelles.

Une histoire d’amour… platonique mais essentielle

Au final, il n’est pas nécessaire d’imaginer une relation romantique pour comprendre l’importance que John et Paul avaient l’un pour l’autre. Leur histoire est celle d’un amour fraternel, passionné, parfois destructeur, toujours sincère. Une relation si intense qu’elle continue, aujourd’hui encore, de nourrir l’imaginaire collectif.

Qu’ils aient été amants ou simplement deux âmes liées par une destinée commune, leur duo reste l’un des plus beaux mystères de l’histoire du rock. Et peut-être faut-il accepter qu’il demeure ainsi : un mystère sans réponse définitive, mais avec des chansons comme preuves éternelles.


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