La saignee

de Cédric Sire

Thriller - 550 pages

Editions Fayard noir - octobre 2021 

Editions Livre de poche - août 2022

Estel Rochand a dû quitter la police après une bavure, elle est maintenant garde du corps, et valorise ainsi ses capacités de championne de boxe. Son couple bat de l'aile, elle est parfois sujette à des excès de violence, mais elle s'accroche à son job, au service d'hommes d'affaires peu scrupuleux. Pendant ce temps, le policier Quentin Falconnier enquête sur des crimes perpétrés et diffusés en direct sur le Dark Web, un réseau très fermé qui permet à des voyeurs de torturer à mort à distance, moyennant une belle somme de bitcoins. 

Ce thriller aux chapitres courts s'enchaîne, se dévore avec une terreur bien entretenue. Les mésaventures d'Estel, manipulée par ses employeurs, frappée par ses ennemis, incomprise par son copain, donnent peu d'espoirs et le personnage s'enfonce dans ses secrets et ses mensonges.

De l'autre côté, l'enquête patine, les services de cybercriminalité n'ont que rarement un coup d'avance. Mais des jeunes femmes disparaissent, et enfin on retrouve quelques images et une mauvaise vidéo. Peu à peu le lecteur saura faire le lien entre l'entourage d'Estel Rochand et la sphère vicieuse qui gravite autour de la red room.

Extrait :

"L’écran noir s’estompe pour céder place au rouge obsédant des murs.

Désormais, une jeune femme est apparue au centre de la pièce, attachée sur un fauteuil médical. Tout indique qu’elle a été droguée : ses yeux mi-clos, le filet de bave sur son menton. Elle dodeline de la tête au ralenti, de droite à gauche, et respire au rythme rapide de la terreur, qui fait se soulever sa poitrine. Malgré la mauvaise définition du stream, l’homme peut la voir forcer sur les sangles qui l’entravent. Il distingue ses larmes, et même ses tétons sous le tissu de la chemise mouillée de sueur. Il sent une érection qui gonfle dans son pantalon. Irrépressible, à l’idée de ce qui va suivre."

Il y a bien longtemps que je n'avais pas lu de thriller, de roman saignant. J'ai été servie. Contrairement à une Lisbeth Salander (Millénium) talentueuse mais atypique, Estel Rochand ne provoque pas assez d'empathie, elle est détestable par plusieurs aspects (mensonges, arrêt des soins, violence). Le dénouement était peut-être un peu long, mais le récit m'a tenue en haleine. 

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