Pas sûre que ce soit la fin, mais… ce fichu métro, question bouquins, m’en fait vraiment voir de toutes les couleurs.
Aujourd’hui mon tournage se finit tôt - vers 18h, incroyable. A force de vivre en horaires décalés, j’avais oublié que l’heure de pointe, c’est précisément 18h et que sur la ligne 13 parisienne, “heure de pointe” signifie : vaste bagarre de Gaulois sans potion magique. Caméra et compagnie en bandoulière, je m’installe tant bien que mal sur un fauteuil et je manque de perdre l’équilibre douze fois. La RATP se fout comme d’une guigne de savoir si l’on n’a pas les genoux qui s’entrechoquent avec ceux du voisin d’en face. Elle se demande encore moins si les strapontins, lorsqu’on les rabat, n’envoient pas valser la personne assise derrière eux contre le mur d’en face. Quant au bruit… Un type qui fait la manche dans le métro, de nos jours, se munit d’un groupe électrogène et d’amplis dignes de Rock en Seine pour faire entendre son accordéon.
Installée, donc, j’écoute dans mon Ipod du vieux punk rock berlinois chanté par le groupe Malaria (ce nom…). Et je suis transportée, aussitôt, dans des régions infiniment plus clémentes - il faut que je vous le dise, le métro de Berlin* est un paradis parfumé et tout empli de sons merveilleusement doux à côté du métro parisien. Donc, au milieu de la foule compacte, je trouve un peu de respiration. Quand s’abat sur moi un avion de chasse en chute libre, un grand bout de bonne femme tout en angles, qui s’assied, je vous le donne en mille, non pas sur le siège libre, mais sur la sacoche de ma caméra. Terrifiée, je récupère au lasso le précieux outil. La grande nana ne voit rien, elle fait gicler un petit bouquin de sa poche, l’ouvre à une page comme si elle n’attendait que ça depuis vingt minutes. Cela doit être bien passionnant pour qu’elle se jette sur son livre de cette façon, me dis-je en mon for intérieur**.
Quel livre peut bien, cette saison, passionner les gens au point qu’ils se jettent dessus pour le lire en pleine heure de pointe? Je pense au dernier bouquin de Catherine Millet, à celui d’Angot qui lui fait plus ou moins concurrence dans le sexo-cracra, à Millenium, à Harry Potter, à un polar, voire, au pire, à un exemplaire de la collection Harlequin… Tout de go***, je glisse un œil. Vous ne devinerez jamais le titre du chapitre que lisait la gente dame.
“Comment crée-t-on les blagues Carambar?”
*Si vous le réclamez, je vous montrerai le métro de Berlin, je l’ai filmé. Une balade sur rail dans le Berlin aérien?
**Tentative de récupération d’expression désuète n°1
***Tentative de récupération d’expression désuète n°2