de Mikhaël Allouche et Ana Waalder
Bande dessinée - 170 pages
Éditions Seuil - avril 2025
M. Gouevo est un homme sans mémoire et sans visage. Mais un jour, il se lance dans un travail de mémoire familiale, il cherche à connaître le passé de sa famille et ses ancêtres quand sa mère a coupé les ponts avec les souvenirs sombres. Pour guérir de la Shoah, il va devoir chercher lui-même son héritage, les traces du passé chez l'oncle, la tante, les membres éloignés. Alors il pourra reconstituer un début de puzzle. Avec les survivants et les disparus. Et repenser aussi la vie d'avant la Shoah.
Gouevo pour œuf dans la langue judéo-andalouse. Une tête d'œuf sans yeux ni oreilles, un homme sourd et aveugle à son histoire. Comme le symbole de la 3e génération des survivants de la Shoah ?

L'album, édité en partenariat avec le Mémorial de la Shoah, est très coloré, très lumineux. Il est aussi un peu bordélique, passant de l'un à l'autre, de témoignage en encart historique. Il y a dans cet ouvrage une volonté de témoigner et d'informer sur l'Histoire. Et on n'est jamais trop informé. Il y a également des débats contemporains qui s'immiscent dans la recherche des mots pour décrire ce qui fut, pour inscrire le tragique d'un destin de proche dans la grande Histoire. Il y a le procès de l'utilisation du terme anti-sionniste, de celui de génocide envers les gazaouis. Il y a ceux qui refusent la victimisation et ceux qui veulent un devoir d'Histoire.
M. Gouevo nous entraîne dans une enquête au sein des archives photographiques ou documentaires, familiales ou institutionnelles. C'est également un voyage intergénérationnel et géographique.
Ca a l'allure d'une autobiographie, c'est habilement construit pour ça. On a vraiment l'impression qu'ont existé le grand-père Raphaël, Cherika, Khanoum... Ils sont là malgré tout ce qu'ils taisent. Malgré souvent les noms écorchés ou mal retranscrits par les autorités de l'occupation, rendant quasi impossibles certaines recherches. Malgré tout, je n'ai pas beaucoup accroché à cette lecture, que j'ai trouvée trop dispersée. Peut-être faudra-t-il que je m'y replonge un jour.
L'avis d'Aurélie - Des mots pour toujours


