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Virginie Grimaldi – Les Heures fragiles

Par Yvantilleuil

Virginie Grimaldi Heures fragilesJe suis persuadé que Virginie Grimaldi souffre d’insomnies depuis la parution de ce dernier roman consacré à l’amour maternel et aux relations mère-fille, se demandant certainement s’il parviendra également à toucher son (gigantesque) lectorat masculin. Je vais donc immédiatement rassurer l’autrice… elle peut en effet dormir sur ses deux oreilles car le papa que je suis a inévitablement été touché par cette histoire qui explore les tréfonds de la santé mentale de nos adolescents.

Construit sur une double narration, « Les Heures fragiles » dresse d’une part le portrait de Diane, une mère poule dont le monde vacille lorsqu’elle découvre l’ampleur du mal-être de sa fille. Il relate d’autre part les heures fragiles de Lou, une adolescente de seize ans confrontée à des crises d’angoisse, à un chagrin d’amour et à des pensées sombres… qu’elle enveloppe de silence pour ne pas inquiéter sa mère.

Au fil des pages, Virginie Grimaldi lève donc le voile sur cette souffrance invisible qui accompagne nos enfants. Derrière leurs changements d’humeur imprévisibles et leur isolement social se dissimule parfois un mal-être silencieux, difficilement décelable, que l’autrice explore et met à jour avec énormément de pudeur et beaucoup de délicatesse. Une couche inévitablement plus sombre, qu’elle gratte cependant avec les armes qui font sont succès et qui réchauffent à chaque fois nos cœurs : une bonne dose de tendresse, des répliques farcies d’humour et des personnages lumineux.

« Si je me sens heureuse : je sais pas. Je sais plus. Avant, je me posais jamais la question. Je ressens souvent un vide immense, comme un gouffre dans mon ventre. J’ai plus goût à rien. L’autre soir, chez mon père, je me suis fait peur. En regardant par la fenêtre, j’ai eu envie de sauter. Mais genre, vraiment envie. Et ça m’a fait du bien de savoir que c’était possible. »

Un roman que l’on qualifiera donc de « Feel Good », mais qui explore surtout le « Feel Bad » de nos adolescents, ces douleurs invisibles que l’on ne soigne malheureusement plus avec un petit sparadrap Mickey Mouse, mais en tendant la main, comme Virginie Grimaldi le fait avec ce roman, en montrant à ceux qui se battent quotidiennement avec leurs douleurs invisibles qu’ils ne sont pas seuls…

Les Heures fragiles, Virginie Grimaldi, Flammarion, 336 p., 20,90€

Elles/ils en parlant également : Aude, Culture VSNews, Petite étoile livresque


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