La nuit étoilée de Van Gogh (1889)
La nuit étoilée
« Cela n’empêche que j’ai un besoin terrible de
– dirai je le mot – religion,
alors je vais la nuit dehors pour peindre les étoiles. »
Vincent Van Gogh dans une lettre à son frère
La ville n’existe pas
excepté là où un arbre à chevelure noire se glisse
et s’élève comme une noyée dans le ciel chaud.
La ville est silencieuse. La nuit bouillonne avec onze étoiles.
Oh, nuit étoilée, si étoilée ! C’est ainsi que
je veux mourir.
Ça bouge. Elles sont toutes vivantes.
Même la lune enfle dans ses fers orange
pour pousser les enfants, comme un dieu, hors de son œil.
Le vieux serpent, passant inaperçu, engloutit les étoiles.
Oh, nuit étoilée, si étoilée ! C’est ainsi que
je veux mourir :
à l’intérieur de cette bête surgissant dans la nuit,
aspirée par ce grand dragon, pour me séparer
de ma vie avec ni drapeau,
ni ventre,
ni cri.
(Anne Sexton, traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Michel Corne)
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La poète américaine Anne Sexton (1928-1974), auteure de « Tu vis ou tu meurs« , partage quelques points communs avec Vincent Van Gogh (1853-1890), comme le fait d’avoir séjourné dans des asiles psychiatriques, d’y avoir créé des œuvres artistiques, et de s’être suicidés relativement jeunes (37 et 46 ans). Anne Sexton ressentait sans doute cette proximité particulière en regardant « La nuit étoilée« , peinte par l’artiste depuis sa chambre de l’asile du monastère Saint-Paul-de-Mausole, conservée depuis 1941 au Moma de New York (donc déjà du temps d’Anne Sexton).
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