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Le fils de l'homme

Publié le 01 juin 2025 par Lorraine De Chezlo
fils l'hommede Jean-Baptiste Del Amo

Roman - 240 pages

Editions Gallimard - août 2021

Editions poche Folio - mars 2023

Prix du Roman Fnac - 2021

Une femme, un homme et un garçon progressent difficilement dans un paysage hostile en vue d'une maison isolée, aux Roches où continuer l'été, ou bien le reste de leur vie... Des années auparavant, le garçon assistait à l'arrivée d'un inconnu hirsute et sans gêne qui allait demander à voir la mère, annoncer au garçon qu'il était son père, et s'installer dans la chambre à l'étage. Après le choc, il faudra au garçon apprivoiser la nouvelle cohabitation dans a maison "familiale", la violence sourde de l'homme, les passions et les ressentiments qui unissent les deux adultes. Et comprendre ces êtres meurtris lourds de secrets.

Tout d'abord, démarrer une phrase de la plume de Jean-Baptiste Del Amo c'est se laisser emporter par un torrent de mots ciselés, par des descriptions minutieuses de toute action, toute réaction, toute forme de vie. Il y a chez lui une volonté ou une capacité tranquille à disséquer les moindres choses avec des phrases virtuoses. J'ai été subjuguée. 

J'ai visualisé un peu comme dans La Route de Cormac Mac Carthy mise en dessins par Manu Larcenet cette avancée silencieuse et inquiétante.

Extrait :

"L'horizon est lourd de brume, la montagne alentour détrempée par l'humidité de la nuit. Les pierres sont noires, luisantes, elles affleurent à la surface comme la carapace de quelque bête enfouie dans un profond sommeil, ou comme si la montagne tout entière n'était elle-même qu'une immense créature assoupie, sur le dos de laquelle l'enfant cheminerait.

La crête brune des arbres se perd dans le brouillard et tout semble feutré : le pépiement des merles dans les bosquets lugubres, la lueur du jour, monotone sous la gaze occultant le ciel."

Prisonniers des liens qui unissent l'enfant et les parents, on peut étouffer. Et d'ailleurs, l'ombre au tableau, la menace vient de l'extérieur, de ce Tony, ce faux frère, ce perturbateur, ce seul personnage étranger au trio... Au-delà de camper une ambiance survivaliste, en autarcie, de prendre le parti pris du regard de l'enfant, il y a davantage. On tremble en réalisant le poids d'un héritage de folie, des comportements toxiques de prédateurs répandant leur lot de terreur et d'emprise.

Terrifiant et somptueux.

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