Israël / palestine : anatomie d'un conflit

de Thomas Snégaroff et Vincent Lemire

Essai - 120 pages

Éditions Les Arènes - avril 2024

Les attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023 marquent à jamais un jour d’horreur et de sidération. L’Après a plongé le monde dans un spectacle désolant d’impuissance et de retours des haines mortelles. Pour tenter de comprendre ces impasses du présent, un retour vers le passé peut donner un certain éclairage, sans malheureusement donner plus de lumière au futur... Vagues de pogroms dans l’Empire russe dès 1881, Affaire Dreyfus, échanges entre Theodor Herzl (penseur d’un État juif à l’heure de l’Empire Ottoman) et Yussuf Ziya al-Khalidi (ancien maire de Jérusalem inquiet pour l’utopie sioniste), Première Guerre Mondiale, chute de l’empire Ottoman et mandat  britannique sur la Palestine, promesses trahies et révoltes arabes, 1e Intifada de 1936-1939. Après la seconde guerre mondiale et la libération des camps d’extermination nazis, scandale du navire de réfugiés Exodus 1947, l’année 1948 marque une précipitation dans la chronologie des événements : fin du mandat britannique, déclaration d’indépendance d’Israël, 1e exode palestinien (la Nakba) avec le début de la guerre israélo -arabe. Le monde arabe est secoué et les influences se marquent, entre Jordanie, Égypte, Russie, Syrie… tandis que le territoire de Palestine et la ville de Jérusalem sont partagés par la ligne verte. 1967 marque à nouveau le temps des guerres à commencer par celle des Six Jours puis la guerre du Kippour (1973), le massacre des réfugiés palestiniens des camps de Sabra et Chatila (1982) et l’Intifada des pierres (1987-1993). Des guerres ouvertes pour forcer les négociations de paix ? 

Il y eu des accords, un processus, des photos de mains serrées, des prix Nobel décernés, mais comme hors sol, gérés avec les diasporas, quand les révoltes, la colonisation et les radicalisations internes ne faisaient que croître. Entre une extrême-droite israélienne puissante et un Hamas islamiste de plus en plus populaire, les années 2000 allaient conduire ces territoires vers le chaos.

Extrait :

"En fait, c'est l'intifada elle-même qui conduit au processus de paix. D'un point de vue occidental, « processus de paix » et « intifada » sont considérés comme deux phénomènes antinomiques. Mais ce n'est pas le cas pour les Palestiniens. Pour eux, un soulèvement populaire est un moyen de créer un rapport de force favorable, en vue de négocier ensuite avec les Israéliens."

A travers 50 questions reprises du podcast de France Inter, que je n’ai pas écouté, les auteurs reviennent en textes et en images (cartographies d’Alizée de Pin et Delphine Papin) sur plus de deux siècles d’Histoire qui ont façonné et ébranlé cette région du Proche-Orient.

Très pédagogique, avec de nombreuses infographies, d’extraits de discours et de documents de référence, des cartes légendées, des biographies et chronologies, l’ouvrage atteint son but. On est plongé dans ce vertigineux tourbillon de l’Histoire dont les cris répétés font encore sentir leur écho. Pour les auteurs qui sous-titrent « Le fossé n’a jamais été aussi profond entre les deux camps » ou encore « Deux peuples pour une même terre ou l’histoire d’une cohabitation impossible ? », l’heure n’est pas vraiment à l’optimisme…

L'avis d'Alexandre - GrégoireDeTours

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