Sorti en 1997, Flaming Pie marque le retour en grâce de Paul McCartney, inspiré par le projet Anthology. Entre rock, folk et ballades orchestrales, l’album reflète une maturité artistique touchante, nourrie par des collaborations prestigieuses et une touche familiale émouvante. Réédité en 2020, il est désormais considéré comme l’un des sommets de sa carrière solo.
En mai 1997, Paul McCartney sort Flaming Pie, son dixième album solo depuis la séparation des Beatles. Cet album marque le grand retour de McCartney après une absence de quatre ans sur la scène pop, due en grande partie à son implication totale dans le projet Anthology des Beatles entre 1994 et 1996. Anthology fut un vaste chantier multimédia (trois doubles albums d’archives, une série documentaire et un livre) réunissant les trois Beatles survivants et Yoko Ono pour célébrer et compléter l’héritage du groupe. Plongé dans ses souvenirs durant ce projet, McCartney retrouve le souffle créatif de sa jeunesse : « [Anthology] m’a rappelé les standards des Beatles et le niveau que nous atteignions avec nos chansons. En un sens, ce fut un cours de remise à niveau qui a servi de cadre à cet album » confie-t-il alors. Fort de cette redécouverte de ses propres classiques, il aborde Flaming Pie avec l’ambition déclarée de renouer avec la spontanéité et la qualité d’antan.
L’époque de Flaming Pie est également marquée par le contexte musical des années 1990. La vague Britpop déferle sur le Royaume-Uni, portée par des groupes comme Oasis qui revendiquent bruyamment l’influence des Beatles – mais plutôt du côté de John Lennon. Sur le plan personnel, McCartney traverse une période contrastée. Son album précédent Off the Ground (1993) n’a pas égalé le succès artistique et commercial de Flowers in the Dirt (1989), ce qui l’a amené à se remettre en question. En même temps, la santé de son épouse Linda McCartney se détériore : atteinte d’un cancer du sein, Linda décédera en avril 1998 à 56 ans. Elle participe cependant activement à Flaming Pie, notamment aux chœurs du morceau final « Great Day », tandis que la ballade délicate « Somedays » lui est dédiée. Ainsi, Flaming Pie s’inscrit dans un contexte émotionnel particulier : c’est l’ultime album enregistré du vivant de Linda, empreint d’une atmosphère familiale et sereine avant la tragédie à venir.
Vis-à-vis de sa carrière, Paul McCartney aborde ce projet à 54 ans (il fête ses 55 ans en juin 1997) avec la sagesse acquise et le désir de prouver qu’il peut encore se hisser au niveau de son glorieux passé. D’ailleurs, il a dissous le groupe qui l’accompagnait au début des années 90 afin de travailler différemment. Flaming Pie est donc pensé dans un esprit de retour aux sources, à l’image de la fameuse White Album des Beatles qui prônait la simplicité après les prouesses studio de Sgt. Pepper. Le titre de l’album lui-même est un clin d’œil à l’humour surréaliste des Beatles : Flaming Pie (« tarte flamboyante ») est tiré d’une blague de John Lennon, qui racontait qu’un homme en tarte enflammée lui était apparu en vision pour baptiser The Beatles. Cette référence farfelue annonce le ton léger et décomplexé de l’album. En somme, à l’aube de Flaming Pie, Paul McCartney est un artiste régénéré par le regard rétrospectif sur les Beatles et prêt à livrer ce qui sera considéré comme l’un de ses meilleurs disques des années 90, voire de sa carrière solo.
Sommaire
- Enregistrement et production de Flaming Pie
- Analyse chanson par chanson
- 1. « The Song We Were Singing »
- 2. « The World Tonight »
- 3. « If You Wanna »
- 4. « Somedays »
- 5. « Young Boy »
- 6. « Calico Skies »
- 7. « Flaming Pie »
- 8. « Heaven on a Sunday »
- 9. « Used to Be Bad »
- 10. « Souvenir »
- 11. « Little Willow »
- 12. « Really Love You »
- 13. « Beautiful Night »
- 14. « Great Day »
- Réception critique et place dans la discographie
- La réédition deluxe de 2020 : bonus et redécouverte
Enregistrement et production de Flaming Pie
Le travail sur Flaming Pie s’étale sur près de deux ans, de 1995 à début 1997. Profitant des pauses durant Anthology, McCartney compose et enregistre par intermittence dans son studio personnel (The Mill, dans le Sussex) ainsi qu’aux États-Unis. Dès février 1995, il s’associe avec Jeff Lynne – leader d’Electric Light Orchestra et grand fan des Beatles – que George Harrison lui avait présenté lors des sessions Anthology (Lynne avait coproduit les inédits « Free as a Bird » et « Real Love »). Ensemble, ils visent une production “pure et simple, sans arrangements sophistiqués”, privilégiant des enregistrements spontanés. McCartney enregistrera ainsi la majorité des pistes en jouant lui-même presque tous les instruments (guitares, basse, pianos, claviers, batterie, percussions, etc.), retrouvant son rôle d’« homme-orchestre » comme sur son tout premier album solo de 1970. L’approche est artisanale et humble, une patine faite maison qui sied bien à ce disque et contribuera à son charme intemporel.
Pour autant, Paul s’entoure également de proches et d’invités prestigieux qui apportent chacun leur touche. Le producteur Jeff Lynne co-réalise environ la moitié des titres et ajoute notamment ses harmonies vocales et guitares reconnaissables. La légende George Martin, dernier complice du temps des Beatles, est sollicitée pour écrire les somptueux arrangements de cordes sur « Somedays » et « Beautiful Night », et il co-produit même le morceau de clôture « Great Day ». Le guitariste américain Steve Miller, ami de longue date, participe à quelques sessions aux États-Unis : c’est chez lui, dans l’Idaho, que naît en février 1995 la chanson « Young Boy ». En mai de la même année, Miller rejoint McCartney dans le Sussex pour enregistrer la chanson enjouée « If You Wanna » – un road song entraînant – et le blues improvisé « Used to Be Bad », une jam session chaleureuse où Miller chante et joue de la guitare en duo avec Paul. Ces collaborations avec Miller, sans être les sommets du disque, offrent à McCartney l’occasion de jouer entre pairs de sa génération et d’explorer une facette blues-rock décontractée.
Un autre complice de choix est Ringo Starr en personne. L’ancien batteur des Beatles rejoint Paul en mai 1996 pour retravailler « Beautiful Night », une ballade que McCartney avait écrite une dizaine d’années plus tôt et qu’il rêvait d’enregistrer avec son ami. Cette session se déroule comme au bon vieux temps : « Cela faisait des années que je disais à Ringo que ce serait génial de faire quelque chose ensemble… Jeff Lynne a suggéré une nuit “pourquoi ne pas inviter Ringo ?” et j’ai dit “OK !”… J’ai ressorti Beautiful Night, que j’adorais sans avoir la bonne version, et dès que Ringo est arrivé, c’était comme au bon vieux temps » racontera Paul plus tard. L’alchimie est telle qu’après « Beautiful Night », McCartney, Lynne et Starr improvisent une pièce rock brut de décoffrage, « Really Love You », qui deviendra le premier titre officiellement co-écrit par McCartney et Starr. Ringo prête également sa voix et sa batterie sur d’autres enregistrements de l’époque, notamment la face B musclée « Looking for You » sortie en single.
Parmi les autres contributions familiales, il faut noter la présence du jeune James McCartney (19 ans à l’époque) qui gratifie son père d’un solo de guitare électrique vibrant sur « Heaven on a Sunday ». Quant à Linda McCartney, elle est partout en coulisses – elle photographie la pochette de l’album et son style « arty » – et au micro pour enrichir de ses harmonies vocales les chansons, en particulier sur « Great Day » où son timbre discret apporte une touche de douceur nostalgique.
Les séances d’enregistrement s’échelonnent ainsi jusqu’en février 1997, lorsque les derniers ajouts sont effectués (l’orchestre de George Martin sur « Beautiful Night » enregistré à Abbey Road le 14 février 1997). Deux chansons acoustiques, « Calico Skies » et « Great Day », avaient en fait été mises en boîte dès septembre 1992 avec George Martin, bien avant que l’album ne prenne forme. Ces titres « retour du feu de camp » enregistrés en un après-midi illustrent la spontanéité du projet : Paul les avait gardés en réserve, en attendant le bon écrin pour les publier. Finalement, Flaming Pie est fin prêt pour le printemps 1997. Il sort le 5 mai 1997 au Royaume-Uni (et le 20 mai aux États-Unis). L’album est accueilli avec enthousiasme : c’est la meilleure réception critique d’un disque de McCartney depuis Tug of War en 1982. La presse salue un Paul McCartney en verve, inspiré par un retour aux fondamentaux, et le public répond présent – l’album entre directement n°2 des charts des deux côtés de l’Atlantique (battu de justesse par les Spice Girls au Royaume-Uni). Avec plus de 2 millions d’exemplaires vendus dans le monde et même une nomination aux Grammy Awards 1998 pour l’Album de l’année, Flaming Pie s’impose comme le plus grand succès de McCartney dans les années 90.
Analyse chanson par chanson
L’album Flaming Pie comporte 14 titres aux styles variés, témoignant de l’éclectisme de McCartney et de sa fraîcheur d’inspiration retrouvée. Tour à tour rock vintage, ballades intimistes ou jams décontractés, ces chansons forment un ensemble cohérent que beaucoup considèrent comme l’un des plus homogènes de sa discographie solo. Voici une analyse piste par piste :
1. « The Song We Were Singing »
Dès l’ouverture, McCartney installe une ambiance intimiste et nostalgique. Sur un tempo modéré en mesure 3/4 façon valse, « The Song We Were Singing » évoque les veillées musicales et philosophiques de sa jeunesse. Paul y fait référence à ces moments passés à « refaire le monde en discutant de la vie toute la nuit, un verre à la main » – allusion transparente à l’époque où lui et John Lennon, jeunes idéalistes, fumaient quelques joints et parlaient de tout et de rien pendant des heures. Musicalement, le morceau est porté par une ligne de basse ronde et une guitare acoustique chaleureuse, agrémenté de touches d’harmonium qui lui donnent un parfum rétro. Cette chanson introspective, à la mélodie enjouée, a pu être perçue par certains critiques comme un regard auto-complaisant sur le passé (“boomer reminiscence” selon Rolling Stone qui jugea le titre un brin narcissique). Néanmoins, elle pose le décor d’un album où McCartney assume pleinement son héritage, avec tendresse et sans cynisme.
2. « The World Tonight »
Le deuxième titre, sorti d’ailleurs en single, est un rock énergique et accrocheur. « The World Tonight » voit McCartney épaulé par Jeff Lynne à la production, qui lui donne un son dense rappelant par moments l’ambiance d’Electric Light Orchestra (guitares acoustiques rythmiques appuyées, harmonies vocales en couches). Paul chante avec vigueur une forme d’urgence du présent : “I go back so far, I’m in front of me” (« Je replonge si loin en moi que je me retrouve devant moi-même »), clame-t-il, suggérant qu’en explorant son passé il parvient à se renouveler pour l’avenir. Le texte, volontairement énigmatique, semble évoquer le fait de garder les yeux ouverts sur le monde actuel tout en ayant le recul de l’expérience. La rythmique est entraînante, portée par une batterie appuyée et des riffs de guitare électriques qui confèrent au morceau une intensité maîtrisée. Hymne rock intemporel, « The World Tonight » démontre que McCartney, à 55 ans, sait toujours concocter de la pop musclée de haute volée.
3. « If You Wanna »
Changement d’atmosphère avec « If You Wanna », une piste au parfum de road-trip américain. Co-enregistrée avec Steve Miller, la chanson offre un rock léger, bâti sur un rythme chaloupé idéal pour la route. McCartney l’a décrite comme une simple « chanson de voyage » (« road song »), sans prétention autre que de donner envie de prendre la voiture et de filer vers le soleil. La guitare électrique de Miller dialogue avec celle de Paul dans un style très americana, tandis que la basse joue en walking bass discrète. Bien que mélodiquement moins marquante que d’autres titres de l’album, « If You Wanna » séduit par sa simplicité enjouée et son refrain facile à reprendre. Elle apporte une touche de décontraction et sert d’intermède plaisant, même si les critiques la considèrent souvent comme une pièce mineure de l’album – un petit plaisir sans conséquence au milieu de chansons plus ambitieuses.
4. « Somedays »
Avec « Somedays », Paul McCartney livre l’une des ballades les plus émouvantes de Flaming Pie. Écrite en 1994 lors d’un trajet accompagnant Linda à une séance photo dans le Kent, la chanson est une déclaration d’amour pudique à sa femme. Les paroles, tendres et introspectives, oscillent entre gratitude et vulnérabilité : “Some days I look at you with eyes that shine / Some days I don’t believe that you are mine” (« Il y a des jours où je te regarde avec des yeux brillants / Certains jours je n’arrive pas à croire que tu sois mienne ») confie Paul, conscient de la préciosité de chaque instant. L’arrangement musical, d’une grande délicatesse, met en valeur la voix feutrée de McCartney accompagnée d’une guitare acoustique fingerpicking. Soudain, au détour du second couplet, entre en scène un quatuor à cordes somptueux, arrangé par George Martin en personne. Ces cordes apportent une profondeur poignante sans jamais alourdir le propos. « Somedays » dure à peine plus de 4 minutes, mais dégage une intensité sincère, d’autant plus touchante que Linda y est omniprésente en filigrane (Paul lui a dédié la chanson, connaissant la gravité de sa maladie). Beaucoup voient dans « Somedays » un écho à la veine de Yesterday ou Calico Skies, ces ballades intemporelles où McCartney excelle dans l’art de l’émotion simple et universelle.
5. « Young Boy »
Premier single extrait de l’album au printemps 1997, « Young Boy » est un morceau pop-rock frais et entraînant qui rappelle que McCartney n’a rien perdu de son talent mélodique. Composée en août 1994 « sur le coin de la table de la cuisine tandis que Linda préparait le déjeuner », la chanson adopte le point de vue d’un jeune garçon à qui l’on donne des conseils pour aborder la vie et l’amour. Sur un tempo medium, Paul joue une guitare acoustique rythmique enlevée, bientôt rejoint par les interventions éclatantes de la guitare électrique de Steve Miller, dont le style bluesy seventies se marie étonnamment bien à l’univers de McCartney. Le refrain est irrésistible avec ses “la-la-la” en chœur et sa progression d’accords ensoleillée. Critiques et fans ont souligné le parfum Beatles qui se dégage de « Young Boy » : on y retrouve l’insouciance mélodique des années 60, dans une production pourtant moderne pour l’époque. Un observateur y voit même un pont entre « l’aisance pop de A Hard Day’s Night et les ambitions lyriques de Rubber Soul, teinté de la patte rock de Miller ». Sans être révolutionnaire, « Young Boy » est une réussite qui illustre la capacité de Paul à écrire des titres pop intemporels, capables de plaire aux nouvelles générations tout en satisfaisant les aficionados de la première heure.
6. « Calico Skies »
Enregistré en solo acoustique, « Calico Skies » est un bijou de folk intimiste qui figure parmi les moments forts de l’album. McCartney l’a composée en 1991 aux États-Unis, alors qu’un ouragan (Hurricane Bob) l’obligeait à s’éclairer à la bougie dans sa maison de Long Island. Inspiré par cette expérience hors du temps, il en a tiré une ballade épurée, portée par une guitare acoustique en arpèges délicats. La chanson, captée en une prise en 1992 avec uniquement Paul et sa guitare, dégage une sérénité et une gratitude profondes. Les paroles célèbrent l’amour et la chance d’être en vie sous « ces cieux d’antan » (“calico skies”) tout en rejetant la folie belliqueuse du monde moderne : “Thank God he sent those bombs to us, we’d otherwise be dead”, chante-t-il ironiquement, avant de conclure “I will hold you for as long as it takes / This love is beautiful”. On y décèle un message pacifiste et humaniste, Paul exprimant le soulagement de ne pas avoir eu à porter « toutes les armes de la guerre que nous méprisons ». Musicien solitaire sur ce morceau, McCartney rappelle ses travaux acoustiques de McCartney (1970) ou Blackbird (1968), avec ce style fingerstyle limpide et cette voix douce. Le Monde voit en « Calico Skies » une ballade dans la veine de « Blackbird », soulignant sa beauté dépouillée et intemporelle. C’est en effet une chanson qui, par sa simplicité élégante, s’inscrit parmi les plus belles réussites de l’album et de son auteur.
7. « Flaming Pie »
La chanson-titre est un clin d’œil espiègle aux racines rock ‘n’ roll de McCartney et à l’humour des Beatles. « Flaming Pie » se présente comme un boogie-woogie endiablé, enregistré en une session éclair de quatre heures. Paul s’y amuse comme un petit fou, martelant son piano comme il le faisait sur « Lady Madonna » à l’époque. Le morceau est d’ailleurs construit dans un style très fifties, avec un piano honky-tonk, une rythmique swing et des chœurs doo-wop en arrière-plan. Côté paroles, McCartney renoue avec un surréalisme facétieux digne de Lennon : “I took my brains out and stretched ’em on the rack, now I’m not the man you think I am” (« J’ai retiré mon cerveau et l’ai étiré au supplice, désormais je ne suis plus l’homme que vous croyez ») clame-t-il, avant de se proclamer lui-même « l’homme sur la tarte enflammée ». Ces images loufoques font écho à la fameuse histoire de la tarte flamboyante qui a donné son nom à l’album. Musicalement, « Flaming Pie » est volontairement simple et direct, presque garage dans l’esprit. Certains y verront un morceau mineur de l’album, un petit délire sans grande portée, mais son énergie communicative et son second degré en font un excellent intermède. Il rappelle que McCartney sait aussi ne pas se prendre au sérieux et offrir un rock exubérant et fun, comme une récréation au milieu de compositions plus sérieuses.
Pochette de l’album Flaming Pie (1997). La couverture, photographiée par Linda McCartney, reflète l’esprit de l’album : un Paul McCartney flou en teintes sépia, dans une atmosphère artistique sobre et intime.
8. « Heaven on a Sunday »
« Heaven on a Sunday » apporte une touche de douceur jazzy à l’album. Le morceau évoque le plaisir simple d’un dimanche au paradis, porté par une mélodie nonchalante et une instrumentation feutrée. Paul s’accompagne d’une guitare aux inflexions légèrement blues, et invite son fils James McCartney à jouer le solo de guitare électrique. Le jeu du jeune homme, alors âgé de 19 ans, est remarquablement mélodique et plein de feeling – on y perçoit même des accents à la Eric Clapton, comme l’a souligné un critique. La chanson progresse tranquillement, sur un rythme lent de batterie et des nappes d’orgue discrètes, créant une ambiance de quiétude. Au-delà de son atmosphère relaxante, « Heaven on a Sunday » recèle aussi une jolie déclaration d’amour : “If I only had one love, yours would be the one I’d choose” chante McCartney (« Si je ne devais avoir qu’un seul amour, c’est le tien que je choisirais »). Difficile de ne pas y voir un message adressé à Linda, son unique grand amour. Bien que certains commentateurs aient trouvé le morceau un peu anodin dans sa perfection (trop poli pour être inoubliable), il n’en demeure pas moins chaleureux et sincère, offrant un moment de répit contemplatif au milieu de l’album.
9. « Used to Be Bad »
Place au blues brut avec « Used to Be Bad », une jam entraînante enregistrée en duo avec Steve Miller. Il s’agit d’un douze mesures blues décontracté, où McCartney et Miller échangent les couplets et les solos de guitare. L’ambiance en studio semble bon enfant : les deux vétérans s’amusent à se renvoyer la balle, chantant qu’ils « étaient mauvais autrefois » dans un clin d’œil complice aux frasques de jeunesse. Musicalement, on est en terrain connu – un boogie bluesy à la structure simple, porté par un shuffle de batterie et un riff de guitare rock. Miller, guitar hero des seventies, imprègne le morceau de son style texan, tandis que Paul assure une base rythmique solide à la basse. Si « Used to Be Bad » n’a rien de révolutionnaire et figure parmi les titres les plus anecdotiques du disque, il apporte une couleur blues rock appréciable et témoigne du plaisir qu’a pris McCartney à jouer sans prétention avec un ami musicien. Cette spontanéité fait aussi partie de l’esprit de Flaming Pie : savoir lâcher prise et s’amuser, tout simplement.
10. « Souvenir »
Avec « Souvenir », Paul McCartney explore un registre plus soul/R&B qu’à l’accoutumée. Cette chanson mid-tempo est construite sur un motif de guitare épuré, une basse ronde et une rythmique quasi métronomique, qui la font sonner comme un vieux standard de la Motown revu à la sauce McCartney. La voix de Paul y est particulièrement expressive : il module entre un timbre doux et quelques élans plus rauques, comme s’il cherchait à imiter ses héros du rhythm and blues des 60’s. D’ailleurs, McCartney a lui-même décrit « Souvenir » comme un numéro soul dans le style de Wilson Pickett. Vers la fin du morceau, un effet de vieux disque 78 tours qui craque est ajouté pour renforcer la touche rétro authentique. Cette astuce sonore donne l’impression que la chanson est un souvenir lointain – conformément à son titre. Sur le plan de l’émotion, « Souvenir » est une évocation de la persistance des sentiments : “When you’re fed up with life, just remember: I’ll always be here as your souvenir” chante Paul, promettant d’être le souvenir consolateur pour l’être aimé. Bien accueillie par les connaisseurs, cette pièce fait figure de petite perle cachée de l’album. Un critique note que c’est une « réussite, mariage parfait de tous les éléments dont McCartney a le secret, qui mériterait même une reprise par une vraie voix soul tant elle en a l’âme ». Un bel hommage de Paul à ses racines musicales, tout en finesse.
11. « Little Willow »
Chanson délicate et bouleversante, « Little Willow » est l’un des moments d’émotion pure de Flaming Pie. McCartney a écrit ce morceau en hommage aux enfants de Maureen Starkey, la première épouse de Ringo Starr, décédée d’un cancer en 1994. Il s’agit d’une berceuse acoustique empreinte de compassion et de douceur. Sur un fond de guitare acoustique aux harmonies riches, Paul chante d’une voix tendre des paroles de réconfort : “Little willow, wind gonna blow you hard and cold tonight… Take my hand, little willow” (« Petit saule, le vent va souffler fort et froid ce soir… Prends ma main, petit saule »). Aucune percussion ici, seulement la voix et la guitare, avec par moments quelques nappes discrètes de clavier qui soulignent l’émotion. L’arrangement minimaliste met en valeur la sobriété touchante du propos. Bien que dédiée initialement aux orphelins de Maureen, la chanson résonne de manière universelle comme un message d’espoir adressé à toute personne en deuil ou en détresse. Certains la trouveront peut-être légèrement sirupeuse dans son extrême bienveillance (un critique parle d’une ballade « un peu sucrée mais bien intentionnée »), mais il est difficile de ne pas être ému par la sincérité qui s’en dégage. Little Willow incarne le versant le plus empathique de Paul McCartney, capable d’apporter du baume au cœur avec une simple mélodie et beaucoup d’humanité.
12. « Really Love You »
Avec « Really Love You », l’album renoue brusquement avec l’énergie brute d’un bon vieux rock ‘n’ roll façon jam session. Ce titre est né spontanément d’une improvisation en studio entre McCartney, Ringo Starr et Jeff Lynne, le lendemain de leur session sur Beautiful Night. Sur un riff de basse simple et obsédant joué par Paul, Ringo pose un backbeat de batterie tout aussi élémentaire, tandis que Lynne agrémente le tout à la guitare rythmique. McCartney se lance alors dans un chant quasi improvisé, répétant à l’envi “I really love you, and I mean it”, comme pris par la fièvre du jam. Le morceau, crédité McCartney/Starkey (une première historique), a la fraîcheur d’une répétition captée sur le vif. Il ne cherche pas la complexité : c’est un délire rock primal, avec un son garage et une structure minimaliste. Certains auditeurs le trouveront sans doute anecdotique ou répétitif par sa nature même de jam (il n’était d’ailleurs initialement pas prévu pour figurer sur l’album), mais McCartney a bien fait de l’inclure, car « Really Love You » ajoute une pincée de folie joviale à l’ensemble. C’est un clin d’œil à l’esprit des débuts, quand les Beatles tiraient plaisir de trois accords joués à fond dans la Cavern. En 1997, entendre McCartney et Starr s’éclater ainsi offre un plaisir communicatif, rappelant que derrière la légende, il y a toujours ces deux copains amoureux du rock.
13. « Beautiful Night »
Avant-dernier titre de l’album, « Beautiful Night » est souvent salué comme le point d’orgue de Flaming Pie. Grandiose et émouvante, cette ballade orchestrale voit McCartney renouer avec ses penchants pour la pop symphonique, assisté de George Martin pour les arrangements et de Ringo Starr à la batterie et aux chœurs. La chanson avait été composée à l’origine en 1986, mais Paul n’en était pas satisfait jusqu’à cette relecture en 1996 où l’alchimie avec Ringo a tout débloqué. « Beautiful Night » s’ouvre sur quelques notes de piano rêveuses, puis la voix de McCartney entre, délicate, chantant l’anticipation d’une nuit merveilleuse à partager avec l’être aimé. Au fil des couplets, la musique gagne en ampleur : la batterie de Ringo arrive, posant un rythme souple, tandis que l’orchestre symphonique s’invite progressivement (cordes et cuivres discrets au début, puis de plus en plus présents). Le refrain est l’un des plus beaux que McCartney ait écrits dans les années 90, porté par la phrase “And tonight could be beautiful… It’s so beautiful tonight” qui transporte l’auditeur. George Martin déploie dans le final toute la richesse de son arrangement : les violons s’envolent, une trompette éclatante répond, et Ringo ponctue le tout de roulements de toms. La coda apporte même une surprise chaleureuse : on entend McCartney et Starr plaisanter en studio, comme si la prise avait capté leur satisfaction après ce moment de grâce. « Beautiful Night » parvient à être à la fois nostalgique et triomphante, mélangeant la mélancolie de voir la nuit finir et la joie intense du moment présent. Sortie en single en décembre 1997, elle a confirmé le retour en forme de Paul, la critique louant son éclat classique digne des grandes heures de Abbey Road ou de Tug of War.
14. « Great Day »
L’album se conclut sur une note acoustique bucolique avec « Great Day ». Ce court morceau (2 minutes) sonne comme une comptine folk que McCartney aurait pu chanter à ses enfants. Et pour cause : « Great Day » date des années 1970 comme simple chanson familiale que Paul et Linda grattaient pour le plaisir, avant de l’enregistrer finalement en 1992 dans le cadre des sessions acoustiques. On y retrouve juste Paul à la guitare acoustique, en train de marteler un rythme joyeux, accompagné par Linda qui frappe dans ses mains et assure les chœurs. L’ambiance est résolument rustique et chaleureuse. Les paroles, répétitives et simples (« It’s gonna be a great day… »), ressemblent à un mantra positif invitant à profiter du moment présent. Après les envolées de « Beautiful Night », « Great Day » fait office d’épilogue modeste, un peu comme « Her Majesty » concluait Abbey Road en toute simplicité. La présence de Linda au chant donne au morceau une teinte émouvante rétrospectivement, sachant qu’il s’agit de l’une de ses dernières apparitions sur un disque de Paul. Un critique note justement que ce morceau, « tout léger qu’il soit, rappelle à quel point Linda savait enrichir de sa simple harmonie la musique de Paul, et il offre un au-revoir souriant à l’album ». Flaming Pie s’achève ainsi sur cette image d’un couple unissant ses voix pour chanter la promesse d’un lendemain meilleur – difficile de rêver conclusion plus authentique et optimiste.
Réception critique et place dans la discographie
À sa sortie en 1997, Flaming Pie est accueilli avec un enthousiasme quasi général de la part des critiques et du public. Acclamé par la presse, l’album est même qualifié de « petit chef-d’œuvre » par certains journaux britanniques, heureux de retrouver un McCartney inspiré après une longue absence. Plusieurs critiques soulignent que c’est son meilleur disque depuis au moins une décennie, retrouvant la verve mélodique et la sincérité qui avaient fait le succès de Tug of War (1982) ou des classiques des années 1970. Le Point rappelle qu’à sa sortie, Flaming Pie a bénéficié de l’aura du projet Anthology tout juste achevé : frustré de ne rien avoir publié pendant trois ans, le public s’est rué sur ce nouvel album et ne fut pas déçu. En Grande-Bretagne comme aux États-Unis, le disque atteint la 2ème place des hit-parades et s’écoule à plus de deux millions d’exemplaires, performance remarquable pour un artiste « heritage » dans les années 90. Signe de son impact, Flaming Pie vaudra même à McCartney une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie Album de l’année 1998 – une première depuis de longues années, même si c’est Bob Dylan qui remportera le prix avec Time Out of Mind.
Les critiques professionnels saluent notamment la qualité d’ensemble de l’album. Le Monde parle d’« excellent disque, léger et pétri de bonnes ondes » en insistant sur sa cohérence et son homogénéité rare dans la carrière solo de Paul. En effet, contrairement à certains albums précédents jugés inégaux, Flaming Pie ne comporte quasiment pas de temps mort : la majorité des titres, qu’ils soient intimistes ou plus rock, se tiennent par la force de l’inspiration et par une production soignée mais jamais surchargée. Stephen Thomas Erlewine (Pitchfork/AllMusic) note que l’album est dominé par un ton réflexif et apaisé, convenant bien à un artiste qui fait le bilan de sa vie à l’aube de ses 55 ans. Il remarque aussi que malgré les clins d’œil appuyés aux Beatles (jusqu’au titre hérité d’une blague de Lennon), Flaming Pie n’est pas un pastiche nostalgique : il possède sa personnalité propre, reconnaissable aux mélodies mccartneyennes et à une honnêteté émotionnelle nouvelle chez l’ex-Beatle. Certains titres légèrement en retrait (If You Wanna, Used to Be Bad) sont pointés du doigt par quelques critiques – NME se montre notamment plus mitigé avec un 5/10, trouvant l’album trop « confortable » – mais l’opinion générale est largement positive. Beaucoup estiment même que McCartney n’avait plus sonné aussi spontané et vivifiant depuis les années 1970.
Dans la discographie de Paul McCartney, Flaming Pie occupe aujourd’hui une place de choix. Souvent cité parmi ses meilleurs albums post-Beatles, il représente une sorte de renaissance artistique au crépuscule du 20e siècle. McCartney lui-même en garde un excellent souvenir, le considérant comme un album où il a retrouvé la joie simple de faire de la musique pour son plaisir, sans viser à tout prix les tendances du moment. Après quelques disques dans les années 80/90 où il avait tenté d’« être dans le coup » avec des résultats inégaux, Flaming Pie marque le moment où il « renonce à la course vaine au tube à tout prix » et s’aligne de nouveau sur sa propre inspiration. De fait, le succès critique et public de Flaming Pie a conforté Paul dans cette voie : il poursuivra par la suite avec des projets à la fois personnels et bien reçus (Run Devil Run en 1999 revisitant le rock ’n’ roll de son enfance, Chaos and Creation in the Backyard en 2005 salué pour sa sobriété artisanale, etc.).
Plus de vingt-cinq ans après sa sortie, Flaming Pie n’a rien perdu de son charme. Les chansons phares – « Calico Skies », « Beautiful Night », « Little Willow » pour n’en citer que quelques-unes – sont régulièrement citées parmi les favorites des fans, et McCartney a intégré plusieurs titres de l’album dans ses concerts au fil des tournées, preuve que le temps a validé leur qualité. En 2020, lors de la réédition deluxe, Le Monde soulignait même que Flaming Pie « se tient encore admirablement plus de vingt ans plus tard », signe d’une certaine intemporalité du disque.
La réédition deluxe de 2020 : bonus et redécouverte
En juillet 2020, Flaming Pie a fait l’objet d’une luxueuse réédition deluxe dans le cadre de la Paul McCartney Archive Collection. Cette nouvelle édition, sortie le 31 juillet 2020, est proposée en plusieurs formats pour satisfaire tous les publics. La version coffret Deluxe 5 CD / 2 DVD est particulièrement riche : elle comprend l’album original remasterisé aux studios Abbey Road, pas moins de 32 pistes bonus (démos domestiques, enregistrements bruts en studio, faces B inédites de l’époque), ainsi que deux DVD contenant le documentaire In The World Tonight (film réalisé en 1997 autour de la création de l’album) et diverses archives vidéo et interviews. Le coffret est accompagné d’un livre de 128 pages renfermant un essai approfondi, des notes de studio, les paroles manuscrites des chansons et de nombreuses photos inédites issues des archives de McCartney. Pour les mélomanes, des éditions vinyles ont également été publiées (double LP remasterisé en half-speed, et une édition 3 LP ajoutant un vinyle entier de démos maison).
Le contenu musical de cette réédition ravit les collectionneurs. On y découvre notamment 11 démos acoustiques enregistrées à la maison – la plupart en solo guitare/voix – qui offrent un éclairage intimiste sur le processus d’écriture de Paul. Par exemple, le coffret propose les maquettes dépouillées de « Somedays » (d’une sensibilité encore plus nue que la version finale) ou de « Great Day » chantée en famille, comme si l’on était une petite souris assistant à la scène. S’ajoutent à cela des versions alternatives de plusieurs titres (prises studio différentes, run-throughs où l’on entend le groupe en train de caler le morceau) et des chansons inédites restées dans les tiroirs en 1997. Parmi ces raretés figure « Whole Life », une collaboration musclée avec Dave Stewart enregistrée en 1995, ou encore « Cello in the Ruins », une composition co-produite avec Jeff Lynne restée inachevée mais dont la réédition révèle l’existence. Les faces B parues sur les singles de l’époque – comme « Broomstick » avec Steve Miller, « Looking for You » avec Ringo, ou les collages audio farfelus de l’émission radio Oobu Joobu que Paul animait en 1995 – sont également incluses, complétant ainsi le panorama exhaustif de la période Flaming Pie.
L’accueil de cette réédition deluxe a été très positif. Les critiques de 2020 y ont vu l’occasion de redécouvrir un album désormais classique et d’en apprécier les coulisses. Le Point souligne que « la beauté minimaliste de ces bonus inédits justifie l’écoute de cette réédition », tant les démos acoustiques dégagent un charme brut et mélancolique. Le Monde tempère en notant que ces inédits, « sans s’avérer indispensables, laissent entendre le plaisir évident éprouvé par McCartney lors de l’élaboration de l’album ». En d’autres termes, même si tout n’est pas du niveau des versions définitives, ces documents sonores offrent la joie communicative d’entendre McCartney en pleine créativité, s’amusant en studio ou chez lui, libéré de toute pression. La réédition a également remis en lumière l’excellence de la production d’origine (remasterisée avec subtilité) et la pertinence de Flaming Pie dans l’évolution de la carrière de Paul. Pour les nouveaux auditeurs comme pour les fans de la première heure, cette édition augmentée a consolidé le statut de Flaming Pie comme d’un album charnière et hautement qualitatif de la fin du XXᵉ siècle.
En définitive, Flaming Pie se présente comme un album charnière dans la longue carrière de Paul McCartney. Avec ce disque, l’ex-Beatle a su puiser dans le terreau de son passé – l’énergie du rock ’n’ roll originel, l’esprit d’inventivité des années Beatles, l’épure de ses premiers albums solos – pour irriguer une collection de chansons fraîches, sincères et variées. L’angle historique, qu’il s’agisse de l’élan retrouvé grâce à Anthology ou du contexte personnel (Linda toujours à ses côtés, l’ombre de John Lennon planant en filigrane), donne à Flaming Pie une épaisseur particulière : c’est l’œuvre d’un artiste qui se réconcilie avec son héritage tout en affirmant sa vitalité créative au milieu des années 90.
D’un point de vue artistique, Flaming Pie parvient à marier la masterclass de songwriting – on y retrouve le McCartney mélodiste de génie, capable de composer des airs mémorables d’une apparente simplicité – et une spontanéité joyeuse qui fait tout son charme. La production, assurée par Jeff Lynne, George Martin et Paul lui-même, reste élégante sans tomber dans le piège du trop léché : elle sert des chansons qui, qu’elles soient rock, folk ou blues, respirent toutes une forme d’authenticité et de plaisir de jouer. Comme l’écrit un journaliste, l’album est « à parts égales une leçon de songwriting et une explosion spontanée de joie communicative », alternant envolées inspirées et moments de franche camaraderie.
Surtout, Flaming Pie s’inscrit comme un moment de grâce dans la discographie de McCartney. Il est considéré par beaucoup comme son meilleur album des années 1990, voire comme son effort le plus accompli depuis les années 1970. Sa réussite a replacé Paul sur le devant de la scène à une époque où peu l’attendaient à ce niveau, prouvant qu’à plus de 50 ans, il pouvait encore surprendre et émouvoir. L’album aura été, hélas, le chant du cygne du duo Paul & Linda sur un disque studio, ce qui lui confère une aura émouvante de dernier témoignage d’un bonheur familial.
Grâce à la réédition deluxe de 2020, une nouvelle génération a pu explorer Flaming Pie et comprendre pourquoi cet album occupe une place à part. Ni tout à fait un album nostalgique, ni une tentative désespérée d’être moderne, Flaming Pie est simplement Paul McCartney fidèle à lui-même – un songwriter hors pair qui, plus de trente ans après la fin des Beatles, s’amuse toujours autant à composer, expérimenter et partager des chansons de qualité. Cet équilibre entre maîtrise et spontanéité, passé et présent, légèreté et émotion, fait de Flaming Pie un jalon incontournable de l’œuvre de McCartney, un album lumineux qui, tel un bon vin, n’a fait que gagner en saveur avec le temps.
Repères chronologiques :
- 1993 : Sortie de Off the Ground, dernier album studio de McCartney avant Flaming Pie.
- 1994-1996 : McCartney se consacre au projet The Beatles Anthology aux côtés de George Harrison et Ringo Starr (enregistrements des inédits « Free as a Bird » et « Real Love » avec Jeff Lynne).
- Août 1994 : Paul écrit « Young Boy » chez lui, pendant que Linda prépare le déjeuner.
- Février 1995 : Début des sessions de Flaming Pie avec Jeff Lynne et Steve Miller (« Young Boy » enregistré dans l’Idaho).
- Mai 1995 : Poursuite des enregistrements au studio Hog Hill Mill dans le Sussex : titres avec Steve Miller (« If You Wanna », « Used to Be Bad ») et premières démos maison. Paul enregistre aussi des inédits pour sa famille (« Stella May Day » pour sa fille Stella).
- 1996 : Sessions avec Ringo Starr : enregistrement de « Beautiful Night » (mai) et jam de « Really Love You ». En septembre, Paul enregistre « Heaven on a Sunday » avec son fils James.
- Mars 1997 : Paul McCartney est anobli par la Reine et devient Sir Paul McCartney.
- Mai 1997 : Sortie de Flaming Pie (5 mai au Royaume-Uni, 20 mai aux USA). L’album entre n°2 des ventes et est acclamé par la critique.
- Décembre 1997 : Sortie du single « Beautiful Night » accompagné d’un clip réalisé par Julien Temple.
- Avril 1998 : Décès de Linda McCartney le 17 avril. Paul publie en hommage Wide Prairie, recueil de chansons de Linda, puis s’immerge dans le projet rock Run Devil Run (1999) pour surmonter son deuil.
- 2020 : Réédition Archive Collection de Flaming Pie le 31 juillet, proposant de nombreux inédits et un coffret deluxe exhaustif.
