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Off the Ground : quand McCartney décolle pour la planète

Publié le 05 juin 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

En 1993, Paul McCartney publie Off the Ground, un album marqué par l’engagement écologique et pacifiste. S’appuyant sur son groupe de tournée et une production épurée, McCartney y livre un message d’espoir à travers des chansons simples, sincères et souvent sous-estimées.


Off the Ground est un album marquant dans la carrière de Paul McCartney, sorti en 1993 chez Parlophone/EMI. Neuvième album studio solo de l’ex-Beatle, c’est son premier opus des années 1990, faisant suite au très acclamé Flowers in the Dirt de 1989. Cet album s’inscrit dans un contexte où McCartney, fort du succès de sa tournée mondiale de 1989-1990, cherche à renouveler son inspiration et à s’appuyer sur l’énergie de son nouveau groupe. Bien qu’il n’ait pas rencontré un succès commercial aussi retentissant que son prédécesseur, Off the Ground occupe une place particulière dans la discographie de McCartney, témoin d’un artiste en pleine transition créative au début de la décennie 90.

La pochette de Off the Ground (1993) présente les pieds de Paul et Linda McCartney ainsi que de leurs musiciens, suspendus au-dessus du sol, illustrant métaphoriquement l’idée de « décoller » vers de nouveaux horizons musicaux. Cet album voit McCartney explorer des thèmes plus engagés et adopter une approche plus épurée, tout en conservant la touche mélodique et l’optimisme qui font sa patte.

Sommaire

  • Genèse et production de l’album
  • Analyse chanson par chanson
    • 1. Off the Ground
    • 2. Looking for Changes
    • 3. Hope of Deliverance
    • 4. Mistress and Maid
    • 5. I Owe It All to You
    • 6. Biker Like an Icon
    • 7. Peace in the Neighbourhood
    • 8. Golden Earth Girl
    • 9. The Lovers That Never Were
    • 10. Get Out of My Way
    • 11. Winedark Open Sea
    • 12. C’Mon People (+ Cosmically Conscious)
  • Contexte de sortie et réception critique (1993)
  • Héritage et réévaluation de l’album

Genèse et production de l’album

En 1991-1992, Paul McCartney se lance dans l’enregistrement de Off the Ground avec l’idée de capturer l’énergie de son groupe de tournée. Après le triomphe de sa tournée Flowers in the Dirt, il décide d’enregistrer le nouvel album “live en studio”, c’est-à-dire avec le groupe jouant les morceaux ensemble d’un seul tenant, plutôt qu’en multipliant les prises instrument par instrument. Cette méthode, inspirée par l’expérience vivifiante de son passage « MTV Unplugged » en 1991, donne à l’album un son plus brut et direct. La production est assurée par McCartney lui-même en collaboration avec Julian Mendelsohn, privilégiant des arrangements dépouillés et un rendu naturel qui rappelle la spontanéité de ses performances acoustiques.

Le noyau des musiciens reste le même que sur Flowers in the Dirt et la tournée précédente : Hamish Stuart (basse, guitare, chœurs), Robbie McIntosh (guitares, chœurs), Paul “Wix” Wickens (claviers, accordéon, chœurs) et Linda McCartney (claviers, percussions, chœurs). Un changement notable survient à la batterie, où Blair Cunningham remplace Chris Whitten, parti rejoindre Dire Straits. McCartney profite de l’alchimie de ce groupe rôdé sur scène, ce qui se traduit en studio par des prises pleines d’énergie. Il enregistre l’essentiel de Off the Ground dans son propre studio Hog Hill Mill dans le Sussex, avant de peaufiner le mixage à Abbey Road en fin 1992 (une façon pour lui de marier confort domestique et savoir-faire légendaire des studios londoniens).

Sur le plan des compositions, l’album marque un tournant par son engagement thématique. McCartney, habituellement plus enclin aux chansons d’amour et à la fantaisie, aborde ici des sujets de société avec une sincérité renouvelée. Off the Ground est sans doute l’un de ses albums les plus « politiques » : il y fustige l’expérimentation animale et plaide pour la paix dans le monde, reflétant les convictions végétariennes et pacifistes qu’il partage avec Linda. Musicalement, les nouvelles chansons sont globalement plus simples et directes que celles de Flowers in the Dirt, avec des mélodies accrocheuses et des arrangements moins chargés. Deux titres, “Mistress and Maid” et “The Lovers That Never Were”, proviennent de sa collaboration antérieure avec Elvis Costello – entamée à la fin des années 80 – et trouvent finalement leur place sur cet album. (Costello, toutefois, n’intervient pas en studio sur Off the Ground).

Les séances d’enregistrement sont prolifiques : plus de 25 morceaux auraient été mis en boîte durant cette période fébrile de 1991-92. McCartney en retient 12 pour la sélection finale, mais de nombreux faces B issus de ces sessions viendront enrichir les singles. Parmi ces inédits figurent “Big Boys Bickering”, une chanson au vitriol contre les politiciens (contenant même un juron rare chez McCartney : « f**ing it up for everyone* »), ou “Long Leather Coat”, pamphlet écologiste coécrit avec Linda. Ces titres bonus, regroupés plus tard sur la compilation Off the Ground: The Complete Works (1993), montrent à quel point l’inspiration de McCartney était foisonnante, l’auteur-compositeur oscillant entre ballades, rock et messages militants. À noter que l’album se conclut sur un bref hidden track : un extrait de “Cosmically Conscious”, une chanson psychédélique que Paul avait écrite en Inde en 1968 lors du séjour des Beatles chez le Maharishi. Ce clin d’œil à l’ère flower power – où il invite l’auditeur à rester « cosmiquement conscient » – vient boucler un album ancré dans l’espoir et la bienveillance universelle.

Analyse chanson par chanson

Avec Off the Ground, Paul McCartney propose 12 chansons variées, tour à tour entraînantes, engagées ou intimistes. Tour d’horizon piste par piste de cet album sorti le 1er février 1993.

1. Off the Ground

McCartney ouvre l’album avec “Off the Ground”, une chanson pop entraînante qui donne le ton général. Construite sur un mid-tempo léger et un motif de basse bondissant, elle invite à prendre de la hauteur et à « décoller » du quotidien – un message optimiste reflété par son refrain fédérateur. Le morceau s’illustre par son arrangement épuré : on y retrouve une guitare slide subtile jouée par Hamish Stuart qui apporte un grain bluesy au morceau, soutenue par une section rythmique sobre. Paul y chante avec aisance, déployant sa voix chaleureuse sans forcer, comme pour mieux nous faire ressentir cette sensation de légèreté. “Off the Ground” est en somme un « toe-tapper » efficace, une de ces mélodies accrocheuses dont McCartney a le secret, alliant simplicité et efficacité. Sans prétendre au tube absolu, le titre remplit parfaitement son rôle d’introduction entraînante – d’autant que le groupe, rodé par la scène, y joue avec une cohésion et une énergie communicatives.

2. Looking for Changes

Changement d’ambiance avec “Looking for Changes”, un rock incisif dans lequel McCartney s’engage pour la cause animale. Sur un riff de guitare nerveux et un rythme soutenu, il dénonce explicitement la cruauté des expérimentations sur les animaux, un sujet qui lui tient à cœur. « I saw a cat with a machine in his brain… » chante-t-il d’emblée, décrivant sans détour les horreurs de la vivisection. Musicalement, c’est l’un des titres les plus rock de l’album : guitare électrique en avant, tempo rapide, et même un solo mordant – McCartney prouve qu’il sait encore se montrer mordant quand le propos l’exige. Sa performance vocale se fait plus rageuse qu’à l’accoutumée, ce qui donne à la chanson une intensité remarquable. Des critiques y ont vu l’une de ses interprétations les plus coléreuses et convaincantes de ces dernières années. Effectivement, “Looking for Changes” sort McCartney de sa zone de confort « cute » pour le placer en porte-parole enragé d’une cause, ajoutant une facette plus agressive à son répertoire. Si le titre peut sembler un peu direct dans son message (certains l’ont qualifié de pamphlet au premier degré), son énergie brute et sa sincérité en font un moment fort du disque.

3. Hope of Deliverance

En troisième position, “Hope of Deliverance” apporte une bouffée d’air frais et optimiste. Ce single aux sonorités folk-pop est sans doute la chanson la plus immédiatement accrocheuse de l’album. Porté par une mélodie enjouée à la guitare acoustique, un rythme chaloupé aux percussions latines et des harmonies vocales lumineuses, le morceau évoque l’espoir d’un lendemain meilleur – « When it will be right, I don’t know… We live in hope of deliverance from the darkness that surrounds us » chante McCartney avec un optimisme communicatif. Les rythmes légèrement latins et les guitares acoustiques rappellent par instants le classique des Beatles “And I Love Her”, comme l’a souligné la critique. Paul s’y montre vocalement rassurant, presque prophétique, sans jamais tomber dans le prêche appuyé. “Hope of Deliverance” a rencontré un succès notable en Europe et dans plusieurs territoires hors USA/UK, devenant même son plus gros hit international des années 90. En Allemagne, par exemple, la chanson s’est écoulée à plus de 250 000 exemplaires et a atteint le Top 5 des classements. Avec son refrain fédérateur et ses chœurs entraînants, le titre a tout du « tube optimiste » maccartneyen, prouvant que l’ex-Beatle n’avait rien perdu de son talent pour composer des hymnes pop universels.

4. Mistress and Maid

“Mistress and Maid” est l’une des deux collaborations de l’album avec Elvis Costello (de son vrai nom Declan MacManus). Il s’agit d’une chanson au ton théâtral qui dépeint l’histoire d’une femme délaissée par un mari indifférent – une sorte de mini pièce en un acte sur les déséquilibres d’un couple. Sur un rythme modéré et une atmosphère légèrement feutrée, McCartney interprète avec un brin de recul l’histoire de cette « maîtresse et servante » coincée dans un mariage malheureux. La composition se distingue par quelques trouvailles d’arrangement : des touches de clavecin ou de synthétiseur en arrière-plan lui confèrent une petite coloration rétro, presque victorienne, comme un écho lointain à Sgt. Pepper. D’ailleurs, un critique américain a noté que les « fioritures fantaisistes » de l’instrumentation donnent à la chanson un petit air psychédélique à la Beatles. Vocalement, Paul adapte sa voix pour la rendre narrative, presque détachée, comme un conteur observant ses personnages. Si “Mistress and Maid” n’est pas la chanson la plus immédiatement mémorable de l’album, elle intrigue par son sujet inhabituel et sa patte Costello/McCartney. Certains commentateurs l’ont jugée un peu lourde ou maladroite dans son exécution, reflet peut-être des difficultés qu’avaient eues McCartney et Costello à marier leurs styles distincts. Il n’en demeure pas moins qu’elle apporte de la variété thématique à l’ensemble et témoigne de la volonté de McCartney d’aborder d’autres registres que les simples bluettes amoureuses.

5. I Owe It All to You

Avec “I Owe It All to You”, McCartney renoue avec la veine de la ballade amoureuse sincère et contemplative. Cette chanson, adressée à une personne chère (peut-être Linda, son pilier de toujours), se caractérise par son ambiance douce et planante. L’arrangement met en valeur le piano de Paul, soutenu par des nappes discrètes de synthétiseur et des chœurs harmonieux, créant un écrin feutré pour la déclaration d’amour. La mélodie est délicate et facile à retenir, portée par la voix de McCartney qui fait preuve ici de tendresse et de gratitude. Les paroles, simples et sans fioritures, expriment la reconnaissance profonde du narrateur envers celle à qui il « doit tout ». Si certains critiques ont pu trouver le morceau un brin quelconque ou passe-partout sur le plan lyrique, on ne peut nier la beauté mélodique qui s’en dégage. La chanson évoque les ballades plus spirituelles que McCartney livrera par la suite (on pense par exemple à “Calico Skies” quelques années plus tard). “I Owe It All to You” constitue une pause intimiste au milieu de l’album, un moment de sincérité désarmante qui, sans révolutionner le genre, touche par sa simplicité. Le chant de Paul, tout en nuances, y est particulièrement émouvant lorsqu’il monte en intensité sur le pont, soulignant l’ampleur de sa reconnaissance. Une ballade typiquement « maccartneyenne » : mélodique, bien arrangée, et empreinte d’un optimisme serein.

6. Biker Like an Icon

Probablement le titre le plus atypique de l’album, “Biker Like an Icon” a suscité des réactions contrastées. Cette chanson mid-tempo raconte l’histoire d’une jeune femme fascinée par un motard qu’elle idolâtre comme une icône, jusqu’à ce que l’obsession tourne court. Le titre repose sur un jeu de mots un peu facétieux (le rapprochement sonore entre “biker like an icon” et les marques d’appareil photo Leica et Nikon – un calembour que McCartney a trouvé malicieux). Musicalement, le morceau navigue entre la pop-rock et le rockabilly, avec une ligne de guitare rythmique répétitive et une basse ronde qui installent un groove discret. La mélodie est simple, presque chantonnée, tandis que Paul adopte un ton de narrateur détaché pour raconter cette histoire un brin mystérieuse. Beaucoup de fans considèrent “Biker Like an Icon” comme l’un des points faibles de l’album – voire de la carrière solo de McCartney – le reprochant à ses paroles jugées légères et à sa structure un peu monotone. Cependant, certains commentateurs ont défendu le morceau en soulignant son côté sombre insoupçonné : en effet, l’histoire prend une tournure inquiétante quand l’idole en blouson noir finit par faire disparaître sa groupie (« And no trace of her sweet face was ever found »). McCartney narre cette chute avec une neutralité qui renforce le sous-texte sinistre de la chanson. Si l’on dépasse le calembour du titre, “Biker Like an Icon” révèle donc une petite fable désabusée sur les illusions et les dangers de l’adoration aveugle. Sur le plan instrumental, la guitare folk apporte une touche légèrement western, et on note la présence discrète d’un harmonium ou d’un synthé d’ambiance qui plane en arrière-plan, ajoutant à l’atmosphère étrange du morceau. En somme, sans être un sommet de l’écriture de McCartney, ce titre intrigant montre une facette narrative différente de l’artiste, entre humour et obscurité.

7. Peace in the Neighbourhood

Retour à l’optimisme bon enfant avec “Peace in the Neighbourhood”. Cette chanson mid-tempo chaleureuse est une ode à la paix et à la simplicité du bonheur quotidien. McCartney y dresse un portrait quasi utopique de son « voisinage » idéal, où règnent l’harmonie, l’amour familial et la bienveillance universelle. « Best thing I ever saw was a man who loved his wife » chante-t-il d’emblée, sur un ton attendri, pour illustrer la beauté des choses simples. Musicalement, “Peace in the Neighbourhood” baigne dans une atmosphère soul et feutrée : un groove décontracté porté par la batterie et la basse, quelques accords d’orgue Hammond en fond, et des chœurs suaves qui rappellent les groupes vocaux des années 70. Un critique a même comparé son groove ensoleillé et funky aux odes à la fraternité signées Sly and the Family Stone ou War. La guitare est discrète, laissant la place à la voix de McCartney qui déroule sa mélodie avec une sérénité confiante. On pourrait reprocher à la chanson son aspect un peu naïf ou mièvre – cette célébration de la vie de famille et du voisinage heureux peut sembler candide au cynique – et d’ailleurs certains ont trouvé le morceau un brin lénifiant dans son excès de bons sentiments. Mais il est clair que McCartney la chante avec le cœur, sans cynisme, ce qui lui confère un charme certain. Vers la fin du morceau, quelques cuivres discrets (trompettes étouffées, saxophone léger) et des chœurs gospel enrichissent l’arrangement, faisant monter la chanson comme une prière collective pour un monde meilleur. “Peace in the Neighbourhood” est en quelque sorte le pendant paisible de “Hope of Deliverance” – moins calibré pour les hit-parades, mais tout aussi sincère dans son message d’espoir domestique et universel.

8. Golden Earth Girl

“Golden Earth Girl” est la ballade contemplative de l’album, où McCartney laisse libre cours à son amour pour la nature et la planète. Introduite par un piano délicat, la chanson déploie une mélodie élégante et classique, évoquant par moments l’ambiance de certaines compositions de l’ère Abbey Road. Paul s’adresse à une « fille de la terre dorée », figure féminine métaphorique qui pourrait représenter à la fois la Terre nourricière et la femme aimée (on pense évidemment à Linda, fervente défenseuse de la cause animale et environnementale). L’arrangement est riche tout en demeurant subtil : une orchestration de type musique de chambre vient colorer le morceau, avec un hautbois et une flûte qui dialoguent gracieusement en arrière-plan (interprétés par des musiciens classiques invités). Ces instruments apportent une touche pastorale et bucolique à la chanson, renforçant son ode à la nature. McCartney joue également sur les mots : dans un vers, il transforme l’expression latine in excelsis en “in eggshell seas”, un jeu de langue évoquant des « mers en coquille d’œuf » poétiques, clin d’œil imagé à la fragilité de notre planète. Vocalement, Paul offre une prestation toute en douceur, presque en voix de tête par instants, qui sied bien au caractère apaisant du morceau. “Golden Earth Girl” peut paraître un peu en dehors du temps, et certains auditeurs l’ont trouvée mineure ou inaboutie dans sa construction – il est vrai qu’elle s’achève sans véritable climax, comme un doux rêve qui s’évanouit. Néanmoins, elle brille par sa sincérité et son aspect pictural : McCartney peint ici un tableau sonore idyllique, à la manière d’une berceuse écologique. C’est une pièce qui gagne à être écoutée attentivement pour en apprécier les nuances (le mélange du piano et des bois, notamment, est d’une grande délicatesse) et qui révèle l’attachement profond de McCartney aux beautés simples de la nature.

9. The Lovers That Never Were

La deuxième collaboration McCartney/Costello de l’album, “The Lovers That Never Were”, est une ballade intense au parfum vintage. Cette chanson raconte l’histoire de deux amants « qui ne l’ont jamais été » – en d’autres termes, un amour qui n’a jamais pu s’accomplir. L’ambiance musicale y est dramatique et passionnée : construite sur un tempo lent en mesure ternaire (une sorte de valse lente), elle bénéficie d’un arrangement luxueux mettant en valeur la voix de McCartney. Dès l’intro, le piano et la guitare acoustique installent une atmosphère feutrée, bientôt rejoints par des cordes synthétiques (ou réelles?) et des chœurs discrets qui confèrent au morceau une ampleur orchestrale. La mélodie, coécrite avec Elvis Costello, possède des inflexions mélodiques riches et peu évidentes, forçant McCartney à repousser sa voix dans ses retranchements. Sur le pont, Paul monte en puissance et livre une performance vocale impressionnante, maîtrisant parfaitement les nuances et la hauteur de sa voix – un critique y a vu un véritable « tour de force vocal » de sa part. L’émotion est palpable lorsqu’il clame l’impossible union de ces lovers maudits. Comparé à la version dépouillée figurant sur les fameuses démos McCartney/Costello (enregistrées en 1988), cet enregistrement surproduit offre une vision plus grandiloquente du titre. Certains adorent son luxe d’arrangement et son intensité digne d’une chanson de Broadway, d’autres la trouvent un peu trop chargée ou datée. Quoi qu’il en soit, “The Lovers That Never Were” permet à McCartney de démontrer l’étendue de son registre vocal et son talent pour les ballades romantiques tragiques, un registre qu’il explore finalement assez peu dans sa carrière solo. L’alchimie avec Costello, bien que moins spontanée que sur Flowers in the Dirt, donne ici naissance à l’un des moments forts du disque, chargé de mélancolie et de grandeur.

10. Get Out of My Way

Avec “Get Out of My Way”, McCartney enclenche la surmultipliée : c’est le rock’n’roll endiablé de l’album, un morceau enlevé qui réveille l’auditeur en fin de parcours. Démarrant pied au plancher avec un riff de guitare électrique rétro, la chanson évoque les classiques du rock des années 1950 qu’affectionne McCartney. On pense inévitablement à l’influence d’Elvis Presley, de Little Richard ou même aux rocks survitaminés de Wings dans les années 70. La rythmique est soutenue par une batterie percutante de Blair Cunningham et une ligne de basse entraînante de Paul, tandis que des cuivres – les Midnight Horns – viennent pimenter le refrain de leurs interventions éclatantes. Linda McCartney ajoute une touche d’enthousiasme avec un coup de sifflet de train (train-whistle) judicieusement placé, renforçant le côté road-trip endiablé du morceau. Vocalement, Paul adopte un registre plus rauque et enjoué, s’amusant visiblement à jouer les rockers qui enjoignent quiconque se met en travers de sa route à déguerpir. “Get Out of My Way” est bref, nerveux, sans prétention autre que de faire taper du pied. Certains critiques l’ont trouvé un peu anecdotique et calibré, le qualifiant de titre « léger » ou de rock de remplissage par rapport à d’autres compositions plus profondes de l’album. Cependant, sa présence apporte une salutaire dose d’énergie brute et d’insouciance. Le solo de guitare est court mais efficace, le pont instrumental laisse éclater une dernière fois les cuivres dans une ambiance de jam session. En concert, ce titre prenait toute son ampleur, permettant à McCartney et son groupe de se défouler et d’échanger des regards complices. “Get Out of My Way” ne révolutionne rien, mais il assume pleinement son rôle de rock ’n’ roll festif, rappelant que derrière le compositeur sérieux se cache toujours le gamin de Liverpool nourri au rock des pionniers.

11. Winedark Open Sea

En avant-dernière plage, Off the Ground nous embarque sur une “Winedark Open Sea”, une longue ballade contemplative qui figure parmi les morceaux les plus atmosphériques de l’album. Ce titre de plus de 5 minutes s’ouvre sur un tapis d’accords de guitare électrique clairs et de claviers éthérés, évoquant l’immensité d’une mer sombre au clair de lune (d’où son titre poétique, « mer ouverte couleur lie de vin »). McCartney y chante l’amour durable et la plénitude qu’il procure, utilisant la métaphore de cette mer nocturne pour figurer l’âme dans laquelle il navigue avec l’être aimé. La composition est construite de manière progressive : peu à peu, la section rythmique entre en scène, une basse ronde et des percussions feutrées installent un groove lent et régulier, presque hypnotique. La voix de Paul est posée, sereine, parcourue de quelques fêlures d’émotion lorsqu’il répète “Oh my love, we are bound for the winedark open sea…”. L’atmosphère générale rappelle certaines ballades de Tug of War (1982) ou préfigure celles de Flaming Pie (1997) par son côté introspectif. Un critique a décrit “Winedark Open Sea” comme « captivante », soulignant comment McCartney réussit à tirer « chaque goutte de résonance » d’un texte pourtant très simple. En effet, la magie du morceau réside dans cette interprétation vocale nuancée où l’artiste module son timbre pour exprimer tantôt la quiétude, tantôt l’extase contenue. Musicalement, l’utilisation subtile du mellotron (joué par McCartney lui-même) vient agrémenter le pont d’une teinte légèrement nostalgique, tandis que quelques nappes de synthé imitent le souffle du vent sur la mer. Vers la fin, la chanson ne cherche pas de crescendo flamboyant : elle se contente de voguer tranquillement vers sa conclusion, comme un bateau qui disparaît à l’horizon. Cette retenue pourra frustrer ceux qui attendaient un envol final, mais elle correspond bien à l’esprit du morceau – une ode à la constance et à la profondeur des sentiments. “Winedark Open Sea” est ainsi un moment de pause méditative juste avant la grande finale de l’album.

12. C’Mon People (+ Cosmically Conscious)

Pour clore l’album, McCartney choisit une approche grandiose avec “C’Mon People”, une sorte d’hymne pop-rock invitant les gens à se rassembler. Dès les premières mesures au piano, on sent une ambition quasi orchestrale : l’introduction solennelle cède vite la place à un couplet enlevé où Paul, la voix pleine d’espoir, exhorte l’auditeur à « venir » contribuer à un monde meilleur. Ce morceau aux accents anthemique se distingue par sa construction en crescendo : chaque refrain ajoute des éléments – chœurs de plus en plus fournis, batterie martiale, guitare éclatante – pour aboutir à une coda triomphante qui n’est pas sans évoquer le final de “Hey Jude”. McCartney a d’ailleurs confié avoir voulu retrouver ici l’esprit rassembleur de certains finales des Beatles. Le pont instrumental voit l’irruption d’une section de cuivres et de cordes qui rehaussent le côté épique du titre, lui conférant une ampleur quasi symphonique. On songe que George Martin, le vieux complice, aurait pu être derrière ces arrangements tant ils rappellent les heures glorieuses des Fab Four (bien qu’en réalité les orchestrations aient été supervisées par le producteur de l’album). Côté texte, “C’Mon People” reste dans la veine universaliste et optimiste : Paul y parle d’effacer le passé, de retrousser ses manches (“let’s get it done”) et de croire en des jours meilleurs collectivement. Si certains cyniques ont pu trouver le message un peu convenu en 1993, McCartney le porte avec une telle conviction qu’il emporte l’adhésion. En concert, ce morceau prenait une autre dimension, se transformant en climax vibrant – comme l’a noté un critique, “C’Mon People” gagnait en puissance sur scène, surpassant son rendu studio.

Après l’explosion finale de “C’Mon People”, l’album se termine par une petite surprise cachée : quelques secondes après la fin officielle du morceau, on entend un bref extrait de “Cosmically Conscious”. Ce clin d’œil psychédélique, tout droit sorti de la fin des sixties, voit McCartney entonner “It’s a cosmically conscious, it’s a love thing” comme un mantra spirituel, accompagné de percussions et d’orgue Farfisa. Bien que très court dans l’album (une vingtaine de secondes), ce passage est en fait un bout d’une chanson complète que Paul avait écrite en Inde en 1968 durant la retraite des Beatles à Rishikesh. En l’incluant ici, McCartney boucle la boucle temporelle et idéologique : Off the Ground se termine sur un message de conscience cosmique, reliquat de l’ère Peace & Love, prolongeant ainsi l’espoir et l’idéalisme qu’il a insufflés tout au long du disque. Cette pirouette finale est le dernier témoignage de l’état d’esprit résolument positif de l’album, qui malgré ses imperfections, se veut une célébration de la paix, de l’amour et de l’action collective.

Contexte de sortie et réception critique (1993)

Off the Ground paraît le 1er février 1993, soit presque quatre ans après le succès de Flowers in the Dirt. L’attente était grande, et l’album s’est retrouvé scruté par une critique partagée. D’un point de vue commercial, il démarre honorablement au Royaume-Uni en se hissant à la 5ème place des charts, mais il glisse assez rapidement hors du Top 10. Aux États-Unis, la réception est plus tiède : l’album n’atteint que la 17ème position du Billboard 200 et s’y écoule à 53 000 exemplaires la première semaine. C’est, fait notable, le premier album de McCartney à ne contenir aucun véritable hit aux USA depuis l’album Wild Life en 1971. Les singles peinent en effet à s’imposer sur les marchés anglo-saxons : “Hope of Deliverance”, pourtant très entraînant, ne se classe que 18ème des ventes britanniques et n’entre pas dans le Top 40 américain (il atteindra tout de même la 27ème place en radio Adult Contemporary aux USA). Le second 45 tours, “C’Mon People”, a un succès mineur en Angleterre et passe inaperçu outre-Atlantique. Toutefois, paradoxe intéressant, Off the Ground connaît un accueil bien meilleur dans d’autres pays : l’album se vend très bien en Espagne, et au Japon il fait même mieux que Flowers in the Dirt en termes de ventes cumulées. En Allemagne, il devient l’album le plus vendu de McCartney, restant 20 semaines dans le Top 10 et décrochant un disque de platine (plus de 500 000 exemplaires expédiés). L’Europe continentale adopte particulièrement “Hope of Deliverance”, qui se classe dans le Top 5 de plusieurs pays et résonne comme un hymne optimiste en cette première moitié des années 90.

Sur le plan critique en 1993, les avis sont mitigés. De nombreux commentateurs considèrent Off the Ground comme un cran en dessous de Flowers in the Dirt. Comme le résumera plus tard un article du Monde, cet album « n’a pas réitéré la réussite artistique et commerciale » de son prédécesseur de 1989. Certains journaux évoquent un disque bien produit et agréable mais dépourvu de véritables moments de grâce. Le magazine Entertainment Weekly se montre sévère en lui attribuant la note C–, signe d’une déception face à un album jugé trop moyen. Le Rolling Stone Album Guide rétroactivement ne lui accordera que 2 étoiles sur 5, confirmant une certaine tiédeur dans l’appréciation. En revanche, d’autres critiques sont plus enthousiastes.

Ainsi, le Chicago Tribune salue Off the Ground comme « son meilleur album studio en une décennie », rien de moins. Sans occulter les faiblesses de l’album, le journal de Chicago applaudit un « travail de pop solidement réalisé, parfois inspiré », notant que McCartney y retrouve un certain punch qui manquait à ses opus récents. Le critique souligne le choix judicieux de conserver le même groupe resserré et la production dépouillée qui avaient fait merveille sur le live Unplugged, conférant ici une énergie revigorante à l’ensemble. Ce même article du Tribune reconnaît que tout n’est pas parfait – il épingle “Biker Like an Icon” comme « à moitié finie » et trouve “Golden Earth Girl” et “Get Out of My Way” « bien insignifiantes », tout en déplorant « des paroles trop souvent bancales » sur l’album. Néanmoins, le chroniqueur insiste sur les nombreux éclats pop du disque : il est charmé par “Hope of Deliverance” et ses rythmes ensoleillés qui évoquent les Beatles, et il salue l’énergie insoupçonnée de McCartney sur certains titres. En particulier, il met en avant le punch de la chanson “Off the Ground” dynamisée par la slide guitar de Hamish Stuart, ainsi que le rock mordant de “Looking for Changes” où McCartney livre « l’une de ses prestations les plus rageuses et convaincantes de ces dernières années ». Le Tribune conclut en notant que cette sincérité et cette ardeur parcourent une bonne partie de l’album, McCartney ayant appris à équilibrer sa tendance à la facilité mélodique par une authenticité émotionnelle retrouvée. Sont également loués sa prouesse vocale sur “The Lovers That Never Were” et le caractère envoûtant de “Winedark Open Sea”, preuve qu’il sait tirer le meilleur de mélodies simples en les habitant pleinement. En somme, pour ce journal, Off the Ground est un album solide et sous-estimé, porteur d’un message d’espoir qui, s’il n’a rien de révolutionnaire, sonne nécessaire et sincère.

Du côté de la presse britannique, le ton est resté globalement courtois mais mesuré. La revue Q Magazine (mars 1993) note qu’après le faste de Flowers in the Dirt, McCartney a opté pour un album plus modeste et cohérent, sans chercher le single à tout prix – une prise de risque artistique saluée, même si le résultat manque parfois d’audace. Le New York Times, sous la plume d’Allan Kozinn (février 1993), dresse un parallèle intéressant en titrant que McCartney « cherche à renouer avec sa gloire passée ». Kozinn y salue quelques belles mélodies et l’entrain du groupe, tout en regrettant que l’album ne retrouve qu’en de trop rares moments l’étincelle des grandes heures. En France, la réception critique est polie : des magazines comme Rock & Folk ou Télérama évoquent un McCartney en forme vocale, proposant un album agréable mais sans titre majeur inoubliable. Pour Les Inrockuptibles, Off the Ground témoigne de la dualité de McCartney : un génie de la pop qui hésite entre la prise de risque (les chansons engagées) et le confort de ses recettes éprouvées, ce qui donne un disque inégal. Globalement, l’album souffre de la comparaison avec la déferlante de nouveauté de la scène Britpop émergente en 1993 (Suede, Blur, etc.), qui fait passer McCartney aux yeux de certains pour un vétéran un peu à part de son époque.

Héritage et réévaluation de l’album

Dans les années qui ont suivi sa sortie, Off the Ground a connu un destin discret. Après la tournée mondiale The New World Tour 1993 – durant laquelle McCartney intègre tout de même six chansons de l’album dans la setlist, preuve de la confiance qu’il lui accordait – peu de titres ont survécu dans les concerts ultérieurs. Une fois la tournée achevée et le live Paul Is Live publié fin 1993, McCartney tourne la page : dès 1994-95, il se consacre au projet monumental des Beatles Anthology avec George Harrison et Ringo Starr, puis à des excursions plus expérimentales (album techno Strawberries Oceans Ships Forest sous le pseudonyme The Fireman en 1993, musique classique avec Standing Stone en 1997, etc.). Il faut attendre 1997 pour que Paul revienne à la pop grand public avec Flaming Pie, un album qui sera acclamé comme son grand retour créatif. Avec le recul, Off the Ground apparaît donc comme une œuvre charnière, l’aboutissement de la période 80’s de McCartney et le prélude à un semi-retrait des studios au milieu des années 90. Comme l’écrit un journaliste, cet album de 1993 marque « la fin d’années difficiles dans la carrière solo de McCartney dont Tug of War (1982) avait été le dernier couronnement critique », clôturant un cycle avant la renaissance de la fin de décennie.

Au fil du temps, la perception de Off the Ground a connu quelques évolutions. S’il a longtemps souffert d’une réputation d’album mineur, voire un peu « daté », une partie des fans de McCartney et certains critiques le réévaluent plus positivement aujourd’hui. En 2023, pour le 30ème anniversaire de sa sortie, des articles rétrospectifs sont parus – soulignant souvent qu’il s’agit d’un disque sous-estimé dans l’œuvre de McCartney. Par exemple, le site Rock and Roll Globe pose la question de savoir si Off the Ground est un « joyau méconnu ou le point faible de McCartney ». L’autrice Gillian G. Gaar y note que l’album a été « plus oublié que véritablement dénigré » : il s’est simplement fait éclipser entre le retentissant Flowers in the Dirt (lié à la grande tournée de 1989) et le brillant Flaming Pie (1997) qui a fait l’unanimité. Sans hit majeur ni chanson devenue un classique absolu, Off the Ground serait passé un peu sous le radar, connu surtout des Maccamaniacs. Toutefois, Gaar souligne aussi que l’album recèle de belles réussites mélodiques et une cohérence dans son ton optimiste et bienveillant. D’autres auteurs mettent en avant le fait que c’est l’opus où McCartney a osé être le plus militant, ce qui en soi est notable dans sa carrière.

Sur les forums et réseaux sociaux de fans, Off the Ground voit sa cote remonter doucement. Beaucoup reconnaissent aujourd’hui la qualité de morceaux comme “Hope of Deliverance” (dont la fraîcheur reste intacte en concert, d’ailleurs Paul l’a occasionnellement réintégrée à ses setlists, notamment en Amérique du Sud où la chanson est très aimée), “Winedark Open Sea” (souvent cité comme un trésor caché pour sa beauté planante) ou “The Lovers That Never Were” (admiré pour sa puissance vocale). Les faces B de l’époque, accessibles via The Complete Works, ont également contribué à la réévaluation : nombre de fans considèrent que des titres comme “Kicked Around No More” ou “Calico Skies” (pardon, “Calico Skies” est sur Flaming Pie, erreur) – disons “Style Style” ou “I Can’t Imagine”, issus des mêmes sessions – auraient mérité de figurer sur l’album, ce qui aurait pu en augmenter la force. Ces discussions montrent en tout cas que Off the Ground suscite un attachement réel chez ceux qui ont pris le temps de l’écouter en profondeur.

En termes d’héritage, Off the Ground n’a pas encore bénéficié (à la date de 2025) d’une réédition luxueuse dans la collection Paul McCartney Archives. Mais il a été inclus dans diverses compilations partielles (les Paul McCartney Collection CD des années 90) et reste disponible en numérique. Sa tournée associée, le New World Tour, restera la dernière avec Linda McCartney sur scène – un aspect émotionnel fort, Linda nous ayant quittés en 1998. L’album est ainsi indissociable du souvenir de la présence de Linda aux côtés de Paul, que ce soit dans les chœurs, aux claviers ou dans les thèmes abordés (elle qui l’a tant inspiré pour l’engagement animalier et écologique).

Plus largement, on peut considérer que Off the Ground a servi de tremplin vers la suite de la carrière de McCartney. S’il n’a pas eu le retentissement espéré en 1993, il lui a permis de repartir en tournée mondiale et de rester dans le paysage musical à une époque charnière. Il constitue le chant du cygne de la phase « mainstream adulte » de McCartney avant qu’il ne se réinvente à la fin des 90s en profitant du regain d’intérêt pour les Beatles (Anthology) et en renouant avec une inspiration plus spontanée (Flaming Pie étant souvent considéré comme son retour en grâce). Dans l’histoire globale, Off the Ground apparaît donc comme un album de transition, attachant par son authenticité et son optimisme inébranlable.

Pour conclure, si Off the Ground n’a pas le statut iconique d’un Band on the Run ou la modernité d’un Chaos and Creation in the Backyard, il mérite qu’on s’y replonge avec une oreille neuve. On y décèle un Paul McCartney sincère, qui sans chercher le tube à tout prix, nous offre une collection de chansons généreuses, reflet de ses préoccupations du moment. C’est le portrait d’un artiste de 50 ans (en 1993) qui, plutôt que de céder aux modes du grunge ou de la techno alors en vogue, préfère rester fidèle à son univers fait d’idéaux pacifistes, de mélodies soignées et d’une envie intacte de partager de la musique « pour le plaisir ». En ce sens, Off the Ground est l’album d’un McCartney artisan passionné, peut-être moins flamboyant qu’à d’autres époques, mais tout aussi touchant pour qui saura écouter les messages qu’il porte – des messages d’amour, d’espoir et de conscience que, trente ans plus tard, on accueille toujours avec un certain bonheur.


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