Léonie Pernet ‘ Poèmes Pulvérisés

Après Crave en 2018 et Le Cirque De La Consolation en 2021, revoici Léonie Pernet avec un troisième album empli de références qui forment une myriade culturelle autour d’elle.

Déjà, le titre de l’album Poèmes Pulvérisés reprend directement celui d’un recueil de René Char (Poème Pulvérisé, 1945) dont elle a découvert les vers « J’ai pris ma tête comme on saisit une motte de sel et je l’ai littéralement pulvérisée » qui l’ont chamboulée ! Cette découverte du poète français est arrivée juste à son retour d’une autre découverte, celle de son pays d’origine paternelle : le Niger ! On comprend alors l’importance de l’Afrique pour elle et cela se reflète tout au long de l’album, dans la musique ou dans les paroles – « Touareg », « Paris-Brazzaville » ou, justement, « Acid Niger ».

Le morceau d’ouverture reprend sans surprise le poème « Argument » de René Char, lu par l’actrice Louise Chevillotte, et initialement composée pour le film Brûler Pour Briller de Patricia Aillo. De même, notez que « Les rênes » figurait sur la bande originale de la série H24.

Plus loin, on peut également entendre, sans surprise, les voix de trois membres de sa famille : son frère Pierjean chante sur « Le pas de l’au-delà », puis on entend une discussion entre sa grand-mère et sa tante sur « Nymphéas », tandis que sur « Réparer le monde », Léonie est accompagnée par l’artiste Clara Ysé (qui est chanteuse mais aussi romancière et poète).

Si les premières écoutes sembleront obscures et froides, la chaleur humaine du message et surtout de la personnalité de Léonie réussit par transparaître tout au long des onze poèmes qu’elle pulvérise finalement avec une douceur qui fait beaucoup de bien – le tout entre sonorités électro et pop teintées d’ambiances africaines qui me font penser par exemple au groupe Tinariwen.

Sans le moindre compromis, Léonie Pernet se rapproche de Christine And The Queens et de Zaho de Sagazan.

(in Heepro Music, le 08/06/2025)