de Stephan Schäfer Roman - 140 pages
Editions Actes Sud - juin 2025
Un samedi de bon matin, notre homme d’affaire de séjour dans sa résidence secondaire, croise le chemin de Karl, cultivateur de pommes de terre et épicurien dans l’âme. Ces deux hommes, grâce au naturel et à la sociabilité de Karl, vont immédiatement s’apprécier et démarrer une amitié. De café en discussion, de nage en déjeuner, les heures passent et tout ce bonheur neuf retient notre homme. Une journée particulière, et puis une seconde...
L’écriture, donc la traduction de Stéphanie Lux, est agréable et on entre avec plaisir dans cette vie un peu ouatée et millimétrée par le travail qui va soudainement se permettre l’inattendu, cet emploi du temps qui va prendre un chemin de traverse, s’autoriser le bonheur de la découverte, de l’exception dans le quotidien. Autant de choses si classiques pour Karl qui a une philosophie de vie centrée sur une certaine sagesse du partage et du bien à faire à l’entourage, mais totalement nouvelle pour le narrateur à la vie bien rangée.
Extrait :
"Il y avait tout ce qu’il fallait : la rosée du matin sur les prés verdoyants, le chant d’un merle, le sol souple de la forêt sous mes pas. Mais il y avait aussi ce mur invisible entre moi et le monde.
Et ainsi, à chaque pas ce n’est pas de la nature que je me rapprochais, de ce sentiment de légèreté auquel j’aspirais, mais de mon bureau mental. Et comme d’habitude, il était bien encombré : la conférence de rédaction de mardi prochain, la discussion d’hier vendredi, cette personne à qui je devais absolument écrire un mail après le petit-déjeuner, cette autre que je devais absolument réussir à joindre. Sans parler du cadeau d’anniversaire de ma tante que je devais encore acheter, si tant est que je trouve une idée."
Les premières heures de la rencontre donnent lieu à des échanges simples mais qui ont la préciosité de la spontanéité, sans intermédiaire, sans écran interposé, sans planification préalable. Il y a la volonté dans cet ouvrage de souligner ce qu'on peut souvent appeler bonheur des choses simples. Le caractère de Karl, bienveillant, chaleureux, volontaire et très sociable facilite et provoque ce début d'amitié.
Par la suite, j'ai un peu trouvé moins convaincant la seconde partie du livre, où leur découverte mutuelle se prolonge par des échanges plus longs, mais où on peut regretter un certain conformisme, davantage de platitude, un peu comme un discours obligé feel good ou un peu à l'eau de rose, davantage attendu peut-être...
Cela reste néanmoins une lecture rafraîchissante et fait office de rappel littéraire sur nos vies éphémères, nos vies dont les étés restants sont comptés...
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