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McCartney et Springsteen : le rock en majesté à Liverpool

Publié le 11 juin 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Le 7 juin 2025, Paul McCartney a rejoint Bruce Springsteen sur scène à Liverpool, offrant au public un moment d’anthologie. Entre émotion, hommage et transmission, ce concert à Anfield restera comme une page d’éternité rock.


Liverpool, samedi 7 juin 2025. La pluie anglaise s’est faite discrète ce soir-là, comme si même le ciel avait compris l’importance du moment. Sur la scène dressée dans l’antre d’Anfield, temple sacré des Reds, Bruce Springsteen et le E Street Band viennent de boucler deux soirs inoubliables. Mais ce n’est pas la setlist, pourtant somptueuse, qui restera gravée dans les mémoires. Ce qui fait vaciller l’échine de milliers de spectateurs, ce qui résonnera dans les rues de Merseyside encore longtemps, c’est l’apparition du plus illustre enfant du pays : Sir Paul McCartney.

La surprise fut totale. L’émotion, irrépressible. L’instant, déjà légendaire.

Sommaire

« Sans cette ville, il n’y aurait pas de E Street Band »

Springsteen, 75 ans, n’a jamais caché son admiration pour les Beatles. Lors de ses concerts à Liverpool, ses tout premiers dans cette ville qui a bouleversé la musique populaire, il n’a eu de cesse de rappeler la dette qu’il doit au quatuor de Penny Lane. À Anfield, il entame la soirée en déclarant, sobrement : « Without this town, there would be no E Street Band. »

Cette phrase n’est pas un hommage convenu. C’est la reconnaissance d’un héritage, d’un lignage musical dont il est l’un des plus brillants continuateurs. Car avant d’être « The Boss », Springsteen fut un adolescent bouleversé par I Want To Hold Your Hand, comme des millions d’autres. La Beatlemania a traversé l’Atlantique pour venir féconder les guitares de l’Amérique post-Kennedy. Et c’est dans ce sillon que Springsteen a planté ses racines.

L’apparition du Beatle : l’instant suspendu

À la fin du concert, alors que le rappel s’ouvre, le Boss prend la parole. Il sourit, l’air malicieux : « Ce soir, nous avons un jeune homme, un gars du coin, qui va jouer avec nous. Je crois qu’il a du talent, et je pense qu’il va aller loin… » La foule hésite, rit, comprend. Puis, comme un coup de tonnerre : « Accueillons Sir Paul McCartney ! »

C’est l’explosion. Des cris, des larmes, des étreintes. Liverpool vient de revivre sa propre histoire, incarnée en chair et en os par l’homme qui, avec John, George et Ringo, a offert au monde un langage universel : celui des Beatles.

Paul McCartney, 82 ans, s’avance, guitare en bandoulière, sourire aux lèvres. Et quand il entonne Can’t Buy Me Love, le temps s’efface. L’Anfield d’aujourd’hui devient l’Empire Theatre de 1963, devient le Cavern Club, devient le monde entier dansant sur des riffs de jeunesse éternelle.

Une double performance, entre tradition et transcendance

Après Can’t Buy Me Love, McCartney et le E Street Band enchaînent avec une version survoltée de Kansas City/Hey Hey Hey Hey, standard rock’n’roll que les Beatles ont porté aux nues. Sir Paul, fidèle à lui-même, y insuffle toute l’énergie et la malice qu’on lui connaît. Bruce, ému, le regarde comme un gamin rencontrant son héros. Les deux hommes se serrent dans les bras, complices, respectueux, joyeux.

Paul conclut avec un sobre et touchant : « Thank you, Scousers. » La simplicité d’un homme de retour chez lui, devant les siens. Pour la première fois depuis sept ans, il chante à Liverpool. Et c’est comme si les murs de la ville avaient retenu leur souffle en attendant ce moment.

L’écho des fans : gratitude et vertige

Sur les réseaux sociaux et dans la presse locale, les témoignages affluent. Tous racontent, avec leurs mots, la même chose : l’impression d’avoir assisté à l’un de ces instants rares où la musique transcende le spectacle. Une spectatrice confie : « Ce concert, c’est le rêve d’une vie. Voir Bruce… et Paul ! Je n’en reviens toujours pas. »

D’autres évoquent le choc de la révélation, les larmes de surprise, les cris de joie irrépressibles. Une mère raconte que sa fille de 11 ans vivait là son premier concert. « Elle a chanté, dansé, ri… Ce fut un moment de pur bonheur. » Un autre fan résume ainsi la soirée : « J’ai vu le Boss, j’ai vu un Beatle. Le meilleur concert de ma vie. »

Des mots simples, mais porteurs d’une ferveur authentique. Une ferveur que seule la musique peut susciter à ce degré.

Liverpool, matrice d’un rock éternel

Anfield a été plus qu’un stade, ce soir-là : un sanctuaire. Springsteen, en foulant le sol de la ville natale des Beatles, a bouclé une boucle. Son propre parcours, de Freehold (New Jersey) aux plus grandes scènes du monde, est une variation du rêve né à Liverpool.

Il l’a dit lui-même : « Être à Liverpool et jouer avec un Beatle… c’est un rêve qui devient réalité. » Rarement le rock a su dire merci aussi humblement, aussi sincèrement. Ce geste, loin de tout opportunisme, relevait du pèlerinage. Et pour Paul McCartney, qui continue à se produire avec une énergie intacte, c’était une manière de rappeler que sa musique, loin d’être figée, vit encore.

Le futur comme promesse, pas comme épilogue

Ce concert exceptionnel ne marque pas une fin, mais un passage. Bruce continue sa tournée européenne, Paul prépare la sortie de son prochain livre Wings: The Story of a Band on the Run, annoncée pour novembre. Il y évoquera les années post-Beatles, ses errances, ses reconstructions, ses fulgurances aux côtés de Linda McCartney et de leur formation souvent négligée, Wings.

À travers ce projet éditorial, McCartney poursuit son œuvre de transmission. Il refuse la muséification. Il veut raconter, expliquer, transmettre. Il veut que la musique reste un récit vivant, en constante réinvention.

Quand les légendes se croisent, l’instant devient éternité

Il est rare que deux figures d’une telle envergure se retrouvent sur une même scène, sans calcul, sans promesse commerciale, juste pour le plaisir de jouer. Ce fut le cas à Liverpool. Il ne s’agissait ni d’un hommage ni d’une reconstitution. Il s’agissait d’une offrande.

McCartney, héros discret et infatigable, et Springsteen, conteur engagé et flamboyant, ont incarné ensemble quelque chose de plus grand qu’eux : l’âme du rock. Celle qui traverse les générations, les océans, les époques.

Et si les souvenirs de ce 7 juin 2025 s’inscrivent déjà dans la légende, c’est parce que, ce soir-là, le passé n’a pas ressuscité — il a simplement continué à vivre, à battre, à vibrer.

Liverpool, 2025. Le rock n’a pas dit son dernier mot. Il chante encore.


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