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Court, noir, sans sucre

Publié le 01 juillet 2025 par Adtraviata
Court, noir, sans sucre

Quatrième de couverture :

Emmanuelle Urien joue avec nos sens, avec la vie, la mort, la peur. Elle fond humour et cruauté en une seule lame qui, l’air de rien, décortique nos âmes. Personne ne peut lire ce recueil de nouvelles sans mourir – un peu.

Mourir avec Mélanie Bix, avec son infirmière ; avec cette autre infirmière, perdue dans les guerres rwandaises ; avec Tonio, ce chauffeur de taxi qui fait admirer le monde. Mourir avec cet homme qui ne rentrera jamais de la guerre. Mourir, encore, à regarder une boîte qui contient la promesse inutile d’un monde.

Personne ne peut lire Court, noir, sans sucre sans aimer – beaucoup.

Enfin j’ai découvert la plume d’Emmanuelle Urien et je ne m’attendais pas à ce que ce soit si noir. Pourtant le titre fournit une bonne indication ! L’autrice n’épargne pas ses lecteurs ni ses personnages, qui vivent des situations soit difficiles soit aux conséquences rudes. Comme l’infirmière de cette femme en fin de vie, ce gamin trop curieux, cette femme dans l’ombre de son député de mari qui se découvre un talent artistique et pousse les limites physiques à l’extrême ou encore ce chauffeur de taxi dégringolé au bas de l’échelle. La plume claque dans les nouvelles à chute, elle fouille la violence et la misère sociales. Son humour noir fait mouche. Le titre du recueil suivant, Toute humanité mise à part, est lui aussi prometteur…

« La première fois, j’ai trouvé marrant qu’elle soit du même avis que le curé, vu qu’elle dit toujours qu’elle ne peut pas l’encadrer, celui-là, et les autres pareils, avec leurs sermons à deux balles. Cà l’a fait sauter au plafond. Pas question qu’elle soit d’accord avec cette engeance-là ! Alors elle m’a expliqué : ses dimanches à elle, c’est pour reposer ses palpitations, son arthrose et faire marner le grand Capital, tandis que le dimanche du curé, il lui sert à berner les pauvres gens et à leur faire croire au septième ciel alors qu’ils resteront leur vie entière bloqués au rez-de-chaussée, tout çà pour finir au sous-sol quand ils auront claqué. »

« Amélie a renforcé les bras et les jambes de ses sculptures avec du fil de fer, et pendant quelques jours, les silhouettes ont tenu bon. Amélie résistait elle aussi. A la fatigue, car elle ne dormait plus, elle n’avait plus le temps, elle sentait approcher la fin.
A la faiblesse qui lestait son corps pourtant si léger à présent, et l’entraînait vers le sol où elle se réveillait parfois après un malaise, secouée de nausées.
Tout cela, cependant, concourait à la naissance d’une nouvelle oeuvre, dans les cris étouffés, les larmes, la souffrance et leur probable corollaire, l’accomplissement de soi.
Elle y était presque, à quelques grammes près. »

Emmanuelle URIEN, Court, noir, sans sucre, Quadrature, 2010

Quadrature fête ses 20 ans cette année.


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