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Deux garçons bien sous tous rapports

Publié le 30 juin 2025 par Adtraviata
Deux garçons bien sous tous rapports

Présentation de l’éditeur :

Le château du village de Bellingford, au coeur de la campagne anglaise, vient d’être vendu. Ses mystérieux acquéreurs sont deux messieurs de la ville, sans lien de parenté… De quoi exciter la curiosité des habitants de cette bourgade sans histoires. Soudain un vent de folie souffle sur le village jusqu’alors tranquille, et les malentendus, quiproquos et situations absurdes se succèdent à une allure vertigineuse.
C’est avec un humour joyeux que William Corlett choisit de raconter la confrontation entre deux univers que tout oppose. Mais les différences s’estompent peu à peu et parfois même, les masques tombent…

Tout commence dans l’épicerie du village de Bellingford, une bonne source de potins et de vacheries et une bonne introduction pour présenter quelques-uns des personnages secondaires du roman et pour annoncer la grande nouvelle : le château est vendu ! Et assez vite, les villageois ébahis ou consternés découvrent que les nouveaux propriétaires sont deux messieurs qui vivent ensemble. Shocking ! pense le général Jerrold, matamore en retraite qui répand son opinion vinaigrée dans la Gazette de Bellingford. Les trois Miss (la grande, la grosse et la petite) qui partagent la même maison, elles sont prêtes à leur faire bon accueil, cela va sans dire. Quant aux nouveaux habitants, Rich, producteur de théâtre et de cinéma, et Bless, son jeune amant qui vit un peu à ses crochets, ils tentent de s’intégrer, soutenus (ou pas) par leurs amis de Londres, Lawrence et Maggie. Mais les aléas de la vie, une jeune femme échappée d’une secte poursuivie par une autre adepte et par son frère, qui viennent tous deux s’échouer dans le parc du château, vont leur compliquer la vie. Ajoutez à cela une femme de ménage un rien flemmarde qui s’appelle Doris Day (si, si), l’épouse timorée et la soeur sensuelle du général, et vous avez tous les ingrédients pour un vaudeville, avec portes qui claquent, thés déjantés, personnages planqués, quiproquos, bref de quoi passer un bon moment d’humour anglais ! Certes il y a beaucoup de personnages secondaires mais on parvient à s’y retrouver dans cet imbroglio aux dialogues savoureux qui ne manque pas de surprises. Mais finalement c’est aussi l’occasion de parler de tolérance et de respect des différences (sans lourdeur, je vous rassure !)

« – Deux messieurs, dites-vous, Mrs Day ? lança-t-elle d’un ton animé, voire amical. Ils sont donc deux alors ?
– C’est exact. Deux messieurs seuls.
– Le père et le fils, peut-être ? Ou bien des frères ?
– Mon Dieu, non, pas du tout. Je vous dis : deux messieurs seuls. Allons, nous savons ce que ça veut dire, n’est-ce pas ?
Mrs Jerrold était maintenant nettement intriguée.
– Deux messieurs seuls, ma chère, répéta Mrs Day avec un rien de dégoût. Voilà ce qui arrive à notre bon vieux château. Miss Price, que Dieu ait son âme, mourrait en apprenant ça – enfin, si elle n’était pas déjà morte.
– Pardonnez-moi. Je ne vous suis absolument pas, dit Mrs Jerrold en ouvrant la boîte à pain d’épice.
– Deux messieurs, voyons. Vous savez…
– Quoi donc ?
– Des homos, pardi.
– Des hommes au paradis ? … Le jeune homme m’a pourtant semblé bien vivant… Je ne vous suis pas très bien, Mrs Day.
– Laissez tomber. »

William CORLETT, Deux garçons bien sous tous rapports, traduit de l’anglais par Jean Rosenthal, Robert Laffont, collection Pavillons poche, 2012 (Nil éditions, 1999)

La collection Pavillons poche fête ses 20 ans en 2025.

Et c’est ma dernière participation au Mois anglais.

Deux garçons bien sous tous rapports

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