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Estranha bandeja de vidro

Publié le 13 juillet 2025 par Paulo Lobo
Estranha bandeja vidro
Souffle. Expiration. Respiration.

Quand je mourrai, tous mes préjugés mourront avec moi.

Ils s’effaceront.
Avec eux, mes souvenirs, mes mémoires.
Avec eux, ma propre personne.
Avec eux, mes petites tartines beurrées du matin .
Avec eux, mon amour des palourdes 
Et mes envies de lumière. 

Alors, à quoi bon ?

Pourquoi suis-je… obnubilé par… cette obsession de saisir chaque instant au vol ?
Pourquoi ce besoin de me répéter : 
c’est maintenant, et non pas plus tard ?
Maintenant, et non pas demain.
Maintenant, sans répit ni réserve.

Tous les jours du calendrier sont… lourdement armés. 

Chargés jusqu’aux dents
Assignés à des tâches multiples.
Ils ne valent pas leur paysan d’or.

Et si, tout à coup, je décidais de ne plus rien faire ?

Même pas le geste le plus apparemment nécessaire ?
Et si je choisissais simplement de m’arrêter —
rester au lit,
ou bien assis dans un fauteuil,
ou sur un banc public ?
Et simplement ne plus rien faire,
ne plus rien vouloir,
ne plus rien souhaiter,
ne plus rien attendre ?

Ne plus rien demander.Le bonheur, peut-être que c’est ça.

Quelque chose qui ressemblerait à cela.
Mais il faudraitcqu’il n’y ait ni douleur physique,
ni souffrance psychique.
Il faudrait qu’il y ait cette sorte de page blanche,
une surface limpide, légère, à peine voilée.
Une page blanche qui n’entendrait plus qu’un silence absolu et éternel.

Il faudrait que,

à chaque instant,
je puisse me dire :
laisse-le courir. Ce n’est pas important.
Cela ne dépend pas de toi.

Et puis les sons qui te parviennent,

les images qui s’offrent à toi,
les odeurs qui t’enveloppent,
les choses qui pourraient te ravir
ou celles qui pourraient te blesser —
ignore-les.

Puisque le temps emportera tout avec lui.Idéalement, choisis un lieu épuré, neutre.

Idéalement, ne regarde rien d’autre que ton fort intérieur.
Idéalement, dis-toi que,
quand la flamme s’éteint doucement
et que la lumière s’évanouit peu à peu,
il flotte une sorte de paix,
une sérénité dans l’air.
Assez fascinante.
Douce et contraignante. 

Qui te calme.Et les familles, dans tout ça ?

Et les enfants, si mignons —
puis devenus adolescents, si méchants.
Et les adultes, si indécis,
à l’appétit jamais rassasié.
Les adultes qui travaillent,
qui obéissent à des règles,
à des nomenclatures,
qui font comme tout le monde,
pensent comme tout le monde,
n’ont pas leur propre avis,
car ce qui compte,
c’est ce que pense l’opinion publique.

Tant pis pour cette masse, qui a toujours tort.

Mais… est-ce que l’individu, lui, a raison ?

Je ne suis pas certain.

Que l’individu ait raison,
et les masses tort.

Je pense simplement qu’il faut lâcher prise.

Ne plus rien désirer.
Se laisser évanouir
dans l’immensité de l’univers souhaité.

L’évaporation de toute particule de mon être.

Sa dissolution dans un infini cosmique, incommensurable et indescriptible, totalement indicible.

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