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« D’écorce de sable » de Béatrice Pailler (Poésie)

Par Etcetera
D’écorce sable Béatrice Pailler (Poésie)Couverture chez A l’index

Béatrice Pailler a eu la gentillesse de m’envoyer son livre – nous avons échangé nos recueils après un contact sur ce blog – et ce fut une belle découverte.
« D’écorce de sable » était paru en 2022 dans la collection Les Plaquettes de la revue poétique A l’index, dirigée par Jean-Claude Tardif.
Les poèmes sont accompagnés de cinq œuvres de Jean-Marie Barrier, des peintures en dégradés de noir, probablement des lavis d’encre.
Le titre est prolongé par un sous-titre : Ombres portées du silence.

Note biographique sur l’auteure

Béatrice Pailler vit à Reims, ville où elle a exercé pendant vingt ans le métier de libraire. Depuis 2012, elle se consacre à l’écriture alternant prose et poésie. L’auteure façonne son propre langage poétique par un travail sur la langue et sa musicalité. Elle tente ainsi d’approcher ce qu’elle nomme la poétique du monde pour elle indissociable de la création.
(Source : éditeur)

Mes impressions de lecture

Ce recueil est composé de deux parties : Présence et Temps. Les poèmes, des proses, sont plus courts dans cette deuxième partie, parfois même réduits à trois ou quatre lignes. Comme si le thème du temps appelait une forme plus ramassée, des pensées plus lapidaires. Une concision qui cherche à capter l’instant. La première partie est essentiellement consacrée aux arbres. Bien que l’aspect descriptif soit présent, il m’a semblé que Béatrice Pailler percevait aussi, à travers ces arbres, des significations profondes. La nature n’est pas seulement un décor – aussi belle qu’elle soit – mais elle parle à notre intériorité et nous invite à méditer. Les sensations sont très prégnantes dans cette poésie, le corps est en immersion dans la nature et dans le temps. Les nombreuses images et métaphores tissent des correspondances entre différentes formes de vies : animaux, végétaux, humains entrent en résonance.
Comme l’écrit Béatrice Pailler, à qui je laisse le mot de la fin :
« Je rejoins dans ma conception du vivant la notion d’harmonie que l’on retrouve dans la spiritualité Navajo avec le Hozho qui rend tous les constituants du monde (inertes ou vivants) égaux entre eux car interdépendants. On ne peut nuire à l’un sans nuire à tous. C’est ainsi tous mes recueils expriment ce lien humanité-nature.« 

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Trois textes choisis

Dans la partie « Présence« 

(Page 17)

Frôlements d’insectes. Vibrations blanches tel un voile de chaleur. Aux feuillages, s’agite l’infime. Sur la patience de l’arbre processionne la vie menue. Ecriture de pattes, de mandibules, les fourmis vont et viennent : fétus confondus à l’écorce.

Vies : longue de l’arbre, courte de l’insecte ; présences que rien n’oppose que tout réunit. Infatigables, elles colonisent le vide : de l’œil, du temps ; vide refuge, pour l’arbre et l’insecte.

*

Dans la partie « Temps« 

(Page 29)

Le temps perdu a saveur de pain. Jamais sec tant la vie le nourrit. Alors la mésange viendra. Son temps n’est pas le nôtre, mais l’attente l’appelle. Elle viendra autour du pain et l’inquiète danse cessera.

*

(Page 32)

Hors nous-mêmes est le temps, hors nous-mêmes et sans visage. Il est et n’a nul besoin d’exister et si proche de l’infini qu’il se confond à lui.

Le temps créateur ne vêt pas mais dénude.

Finitude nourrie d’espoir, il est temps de vivre.

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