Magazine Culture

«Miséricorde » d’Alain Guiraudie

Par Etcetera
«Miséricorde d’Alain Guiraudie

J’ai vu « Miséricorde » d’Alain Guiraudie, au cinéma, vers le début novembre 2024, peu de temps après sa sortie. L’automne étant la saison des champignons, c’était le moment idéal pour le voir, mais je ne doute pas qu’il reste intéressant et divertissant même à d’autres époques de l’année…

Note pratique sur le film

Nationalité française
Date de sortie en salles : octobre 2024
Genre : Comédie, thriller
Durée : 1h43

Résumé du début de l’histoire

Jérémie (Félix Kysyl) est un jeune homme toulousain. Il arrive en voiture dans le village de Saint-Martial pour assister à l’enterrement de son ancien patron, un boulanger artisanal. Il s’installe quelques temps chez Martine (Catherine Frot), sa veuve. Mais, au bout de quelques jours, le fils de Martine, Vincent (Jean-Baptiste Durand), pense que Jérémie reste trop longtemps auprès de sa mère et il se met dans la tête de le faire partir. Peu à peu, la tension monte entre Jérémie et Vincent. Ils se battent dans la forêt. Mais le curé (Jacques Develay), qui officiait pour les obsèques du boulanger, apparaît soudain et apaise momentanément cette bagarre, en leur conseillant de plutôt cueillir des champignons. A la suite de cela, Vincent cherche toujours à chasser Jérémie de chez sa mère.


Mon avis


C’est un film à l’ambiance singulière, oscillant entre angoisse, humour et drame philosophique, m’a-t-il semblé. J’ai pensé parfois à « Théorème » de Pasolini comme référence assez évidente, puisque le héros est un jeune homme mystérieux dont tout le monde est plus ou moins amoureux et qui suscite le désir et le désastre partout où il passe. Par rapport à l’atmosphère du petit village du Sud-Ouest, très « France de la ruralité profonde », avec ses secrets, ses crimes et ses policiers têtus, j’ai pu penser par moments à certains Chabrol. Mais il y a aussi une grande étrangeté dans ce film – un climat général d’onirisme ou de surréalité – mêlée à des considérations très religieuses sur la culpabilité et le pardon, qui pourraient peut-être également nous évoquer Buñuel. De nombreuses références, donc, qui nourrissent un propos finalement assez chrétien, malgré des apparences qui pourraient scandaliser les cathos les plus rigoristes. Vers la fin, une longue tirade du curé semble vouloir nous rappeler à l’ordre, nous, spectateurs bien tranquillement assis : chacun s’arrange avec sa conscience car chacun est coupable, nous savons que le monde finira dans quelques décennies et cela ne nous empêche pas d’aller au cinéma. Ceci dit, ce ton un peu solennel, voire sentencieux, s’accorde parfaitement avec l’humour pince-sans-rire flottant autour de la cueillette des champignons, qui ne sont ni des trompettes de la mort ni des amanites phalloïdes, comme on l’aurait volontiers imaginé, mais des ceps et des morilles, tout aussi évocateurs ! 

**


Retour à La Une de Logo Paperblog