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De l’aide concrète

Publié le 27 juillet 2025 par Lana

Il y a des psys avec qui on parle et ils ne répondent quasiment rien. Il faut sans cesse analyser ce qu’on ressent, chercher l’origine de notre mal être, trouver les réponses seul.

Je ne dis pas que c’est inutile. Il y a évidemment des gens à qui ça convient. Et ça peut aussi être une étape nécessaire. Mais, après une conversation hier avec un ami qui s’enlise un peu là-dedans, je me suis rendu compte que ce dont j’avais besoin, ce qui m’a toujours le plus aidée, ce sont des choses plus pratiques, des paroles concrètes, et ça ne veut absolument pas dire évacuer le côté psychologique, comme le montrent les exemples qui vont suivre.

La première psychiatre qui m’a aidée avait des paroles très concrètes. Sur le diagnostic déjà. Elle disait les mots, et ça, c’était pour moi un grand soulagement, pour comprendre, avancer, partager. Alors que les Qu’est-ce que ça vous apporterait de savoir ? Pourquoi vouloir une étiquette et s’enfermer dans une maladie ? qu’on m’a servi ad nauseam pendant trois ans me rendaient folle d’incertitude, d’incompréhension, de peur et d’angoisse.

Quand je lui disais que je m’étais coupée, elle ne répondait pas comme mon psy d’avant Vous coupez de quoi ? mais Qu’est-ce qu’il s’est passé et Montrez-moi la blessure, pour en évaluer la gravité et me dire comment la soigner.

On ne cherchait pas pendant des heures jusqu’à l’absurde quand avait commencé mon mal-être. Avec mon ancien psychologue, si je disais que j’avais commencé à aller mal en décembre de l’année de mes 17 ans, je devais absolument essayer de me souvenir de la date exacte, savoir si c’était avant ou après Noël, et comme je n’y arrivais pas, il fallait que je fasse plus d’efforts. Elle, elle me donnait des trucs concrets pour gérer mon angoisse dans telle ou telle situation du quotidien.

Et avec la psychiatre que j’ai vu après, ce que j’appréciais beaucoup, c’est qu’elle n’hésitait pas à me donner son point de vue pour me faire réfléchir.

Parce que bon, la capacité à m’analyser, à me prendre la tête et à parler pendant des heures ne m’a jamais fait défaut. Mais j’ai vraiment besoin de plus qu’une personne qui ne fait qu’acquiescer.

Dans ma situation actuelle, c’est ce genre d’aide concrète qui m’apporte le plus au quotidien.

Quand une amie m’explique comment fonctionne tel ou tel appareil électrique, qu’elle m’aide pour ranger.

Quand on me dit Non, là tu dois t’arrêter et respecter tes limites, apprendre à t’écouter sans culpabiliser.

Quand on me dit Une couverture lestée pourrait t’aider à dormir.

Quand mon kiné me fait des massages pour me reconnecter à mon corps.

Quand un médecin me dit que si la secrétaire du centre antidouleur continue à me mettre des bâtons dans les roues, elle peut les appeler pour moi.

Quand une amie m’imprime les tests envoyés par la psychologue.

Et au point de vue psychologique, bien sûr que j’ai besoin de parler et d’être écoutée. Mais je me suis rendu compte que ça me fait plus avancer de discuter avec mon kiné, mon infirmière ou ma médecin qu’avec une psychologue trop neutre. Parce qu’ils me donnent leur avis, me permettent de me décaler par rapport à ce que je ressens, d’avoir un autre point de vue et de me remettre les idées en place, tout en ne me jugeant pas et en étant dans la bienveillance. Des phrases concrètes, là encore, comme Vous n’avez de compte à rendre à personne, Vous devez penser à vous d’abord, On est là pour toi et on va te soutenir, On avance ensemble.

Ce sont juste quelques exemples, et bien sûr c’est différent pour chacun. Mais des gens enlisés dans des thérapies où on finit par tourner en rond, ne plus du tout avancer, culpabiliser et finir par penser qu’on est un cas désespéré, il y en un peu trop, je trouve. Et c’est aussi parce que ce genre de psys avouent rarement leurs limites et n’orientent pas vers quelqu’un d’autre.

C’est difficile de trouver l’aide adéquate. Il n’est vraiment pas évident de comprendre de quoi on a besoin ni de trouver les bonnes personnes. Il y a des années, j’ai écrit un billet qui s’appelle Il n’y a pas de cas désespérés. Juste des gens qu’on aide pas comme il faut. Je le pense toujours. C’est un combat de trouver ces personnes sur qui compter, qui vous aideront de la façon qui vous convient. Il faut de la chance et une bonne dose de persévérance (et malheureusement, il arrive que l’ont ait ni l’un ni l’autre). Mais c’est comme cela qu’on peut continuer à vivre.


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