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Si beale street pouvait parler

Publié le 31 juillet 2025 par Lorraine De Chezlo

beale street pouvait parlerde James Baldwin

Roman - 250 pages

Editions Stock - mai 1997

Editions Livre de poche - mai 2025

Aux États-Unis, Tish (Clémentine) et Fonny (Alonzo) se connaissent depuis l’enfance. À 19 ans, la jeune Tish tombe amoureuse de Fonny, à l’évidence. Lui est un jeune sculpteur noir, elle est vendeuse. Quand elle tombe enceinte, ils ont plein de projets ensemble et leurs familles respectives se rapprochent. Mais surtout, elles vont se rapprocher davantage, s’unir, lorsque Fonny sera injustement accusé d’avoir violé une jeune femme portoricaine et sera rapidement emprisonné. Fonny, enceinte, lui rend visite au parloir autant que possible. Avec leurs familles et surtout avec la sœur de Tish, Ernestine, ils vont tout entreprendre pour entamer des démarches afin de faire reconnaître l’innocence du jeune homme dans une Amérique où tout cela n’est pas rendu facile.

Après une superbe préface de Geneviève Brisac, le roman commence avec la langue de James Baldwin, une langue très vivante, sanguine, qui happe le lecteur dès les premières pages. En dressant le portrait de ces deux jeunes gens épris de liberté, d’amour sans arrière-pensée, inconditionnel, comme prolongeant leur enfance, et ce destin, qui les jette rapidement dans l'âpreté de la vie, dans les luttes existentielles et dans la conscience d’un racisme d’état, c’est comme si on voyait le jeune James Baldwin, à travers la figure de Tish.

Extrait :

"Fonny avait trouvé quelque chose qu'il pouvait faire, qu'il voulait faire et c'est ce qui l'a sauvé de la mort qui attendait tant d'enfants de notre âge. La mort prenait certes des formes diverses ; les gens mouraient tôt et de différentes façons, mais la mort elle-même était simple, tout comme son origine, aussi simple qu'une épidémie: on avait dit aux gosses qu'ils n'étaient que de la merde et tout ce qu'ils voyaient autour d'eux le confirmait. Ils luttaient, luttaient tant qu'ils pouvaient, mais ils finissaient par tomber comme des mouches, ils s'entassaient sur les détritus de leurs vies, comme des mouches. Peut-être me suis-je accrochée à Fonny, peut-être Fonny m'a-t-il sauvée parce qu'il était à peu près le seul garçon que je connaisse qui ne se piquait pas, ne buvait pas, n'attaquait pas les gens et ne faisait pas de hold-up dans les magasins - et ses cheveux n'avaient jamais subi de conk, ils étaient restés crépus."

Je n’ai pas vu l’adaptation cinématographique qui a été faite de ce roman, If Beale Street could talk, en 2018, par Barry Jenkins, mais le livre m’a subjuguée. C’est avec celui-ci que je fais la rencontre de l’immense écrivain qu'est James Baldwin. Très émouvant, un roman pour une histoire d’amour comme il en a existé tant, mais une histoire d’amour dans un décor, à la fois gai, fait, d'invectives bienveillantes, dans une gouaille populaire, mais avec des personnages que l'auteur transforme en héros. Un magnifique roman.

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