de Clarence Angles SabinRoman - 190 pages
Editions Le Nouvel Atila - août 2025
Malu est une jeune fille qui grandit à la ferme du Bosquet, entourée de son père et sa grand mère. Après sa journée au collège, son retour en car, c’est la vie laborieuse agricole qui l’attend. Malu est une fille taiseuse, qui se frotte aux éléments, les mains dans la terre, à souvent y faire des trous pour y enterrer les agneaux morts, quand elle n’utilise pas ses doigts pour s’automutiler et creuser sa peau de blessures. A mesure que le temps passe, son attachement aux Bosquets ne fait que se confirmer, alors qu’elles est bien souvent confrontée à la mort, à l’âpreté de la vie, à l’échine courbée de son père qui travaille seul jour et nuit, à la vieillesse et la maladie de sa grand-mère qu’il fait aider.
Loin d’être un roman tourné vers le pathos, Malu à contre-vent est le portrait d’une fille forte, façonnée à l’image de son territoire, isolé et exigeant. Entre ses collines - notamment celle de l'estela - elle puise une énergie et fait face avec calme et sérénité apparents (par l’économie de mots) à nombre de duretés du quotidien. Mais apparentes sont aussi les traces sur sa peau, sa recherche du sang, effrénée, qu’elle apprendra à cacher. Autour d’elle, il règne une solitude sociale mais ses liens avec la chienne Sola, sa grand-mère et son père n’en sont que plus forts, on les souhaiterait éternels...
Extrait :
"Malu avait eu très jeune conscience de l’écoulement du temps, parce qu’il ne peut se mesurer facilement. Et surtout, se concrétiser matériellement. Il suffisait de contempler cette colline. Les trous irréguliers, creusés par Manu, les épis qui dévalent la pente et forment tout en bas leur propre butte, le chêne qui s’affaisse et se courbe en direction du soleil. L’estela avait des rides de maïs et des ridules de terre. Le temps ne s’y écoutait pas comme ailleurs. Il subissait plus intensément les fluctuations de la vie et de la mort. Ainsi, l’estela vieillissait avant tout le monde."
Comme un roman d’apprentissage rural, écrit dans une langue bouleversante, Malu à contre-vent porte un souffle fort et poétique. Il m’évoque un peu les romans de Marie-Hélène Lafon ou Cécile Coulon (le gang littéraire de l'Aveyron-Aubrac...). C'est un magnifique premier roman qui sait jouer du mystère, de la noirceur, de la cruauté de la mort dans la vie.
L'avis d'Alain Deroubaix - Au vent des mots
Lire les 16 premières pages - Calaméo


