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George Harrison et la quête de vérité dans The Answer’s At The End

Publié le 06 août 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

En 1975, George Harrison sort son sixième album solo, Extra Texture (Read All About It), un disque marqué par une profonde mélancolie et une introspection exacerbée. Parmi les titres les plus marquants de cet album figure The Answer’s At The End, une ballade introspective qui s’inscrit dans la continuité du travail de Harrison, mêlant spiritualité, méditation et influences musicales raffinées. Ce morceau trouve son origine dans les aphorismes inscrits sur les murs de sa demeure, Friar Park, une propriété à l’histoire singulière ayant appartenu à Sir Frank Crisp, personnage excentrique dont les maximes ont inspiré plusieurs chansons de Harrison.

Sommaire

Un message tiré des murs de Friar Park

Derrière The Answer’s At The End, se cache une inspiration littérale, presque mystique : une maxime laissée par Sir Frank Crisp, l’ancien propriétaire de Friar Park. Parmi les nombreuses inscriptions ornementales du domaine, celle qui capte l’attention de Harrison est la suivante :

Scan not a friend with a microscopic glass, you know his faults, now let his foibles pass. Life is one long enigma true my friend, read on, read on, the answer’s at the end.

Traduite en français, cette maxime peut être interprétée comme une invitation à la tolérance et à l’acceptation des imperfections humaines. Harrison, à cette époque, est encore marqué par les tensions post-Beatles et par ses relations parfois conflictuelles avec ses anciens camarades, en particulier Paul McCartney. La chanson semble ainsi être une tentative de prise de recul, un effort pour faire la paix avec les blessures du passé.

Une composition qui rappelle Isn’t It A Pity

Musicalement, The Answer’s At The End rappelle l’un des morceaux phares de Harrison, Isn’t It A Pity, issu de All Things Must Pass (1970). Ce parallèle est assumé par Harrison lui-même, qui chante :

Isn’t it a pity how we hurt, the ones that we love the most of all.

Cette similitude n’est pas anodine. À travers cette ballade au tempo majestueux et aux accords diminués, Harrison exprime une forme de regret et de sagesse accumulée au fil des années. Il reconnaît les blessures causées aux êtres aimés et prône la bienveillance comme remède. L’influence de Nina Simone, notamment sa reprise de Isn’t It A Pity, a également joué un rôle dans l’élaboration de la structure et de l’ambiance musicale du morceau, en particulier dans la partie centrale.

L’empreinte de George Harrison sur Extra Texture

Sorti aux États-Unis le 22 septembre 1975 et au Royaume-Uni le 3 octobre de la même année, Extra Texture est un album à part dans la discographie de George Harrison. Moins spirituel que Living in the Material World (1973) et moins ambitieux que All Things Must Pass, cet album traduit une période de remise en question pour l’ex-Beatle. L’époque est difficile pour Harrison : son mariage avec Pattie Boyd bat de l’aile, il est épuisé par les querelles juridiques entourant My Sweet Lord et son label Dark Horse Records peine à s’imposer.

Dans ce contexte, The Answer’s At The End s’inscrit comme un moment de pause et de réflexion, où Harrison prend du recul sur les conflits et cherche à embrasser une forme de sérénité.

Un casting de musiciens talentueux

L’enregistrement de The Answer’s At The End bénéficie de la participation de musiciens aguerris, apportant chacun une touche subtile à l’ensemble. Aux côtés de Harrison, qui assure les parties vocales ainsi que celles de guitare acoustique 12 cordes et de guitare électrique, figurent :

  • David Foster au piano, dont les arrangements viennent structurer la douceur du morceau,
  • Gary Wright à l’orgue, ajoutant une atmosphère vaporeuse et méditative,
  • Paul Stallworth à la basse, qui confère une assise rythmique sobre mais essentielle,
  • Jim Keltner, batteur de renom ayant déjà collaboré avec Harrison et d’autres ex-Beatles,
  • Norm Kinney, qui enrichit la texture sonore avec des percussions légères (tambourin et shaker).

L’ensemble aboutit à une composition élégante, où chaque instrument semble trouver naturellement sa place dans un dialogue apaisé.

Une sagesse transmise jusqu’à la fin

Si The Answer’s At The End reste une chanson relativement méconnue du grand public, elle n’en demeure pas moins une pièce maîtresse de l’univers de George Harrison. Sa philosophie empreinte d’humanisme trouve un écho particulier dans la relation tumultueuse entre les anciens Beatles. En témoigne une anecdote de 2001, où, lors d’un chat en ligne sur Yahoo!, Harrison cite les paroles du morceau lorsqu’un fan l’interroge sur ses relations avec Paul McCartney :

Scan not a friend with a microscopic glass – You know his faults – Then let his foibles pass.

Une réponse pleine de sagesse et de recul, prouvant que malgré les querelles et les rancunes, l’essentiel demeure la reconnaissance de l’humanité en chacun.

Ainsi, The Answer’s At The End n’est pas simplement une chanson : c’est un mantra, un message intemporel qui résonne bien au-delà des murs de Friar Park. Une invitation à la bienveillance et à l’acceptation, écho parfait de la philosophie de son auteur.


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