Picasso’s Last Words : Comment McCartney a créé un chef-d’œuvre cubiste

« Picasso’s Last Words (Drink To Me) » de Paul McCartney & Wings est bien plus qu’une chanson : une expérimentation audacieuse. Née d’un défi de Dustin Hoffman, cette pièce mêle influences cubistes et improvisation. Enregistrée au Nigeria avec des percussions improvisées et des montages sonores, elle se distingue par sa structure éclatée et ses changements de rythme. McCartney y rend hommage à Picasso tout en adoptant une approche musicale déconstructiviste, prouvant une nouvelle fois son génie créatif.

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Le morceauPicasso’s Last Words (Drink To Me), issu de l’albumBand On The Runde Paul McCartney & Wings, est bien plus qu’une simple chanson. Il incarne une expérimentation musicale audacieuse, mêlant improvisation, hommage et influences cubistes. Né d’un défi lancé par l’acteur Dustin Hoffman, ce titre illustre parfaitement la créativité instinctive de McCartney et sa capacité à transposer une simple conversation en une œuvre musicale complexe et fascinante.

Sommaire

• Une naissance impromptue lors d’un dîner en Jamaïque
• Une expérimentation musicale dans l’esprit du cubisme
• Une composition fragmentée et hétéroclite
• Un hommage vibrant à Picasso

Une naissance impromptue lors d’un dîner en Jamaïque

En 1973, Paul et Linda McCartney se trouvent à Montego Bay, en Jamaïque. Ils y retrouvent Dustin Hoffman et Steve McQueen, alors en plein tournage du filmPapillon. Lors d’un dîner chez Hoffman, l’acteur questionne McCartney sur sa manière de composer. Fasciné par la spontanéité du processus, il le met au défi d’écrire une chanson à partir de n’importe quel sujet.

Hoffman lui tend alors un exemplaire duTime Magazinedaté du 23 avril 1973. L’un des articles, intituléPablo Picasso’s Last Days and Final Journey, rapporte les derniers mots prononcés par Picasso avant sa mort : «Buvez à ma santé, vous savez que je ne peux plus boire«. McCartney s’empare d’une guitare et commence aussitôt à chanter ces mots, sous les yeux émerveillés de Hoffman. « Il le fait ! Il est en train de le faire ! «, s’écrie-t-il à l’attention de sa femme. Ce moment d’inspiration deviendraPicasso’s Last Words (Drink To Me).

Une expérimentation musicale dans l’esprit du cubisme

L’enregistrement du morceau se déroule en partie au Nigeria, où McCartney et son groupe Wings se sont rendus pour enregistrerBand On The Run. Le batteur Ginger Baker, ancien membre de Cream, possède un studio à Lagos et espère convaincre McCartney d’y enregistrer l’album entier. Finalement, seulePicasso’s Last Wordsy sera capturée.

McCartney décide d’aborder la chanson avec une approche fragmentée, inspirée par le cubisme de Picasso. «Il faisait ses tableaux en plusieurs étapes, repeignant par-dessus jusqu’à atteindre le résultat voulu. Nous avons voulu faire pareil avec la chanson : la découper, la réarranger, la déconstruire«, explique-t-il. Plusieurs passages sont montés en collages sonores, alternant rythmes et ambiances, avec des coupes franches rappelant la juxtaposition des formes et perspectives en peinture cubiste.

Les sessions d’enregistrement prennent une tournure spontanée et expérimentale. Baker et d’autres musiciens de son studio remplissent des boîtes de conserve de graviers pour les utiliser comme percussions. Le morceau se construit ainsi dans une atmosphère décontractée mais audacieuse, jouant sur les textures sonores.

Une composition fragmentée et hétéroclite

Picasso’s Last Wordsse distingue par sa structure éclatée et ses nombreux changements de rythme. La chanson incorpore même des références aux autres morceaux deBand On The Run, notammentJetetMrs Vandebilt, qui surgissent à travers des variations mélodiques. Ce procédé renforce l’effet de fragmentation propre au cubisme, où différentes perspectives coexistent au sein d’une même œuvre.

L’arrangement orchestral du morceau est confié à Tony Visconti, célèbre pour son travail avec T. Rex et David Bowie. McCartney, admiratif de ses arrangements à cordes pour T. Rex, lui demande de composer des parties de cordes pour l’album. Visconti s’inspire du style Motown, ajoutant ainsi une nouvelle dimension au morceau.

En plus des éléments musicaux et des percussions improvisées,Picasso’s Last Wordsintègre une voix parlée en français. Il s’agit de l’animateur de la BBC Pierre Le Sève, lisant un passage promouvant le tourisme en Grande-Bretagne. Cet ajout renforce l’atmosphère onirique et cosmopolite du titre.

Un hommage vibrant à Picasso

à travers ce morceau, McCartney ne se contente pas de rendre hommage à Picasso en reprenant ses derniers mots. Il adopte une approche musicale en phase avec l’esprit de l’artiste, en déconstruisant la chanson et en l’assemblant comme un collage sonore. Le résultat est une pièce atypique et audacieuse qui détonne au sein deBand On The Run, un album pourtant déjà marqué par l’expérimentation et la recherche de renouveau.

AvecPicasso’s Last Words (Drink To Me), McCartney prouve une fois de plus qu’il sait transcender les simples compositions pop pour proposer des œuvres riches, innovantes et intemporelles. Ce titre, né d’un défi amical lors d’un dîner en Jamaïque, reste un témoignage fascinant de l’inspiration spontanée et du génie créatif d’un des plus grands musiciens de son époque.