Le 20 février 1979 aux États-Unis, suivi du 23 février au Royaume-Uni, George Harrison dévoilait Love Comes To Everyone, deuxième single extrait de son huitième album solo éponyme. Une composition radieuse, imprégnée d’un sentiment d’espoir et d’apaisement, qui reflète l’état d’esprit du plus spirituel des ex-Beatles à cette période de sa carrière.
Sommaire
- Un message universel né sous le soleil d’Hawaï
- Un casting prestigieux pour un titre envoûtant
- Un choix de single sous-estimé ?
- Une rareté en concert
- Un joyau discret dans l’héritage de Harrison
Un message universel né sous le soleil d’Hawaï
Harrison commence l’écriture de Love Comes To Everyone à l’automne 1977, alors qu’il s’imprègne d’une atmosphère plus sereine après des années marquées par les tumultes de la célébrité et les batailles juridiques post-Beatles. La chanson voit son aboutissement en février 1978, durant un séjour à Hawaï, où il peaufine ses paroles dans un cadre idyllique. Son message est limpide : l’amour est accessible à tous, peu importe le chemin emprunté.
L’inspiration musicale vient en partie d’un effet de guitare particulier, issu d’un processeur Roland, qui confère au morceau une sonorité douce et aérienne. Le titre ouvre l’album George Harrison, véritable synthèse du travail de l’artiste à la fin des années 1970, avec une production soignée et un optimisme sincère en filigrane.
Un casting prestigieux pour un titre envoûtant
Si la douceur de la voix de Harrison et la limpidité de sa guitare sont omniprésentes, le titre bénéficie également de la participation de musiciens d’exception. En premier lieu, Eric Clapton, qui se charge de l’introduction à la guitare électrique, offrant à la chanson une accroche immédiatement reconnaissable. La présence de Clapton est d’autant plus significative qu’il partageait avec Harrison une amitié de longue date, malgré la complexité de leur histoire personnelle, notamment autour de Pattie Boyd.
Outre Clapton, Love Comes To Everyone profite du talent de Steve Winwood au Polymoog et aux chœurs, de Neil Larsen au piano électrique et à l’orgue, de Willie Weeks à la basse, d’Andy Newmark à la batterie, ainsi que de Ray Cooper aux percussions. Une formation d’exception qui donne au morceau un caractère fluide et chaleureux, à la croisée du rock et de la pop aux accents jazzy.
Un choix de single sous-estimé ?
Initialement, Harrison envisageait Love Comes To Everyone comme premier single de l’album. Pourtant, la maison de disques et le producteur Russ Titelman optent pour Blow Away, jugé plus accrocheur pour les radios. Lorsque Love Comes To Everyone est finalement choisi comme deuxième single, il est raccourci pour en réduire la durée de 4:36 à 3:35. Malgré une production soignée et un message universel, le titre ne rencontre pas un grand succès commercial. Son ton serein, loin des standards rythmés du moment, ne parvient pas à captiver massivement le public.
Loin d’être un échec artistique, la chanson s’impose néanmoins avec le temps comme une des pépites du répertoire solo de Harrison, appréciée des amateurs pour sa douceur et son authenticité.
Une rareté en concert
Si George Harrison n’a que rarement interprété ses titres en solo sur scène, Love Comes To Everyone fait figure d’exception. Lors de sa tournée japonaise en 1991, où il partageait l’affiche avec Eric Clapton, la chanson est jouée lors du concert d’ouverture. Pourtant, elle disparaît rapidement des setlists des concerts suivants. Ce passage furtif en live renforce encore le caractère particulier du morceau, qui demeure l’un des titres les plus sous-estimés de son répertoire.
Un joyau discret dans l’héritage de Harrison
À l’image de son auteur, Love Comes To Everyone incarne une certaine philosophie de vie, où l’amour et la spiritualité priment sur les tumultes de l’existence. Sans chercher l’exubérance ni l’exploit commercial, George Harrison livre une chanson intemporelle, qui continue de séduire par sa sincérité et sa lumière apaisante. En 1979, alors que le rock s’électrise sous l’impulsion du punk et du disco, Love Comes To Everyone prend le contrepied en offrant une respiration pleine de sagesse et de bienveillance.
Si son impact à sa sortie fut modeste, sa résonance perdure. Comme souvent avec Harrison, il faut savoir prendre le temps d’écouter et de laisser infuser son message. Car oui, l’amour finit toujours par arriver pour tout le monde.
