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Noël 1978 au Dakota : « Ils auraient pu changer la musique » — Lennon et McCartney, le face‑à‑face raconté par Elliot Mintz

Publié le 12 août 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Noël 1978, appartement du Dakota : John Lennon et Paul McCartney passent la soirée ensemble avec Yoko Ono, Linda McCartney et Elliot Mintz. Une phrase de Paul sur son écriture quotidienne aurait pu mener à une chanson commune… mais rien ne se joue. L’épisode, replacé dans le contexte de leur relation apaisée après la séparation des Beatles, révèle moins un rendez-vous manqué qu’un choix : préserver l’amitié plutôt que forcer une collaboration.


À l’orée de l’hiver 1978, dans l’appartement du Dakota qui domine Central Park, John Lennon et Paul McCartney se retrouvent pour une soirée de Noël en compagnie de Yoko Ono, de Linda McCartney et d’un ami proche du couple Lennon/Ono, le publiciste Elliot Mintz. Des décennies plus tard, Mintz remet ce moment au centre du récit : Paul lui aurait lancé, presque en passant, qu’il « fait de la musique tous les jours », une phrase qui, dans l’esprit du témoin, aurait pu provoquer l’étincelle. « S’il avait sorti deux guitares du placard, John et Paul auraient pu s’asseoir dans le salon et, qui sait, changer la face de la musique contemporaine — une fois encore », résume Mintz. Le geste n’a pas eu lieu. La conversation a glissé vers d’autres sujets, la soirée a filé, et les McCartney sont repartis sans que rien d’historique ne soit gravé sur bande.

Pour les lecteurs de Yellow‑Sub.net, ce témoignage est moins un scoop qu’un déclencheur : il invite à recontextualiser ce qu’était, à la fin des années 1970, la relation Lennon/McCartney, à mesurer ce qui était possible — et ce qui ne l’était plus —, puis à interroger, calmement, la mythologie qui entoure chaque geste manqué des Beatles après 1970. Il ouvre aussi un chantier critique : à quoi aurait ressemblé une chanson Lennon/McCartney née, non pas à Abbey Road en 1966 ou 1967, mais au Dakota en 1978 ?

Sommaire

  • Après la séparation : blessures, piques et reconquête de soi
  • 1974 : un faux départ, un vrai document — “A Toot and a Snore in ’74”
  • 1976 : la tentation Saturday Night Live et le « presque » mythique
  • Dakota, 25 décembre 1978 : la scène, les protagonistes, la phrase
  • Où en étaient John et Paul à ce moment‑là ?
  • À quoi aurait pu ressembler une chanson Lennon/McCartney fin 1978 ?
  • Pourquoi le geste n’a‑t‑il pas eu lieu ?
  • Et si… SNL avait été plus qu’un gag ?
  • Après 1978 : coups de fil, apaisement, et le rendez‑vous manqué de l’Histoire
  • Ce que ce Noël change — pour nous
  • Lennon/McCartney en 1978 : compatibilités et écarts
  • Le rôle des compagnes : Yoko et Linda, cadrage et textures
  • Le poids du catalogue : jouer avec les fantômes
  • De “Now and Then” à l’éthique du travail posthume
  • Ce que l’on gagne à préférer la vérité au mythe
  • Le salon, la nuit, et la possibilité

Après la séparation : blessures, piques et reconquête de soi

Le démantèlement des Beatles n’est pas un événement instantané. Il s’étire de l’été 1969 (quand John parle de « divorce ») au printemps 1970 (quand Paul annonce McCartney et rend la rupture publique). Dans l’intervalle, les ressentiments s’écrivent en musique : Paul McCartney glisse des piques dans “Too Many People” (1971), John Lennon cogne dans “How Do You Sleep?” (sur “Imagine”, 1971), George Harrison se libère dans “Wah‑Wah”, Ringo Starr temporise. À côté des chansons, il y a les avocats, les contrats, les patrimoines à démêler. La séparation est artistique, affective et commerciale tout à la fois.

Dans ce maelström, chacun se recompose. McCartney fonde Wings, reprend la route, teste de nouvelles formules scéniques, puis empile des succès qui vont de “Band on the Run” à “Live and Let Die”, de “Jet” à “Mull of Kintyre”. Lennon, lui, pousse sa logique de franchise jusqu’à l’os : “John Lennon/Plastic Ono Band” (1970) est un cri d’identité, “Imagine” (1971) un mélange d’utopie et de poing serré. Après 1975, il choisit le retrait, la maison, le pain qu’on pétrit, Sean qui grandit. On appelle cela, plus tard, sa période de « househusband ». Au moment où nous place Noël 1978, Paul est dans la dynamique d’un groupe en activité, John dans une parenthèse domestique qu’il revendique.

1974 : un faux départ, un vrai document — “A Toot and a Snore in ’74”

Avant ce Noël au Dakota, il y a eu un précédent. Le 28 mars 1974, à Los Angeles, on voit Lennon et McCartney se croiser autour d’une session de Harry Nilsson. La bande qui circule plus tard sous le titre “A Toot and a Snore in ’74” capture une jam plus mythique que musicale : Stevie Wonder, Jesse Ed Davis, Bobby Keys, Linda McCartney aux claviers… Le son est flou, l’ambiance vaporeuse, les chansons vacillent. Le document fascine parce qu’il prouve qu’ils ont rejoué ensemble après 1970, mais il rassure presque artistiquement : un retour des Beatles ne se décrète pas par nostalgie ou hasard. Il faudrait du temps, des chansons, un cadre.

Cet épisode dit deux choses utiles pour 1978. D’abord qu’un hasard heureux n’est pas une méthode. Ensuite qu’une rencontre entre Lennon et McCartney sans intention claire donne rarement autre chose qu’un souvenir — charmant, bancal, humain, mais pas une œuvre.

1976 : la tentation Saturday Night Live et le « presque » mythique

Le 24 avril 1976, le producteur Lorne Michaels offre, en direct, 3 000 $ aux Beatles s’ils acceptent de venir jouer trois chansons au Studio 8H. Le gag est culte. La semaine suivante, Lennon et McCartney regardent l’émission ensemble à New York et plaisantent à l’idée de prendre un taxi pour se rendre au studio. Ils n’y vont pas. L’anecdote est célèbre parce qu’elle révèle un état d’esprit : en 1976, l’affection circule déjà de nouveau, la guerre des mots est retombée, mais la tentation reste de l’ordre du jeu, du clin d’œil, non d’un projet.

Entre 1976 et 1979, les contacts se poursuivent par épisodes. On se voit en privé, on s’appelle. Rien n’aboutit en studio. Et c’est dans ce fil d’apaisement que s’inscrit le Noël 1978 au Dakota.

Dakota, 25 décembre 1978 : la scène, les protagonistes, la phrase

Revenons au salon. Elliot Mintz est là. Il connaît le couple John/Yoko par cœur, fréquente leur intimité, a l’habitude des nuits où l’on parle art, politique, musique, presse. Ce Noël, Paul et Linda passent d’abord au restaurant avec John et Yoko, puis tous se retrouvent au Dakota. Rien ne ressemble à un sommet. C’est une soirée amicale — cadeaux, anecdotes, nourriture, verres levés. Paul lâche cette phrase qui saisit Mintz : « Je compose tout le temps. Tous les jours. Je n’arrête jamais. » Dans l’esprit du témoin, le scénario s’écrit en une seconde : John se lève, ouvre un placard, sort deux guitares, Paul s’assoit, on accorde, on essaie. Ce geste, Mintz l’attend. John ne le fait pas. La soirée s’éteint tranquillement. « Anti‑climatique », dira Mintz.

Faut‑il jurer que c’était 1978 ? Les souvenirs déplacent parfois les dates. D’autres témoignages évoquent un Noël 1975 ou une visite fin 1979. Qu’importe, au fond, pour ce qui nous intéresse ici : ce type de rencontre a bien eu lieu, elle s’est déroulée sans éclat, et elle ressemble à ce que les deux hommes étaient devenus à la fin des seventies : amis retrouvés, artistes différents, hommes occupés par d’autres priorités.

Où en étaient John et Paul à ce moment‑là ?

La question centrale est artistique. En 1978, Paul McCartney vient de traverser une phase féconde avec Wings. Sa palette s’est élargie : pop mélodique, rock étiré, reggae‑pop de “C Moon”, approches funk et disco qui irrigueront bientôt “Goodnight Tonight”. Il sait écrire vite, arranger avec aisance, diriger un groupe en studio comme sur scène. Back to the Egg (1979) va pousser plus avant le mélange de hard‑pop, de new wave et de pièces acoustiques.

John Lennon est, lui, dans sa parenthèse volontariste. Après “Walls and Bridges” (1974), il a renoncé à la course, choisi une existence domestique avec Sean, investi une énergie quotidienne dans des gestes simples : cuisiner, pétrir, lire, marcher. La musique n’a pas disparu ; elle silence plutôt qu’elle ne crie. C’est d’ailleurs ce retour à l’ordinaire qui, au tournant de 1980, nourrira “Double Fantasy” et “Milk and Honey” : des chansons intimes, conjugales, contemporaines dans leur son comme dans leurs sujets.

Autrement dit : Paul est un artisan en pleine production ; John est un auteur en reprise de souffle. Une chanson née au Dakota à Noël aurait été le croisement de ces vitesses.

À quoi aurait pu ressembler une chanson Lennon/McCartney fin 1978 ?

Exercice délicat, mais éclairant. Commençons par les outils. Deux acoustiques, quelques mélodies jetées sur un carnet, une voix qui cherche, l’autre qui harmonise. Lennon apporte des images et un angle — la vie domestique comme philosophie du quotidien, l’ironie contre l’idéologie, des mots très concrets. McCartney fournit la structurepont, refrain, modulation, ces trucs de métier qui font tenir une idée dans une forme partageable. Au métronome, on n’est ni dans la ballade pure de “Love” ni dans le galop de “Jet” ; on imagine un medium souple, un battement de brosse plutôt qu’un backbeat frontal.

Sur le plan sonore, fin 1978 n’est pas 1966. La new wave est partout, la disco n’a pas dit son dernier mot, la radio aime les synthés et les basses élastiques. Paul intègre ces couleurs sans s’y perdre ; John écoutera, en 1980, des choses neuves tout en revenant à une production plus dépouillée. Ensemble, ils auraient pu viser un mix : couplet à la guitare sèche, refrain qui s’ouvre avec une basse coulée, claviers à peine granulés, chœurs mixtes où Linda et Yoko apportent une texture latérale. Le texte ? Un instantané — une pièce où l’on entend le four, un enfant qui rit dans la pièce d’à côté, un flash de New York l’hiver, une pointe d’humour. Une chanson de deux minutes quarante, peut‑être, resserrée, qui raconte qu’on peut vieillir sans réciter le passé.

Ce n’est pas magique par décret. Ce pourrait être touchant par nécessité : deux auteurs qui se retrouvent là où leur langue commune a toujours vécu — dans la mélodie et la structure, pas dans la pyrotechnie.

Pourquoi le geste n’a‑t‑il pas eu lieu ?

Il est tentant de chercher une grande raison. La vérité est ordinaire. John n’est pas, ce soir‑là, dans le mode « studio ». Paul est invité, pas collaborateur. Le temps est court, la soirée déjà entamée, les guitares sont peut‑être désaccordées. Surtout, la ligne de crête entre l’amitié retrouvée et le travail n’est pas neutre. Commencer à travailler ensemble, même pour rire, c’est réouvrir des dossiers : qui mène ? qui tranche ? qui produit ? Dans l’histoire des Beatles, ces questions ont des poids. Ne pas les convoquer ce soir‑là, c’était peut‑être protéger ce qui venait d’être réparé.

Ajoutons qu’en 1978 la machine des droits et des sociétés d’édition veille toujours. Une impro à la maison n’aurait pas créé un imbroglio juridique, mais chacun sait qu’une chanson Lennon/McCartney n’est jamais une simple chanson : c’est un événement qui appelle gestion, annonces, attentes. Refuser cet engrènement pouvait être une forme d’hygiène.

Et si… SNL avait été plus qu’un gag ?

On aime à réécrire la minuteLennon et McCartney ont failli descendre au Studio 8H. Sur le papier, le tableau est parfait : la porte qui claque, les deux qui traversent Manhattan, l’ascenseur, la réaction du public, et ce chèque de 3 000 $ tendu par Lorne Michaels. En pratique, cela aurait été un segment de télévision, brillant, drôle, unique, qui n’aurait pas répondu aux questions d’un travail commun. Rien n’empêche d’adorer le gag et de reconnaître qu’une chanson ne naît pas d’une cascade bien organisée mais d’une intention partagée, lente, parfois laborieuse.

Après 1978 : coups de fil, apaisement, et le rendez‑vous manqué de l’Histoire

Ce Noël n’est pas une fin. D’autres contacts suivront, au téléphone, autour de la musique, de la famille, des souvenirs. Ce qui importe, c’est que la conjonction de deux agendasPaul en tournée, John en retrait —, de deux envies — l’un bricoler une chanson, l’autre protéger un havre —, et de deux mémoires — une amitié qui va de Liverpool aux tournées mondiales — n’a pas produit, ce soir‑là, ce que Mintz a imaginé. C’est une déception pour le conte ; pas nécessairement pour les hommes concernés.

À la place — et cela compte —, McCartney écrira plus tard “Here Today” pour dire l’amour fraternel et le regret. Lennon, au tournant de 1980, chantera “Watching the Wheels”, “Beautiful Boy”, “Woman”, où l’on entend l’apaisement et l’ancrage. Les deux auront en commun d’assumer ce qu’ils sont devenus sans effacer ce qu’ils ont été.

Ce que ce Noël change — pour nous

Le principal intérêt du récit de Mintz est de déplacer la focale. Au lieu de fantasmer uniquement la grande scène — la reformation incroyable, la tournée faramineuse —, il nous ramène à un salon, une photographie de famille, un silence où deux hommes pourraient jouer et ne le font pas. Cela ré‑humanise le mythe. Lennon et McCartney ne sont pas des pions dans le roman de la pop ; ce sont des personnes qui ont pris des décisions parfois moins spectaculaires que celles qu’on désire pour eux — et qui, pour cette raison même, nous semblent plus crédibles.

Le contre‑champ, c’est nous. Que projetons‑nous sur ces rencontres ? Une nostalgie qui voudrait qu’ils recommencent comme avant ? Une curiosité de mélomane qui aurait aimé entendre ce que 1978 aurait fait de leur duo ? Ou bien le besoin d’un récit où les légendes continuent de s’inventer sous nos yeux ? Toutes ces choses à la fois, sans doute.

Lennon/McCartney en 1978 : compatibilités et écarts

Si l’on creuse la matière, on voit bien des compatibilités. Les deux restent des mélodistes hors pair. Les deux maîtrisent l’économie pop‑rock de la chanson courte. Les deux savent harmoniser l’un l’autre comme peu de duos dans l’histoire. Les deux aiment respirer dans une prise quand la rythmique sert la voix. Et les écarts ? Paul aime les montages et les variations de texture ; John aime une droiture qui donne à la phrase son tranchant. Paul étire le spectre sonore, John nettoie le cadre.

Dans ce jeu d’aimants, le risque créatif est clair : retomber dans le dialogue des années 1967‑1968 ou forcer un syncrétisme d’époque. L’opportunité : écrire une pièce qui accepte l’âge, qui n’imite rien et n’expie rien, qui constate et invente. Il y a de la force dans cette possibilité précisément non réalisée : elle nous oblige à regarder leur héritage autrement que comme un morceau qu’on pourrait ré‑échafauder à l’infini.

Le rôle des compagnes : Yoko et Linda, cadrage et textures

Le Noël du Dakota rappelle aussi une évidence souvent mal comprise : Yoko Ono et Linda McCartney ne sont pas de simples présences. L’une et l’autre ont modelé la vie et le travail de John et de Paul. Dans une reprise de collaboration, elles auraient compté. Yoko par sa pensée conceptuelle, sa manière d’ouvrir la scène à des gestes qui ne sont pas forcément des chansons au sens strict. Linda par son oreille, ses chœurs nets, sa conscience du son de groupe. Imaginer John et Paul se remettre au travail fin 1978 sans Yoko ni Linda, c’est méconnaître l’écosystème réel dans lequel ils évoluaient alors.

Le poids du catalogue : jouer avec les fantômes

Écrire à deux, en 1978, c’était aussi dialoguer avec un catalogue de légendes : “Strawberry Fields Forever”, “Hey Jude”, “Something”, “Let It Be”. Le risque, toujours : que toute nouvelle chanson soit comparée à ces hauteurs et jugée à l’aune d’un âge d’or. C’est l’un des arguments les plus sérieux en faveur de la discrétion qu’ils ont maintenue : garder la mémoire intacte en évitant les ajouts qui deviendraient des objets de contentieux.

En même temps, leur histoire montre qu’ils savaient démonter ce type de piège : faire simple, dire vrai, laisser une chanson avoir la taille qu’elle doit avoir. À ce titre, une vignette née au Dakota aurait pu vivre sans se mesurer à “A Day in the Life”. Nous ne le saurons pas. Mais le cadre était là pour, au moins, une tentative.

De “Now and Then” à l’éthique du travail posthume

En 2023, “Now and Then”, dernier single officiel des Beatles, a offert une autre réponse à la nostalgie : plutôt que d’imaginer un retour impossible, on a proposé une mise en forme soignée d’une démo de Lennon, épousée par la basse et la voix de McCartney, arrangée avec amour. Cette résolution tardive n’est pas un remplacement des gestes manqués des années 1970 ; c’est une maniére de les honorer sans les trahir. Elle confirme, en creux, que la grâce d’une rencontre comme ce Noël au Dakota tient autant à ce qui n’a pas eu lieu qu’à ce qu’on peut terminer plus tard avec tact.

Ce que l’on gagne à préférer la vérité au mythe

Au bout du compte, le récit de Mintz n’appelle pas une réécriture flamboyante de l’histoire. Il nous apprend à regarder juste. Lennon et McCartney n’ont pas joué ce soir‑là parce que ce n’était ni le moment, ni le lieu, ni le besoin des intéressés. C’est parfois ainsi que la musique — la vraie, celle qu’on faitrespecte les personnes. Plutôt que d’y voir une occasion ratée, on peut y lire une fidélité : à la paix fragile retrouvée, aux choix de vie de chacun, à l’éthique d’un travail qu’on ne brade pas pour un symbole.

Reste l’exercice salutaire de l’imagination : se demander quelle chanson serait sortie de ce salon, cette nuit‑là. Si l’on a besoin de cela, c’est peut‑être parce que la langue qu’ils ont inventée ensemble nous manque. Mais l’écouter où elle vit encore — dans les voix, dans les harmonies, dans cette façon de faire respirer une mélodie — suffit à tenir. Le Noël 1978 au Dakota nous le rappelle : il y a des instants où l’on choisit la conversation plutôt que la prise, l’amitié plutôt que la séance. Et ce choix‑là, à sa manière, a chang é la musique : il l’a préservée de ce que l’on projette sur elle.

Le salon, la nuit, et la possibilité

On imagine les lumières basses, un disque sur la platine, le bruit des rues de Manhattan assourdi par les fenêtres du Dakota. Paul parle de chansons. John écoute. Quelques rires. Un silence. Puis la vie reprend sa marche. Rien n’a été enregistré ; quelque chose a été sauvé. Ce Noël‑là, le mythe aurait voulu des guitares. La réalité a préféré les voix. Et cela suffit, parfois, à éclairer l’histoire.


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