En 1968, George Harrison signe avec Wonderwall Music la première bande originale solo d’un Beatle, accompagnant le film psychédélique Wonderwall de Joe Massot. Si le film reste mineur, la musique s’impose par son mélange inédit d’instruments indiens et de textures pop. Harrison y expérimente, anticipe la world music et ouvre une voie singulière en solo. Jane Birkin y incarne une figure du Swinging London, annonçant une carrière en devenir.
À la fin des années 1960, une brume psychédélique s’abat sur la culture populaire. La jeunesse post‑guerre, nourrie d’idéaux pacifistes et de rock expansif, expérimente les sens autant que les formes. Les Grateful Dead, les 13th Floor Elevators, les Electric Prunes et, bien sûr, les Beatles, portent l’esthétique nouvelle : couleurs acidulées, collages sonores, caméras qui glissent, instruments venus d’ailleurs comme le sitar. Au cinéma, le courant s’inscrit dans des œuvres aussi diverses que Daisies (Vera Chytilová), The Trip (Roger Corman), 2001: A Space Odyssey (Stanley Kubrick) ou Yellow Submarine (George Dunning).
Dans ce paysage flamboyant émerge, en 1968, un film britannique aujourd’hui peu célébré mais riche d’enseignements : « Wonderwall ». Signé par le jeune réalisateur Joe Massot, porté par la musique de George Harrison et par une des premières prestations marquantes de Jane Birkin, le long‑métrage ne tient ni par sa trame ni par sa mise en scène autant qu’on l’espérerait. Mais il condense une époque : celle d’un cinéma pop en quête d’expériences, d’une Grande‑Bretagne devenue laboratoire et d’un Beatle qui franchit pour la première fois le cap du disque solo avec « Wonderwall Music ».
Sommaire
- Une fable psyché plus curieuse que convaincante
- Joe Massot, un premier long métrage sous le signe de l’essai
- George Harrison accepte le défi : inventer une bande originale « autre »
- « Wonderwall Music » : premier album solo d’un Beatle, premier LP d’Apple
- Une partition qui dépasse le film
- Jane Birkin avant Jane Birkin
- Un accueil critique tiède, une vie souterraine
- La méthode Harrison : un art de la passerelle
- Le miroir d’une époque : quand les murs ont des oreilles
- Le legs inattendu : d’Oasis à la redécouverte critique
- Une œuvre‑carrefour dans la trajectoire de Harrison
- Jane Birkin, icône en germe
- Pourquoi « Wonderwall » reste important — même si ce n’est pas un « grand » film
- Écoute guidée : comment entrer dans « Wonderwall Music » aujourd’hui
- Détails de production : l’atelier en action
- Rééditions, restaurations, bonus : une œuvre qui respire encore
- Verdict
Une fable psyché plus curieuse que convaincante
Au cœur de « Wonderwall », un scientifique excentrique et solitaire, Oscar Collins (interprété par Jack MacGowran), vit reclus dans un appartement encombré d’objets, de livres et de souvenirs. Un faisceau de lumière lui révèle un trou dans la cloison ; par cette ouverture, il observe sa voisine, Penny Lane (Jane Birkin), mannequin et compagne d’un photographe pop. Fasciné, il perce d’autres ouvertures, épiale les séances, oublie son travail, s’attache à cette silhouette qui condense le Swinging London. Lorsque le couple se déchire et que Penny s’effondre après une prise de pilules, Collins devient malgré lui sauveur.
La narration tient à peu de chose : davantage tableau que récit, le film accumule vignettes, thèmes graphiques et décors saturés. On y retrouve la patte du collectif néerlandais The Fool, qui signe aussi des apparitions. Le regard hésite entre fable romantique et satire d’un Londres bigarré où pop art, publicité et mystique se télescopent. Si le résultat demeure inégal, il saisit au vol la texture d’une époque : l’obsession pour les couleurs, l’attrait pour les rituels orientaux, la porosité entre arts appliqués et musique.
Joe Massot, un premier long métrage sous le signe de l’essai
Pour Joe Massot, « Wonderwall » représente un baptême de cinéma. Il s’agit de son premier long métrage, construit à partir d’un récit attribué à Gérard Brach et d’un scénario signé G. Caín. Massot privilégie l’expérience visuelle : surtitres graphiques, surimpressions, miroitements, zoom psyché. La photographie d’Harry Waxman et le montage de Rusty Coppleman soutiennent cette ambition d’un cinéma‑collage qui se vit comme un trip.
Le film déroute à sa sortie, y compris les critiques ouvertes aux nouveautés. Mais Massot capte une ambiance : celle d’un Londres où la mode, la musique, la pub et le cinéma se mélangent dans un même atelier, avec la tentation de substituer à la dramaturgie une suite de sensations. C’est précisément ce cadre qui attire George Harrison, prêt à en faire un terrain d’écriture.
George Harrison accepte le défi : inventer une bande originale « autre »
Lorsque George Harrison s’engage sur « Wonderwall » à l’automne 1967, il sort d’une période où ses compositions indiennes – « Love You To » et « Within You Without You » – ont bouleversé les codes des Beatles. Le film lui offre un espace à lui, où musique et image dialoguent sans filtre. À l’écran, l’absence relative de dialogues laisse de la place à la musique ; Harrison y voit l’occasion de faire entendre des instruments encore peu familiers en Occident : shehnai, sarod, tar shehnai, tanpura, santoor, tabla.
Entre novembre 1967 et février 1968, il enregistre à Londres (EMI, De Lane Lea) et à Bombay (His Master’s Voice), avec la complicité du pianiste et arrangeur John Barham et de musiciens indiens de premier plan comme Aashish Khan, Shivkumar Sharma, Shankar Ghosh ou Mahapurush Misra. Les pièces occidentales font appel au groupe The Remo Four (Tony Ashton, Colin Manley, Phil Rogers, Roy Dyke), tandis que des invités comme Eric Clapton — crédité discrètement à l’époque — viennent prêter main forte sur le féroce « Ski‑ing ». On croise aussi Ringo Starr sur certaines sessions, et même un banjo de Peter Tork (The Monkees) destiné à des morceaux restés au cinéma.
Le projet dépasse vite la simple illustration. Harrison compose des vignettes instrumentales, superpose des textures, travaille les vitesses, retourne des bandes. Certaines pièces indiennes captées à Bombay trahissent le bruit de la rue, signe des conditions artisanales que l’artiste assume comme une couleur. D’autres titres, occidentaux, frottent le ragtime, la country ou une psychédélie électrique qui annonce des paysages plus expérimentaux.
« Wonderwall Music » : premier album solo d’un Beatle, premier LP d’Apple
Publié en novembre 1968, « Wonderwall Music » devient, à double titre, un jalon. C’est le premier album solo jamais publié par un Beatle et le premier long format édité par le label Apple. Majoritairement instrumental, l’album alterne plages indiennes et sélections occidentales dans un montage qui épouse les séquences du film tout en tenant seul à l’écoute. Harrison omet de s’auto‑créditer comme instrumentiste sur la pochette, laissant croire qu’il n’est que producteur/arrangeur. Les rééditions ultérieures reconnaîtront ses claviers et guitares.
Au long du disque, on entend « Microbes », « Red Lady Too », « Tabla and Pakavaj », « Gat Kirwani », « Greasy Legs », « Ski‑ing », « Dream Scene » ou encore « Cowboy Music ». L’ensemble anticipe la future étiquette world music et prolonge la pédagogie amorcée par Harrison au sein des Beatles : faire cohabiter instruments et échelles venues d’Inde avec une sensibilité pop occidentale. « The Inner Light », face B de « Lady Madonna » la même année, naît d’ailleurs des sessions indiennes de Harrison et témoigne de cette contamination féconde.
Une partition qui dépasse le film
Par un paradoxe fréquent dans les années 1960, la bande originale de « Wonderwall » a mieux vieilli que le film. Là où la mise en scène de Massot attire de justesse la faveur des rétrospectives, la musique de Harrison gagne avec le temps : elle sonne comme un chantier précis, un laboratoire où les timbrages indiens font bouger les repères sans sacrifier la clarté. Des critiques d’époque y voient un curios; la réévaluation ultérieure lui reconnaît une inventivité qui a préparé la fertilité des métissages à venir.
Même lorsqu’elle s’éloigne de la narration, la musique propose des images mentales plus fortes que celles de l’écran. « Dream Scene » assemble des segments qui annoncent des collages ultérieurs dans la pop expérimentale. « Ski‑ing » expose un riff coupant qui place Clapton dans l’un des tous premiers dialogues publics avec Harrison. Les pièces indiennes, portées par sarod, santoor, shehnai ou tabla, ouvrent, quant à elles, des espaces méditatifs qui débordent le cadre de la simple illustration.
Jane Birkin avant Jane Birkin
Si Jane Birkin rayonne dans « Wonderwall », c’est aussi parce que le film arrive à un moment charnière. Après des apparitions dans Blow‑Up ou Kaleidoscope, elle trouve ici l’un de ses premiers rôles principaux. La Penny Lane qu’elle incarne — clin d’œil revendiqué au titre des Beatles — est moins un personnage qu’une figure : celle d’une jeunesse qui s’affiche, s’invente model et égérie, oscille entre douceur et désarroi.
Le film n’éteint ni ne résume la carrière de l’actrice. Il fonctionne comme un tremplin : très vite, Birkin prend le chemin de la France, amorce sa carrière d’interprète et d’actrice dans des œuvres plus abouties, et devient une icône au‑delà des années 1960. Mais « Wonderwall » offre une photographie précieuse : on y voit la modèle du Swinging London faire la jonction avec l’artiste en devenir.
Un accueil critique tiède, une vie souterraine
Présenté au Festival de Cannes en mai 1968, « Wonderwall » peine à trouver un circuit de distribution solide. Il finit par circuler dans les midnight movies américains dans les années 1970, puis sur des supports vidéo de qualité variable. La critique d’époque souligne la faiblesse du récit et l’accumulation de motifs « Swinging London » traités comme de simples accessoires.
Pour autant, le film ne disparaît pas. Sa restauration à la fin des années 1990 relance l’intérêt, en particulier grâce à un ajout de taille : la chanson « In the First Place », attribuée au Remo Four et produite par Harrison en 1967, que Massot réintègre dans la version restaurée. En 2014, une édition collector propose différentes coupes (version originale, director’s cut), donnant au film la visibilité technique qu’il n’avait jamais eu. Dans le même mouvement, « Wonderwall Music » est remastérisé et réédité dans le coffret « The Apple Years 1968–75 », avec des plages bonus qui incluent un inédit (« Almost Shankara »), une version alternative d’« The Inner Light » et le fameux « In the First Place ».
La méthode Harrison : un art de la passerelle
Ce qui frappe dans « Wonderwall Music », c’est la méthode. Harrison n’empile pas des clichés orientaux ; il organise des rencontres. Avec John Barham, il transcrit des mélodies fredonnées, structure des formes, anticipe la place d’un shehnai ou d’un santoor. Avec les musiciens indiens, il écoute, note, apprend. À Bombay, il enregistre sur une machine deux pistes, insuffisamment insonorisée : du bruit de circulation s’invite sur des titres comme « In the Park ». Plutôt que d’effacer ces accidents, il en fait une patine.
Côté occidental, Tony Ashton apporte sa science du piano préparé ou du Mellotron. Eric Clapton, encore anonyme dans les crédits pour des raisons contractuelles, vient tisser un des premiers dialogues guitare‑claviers de l’univers harrisonien post‑Beatles. Ringo Starr apparaît sur certaines séances, Peter Tork joue du banjo pour une séquence restée au montage du film. L’écriture de Harrison, souvent au clavier plutôt qu’à la guitare, pense la durée et la fonction : il chronomètre, spotte des entrées, fabrique des ponts.
Le miroir d’une époque : quand les murs ont des oreilles
Le mur — Wonderwall — n’est pas qu’un décor. Il devient une métaphore insistante : cloison entre générations, classes, codes esthétiques, mais aussi passage vers l’altérité. Oscar Collins observe Penny Lane par une fente minuscule ; Harrison regarde, lui, vers l’Inde, par une ouverture qu’il contribue à élargir. Le film exhibe l’obsession et la projection ; la musique répond en brouillant les frontières entre ici et ailleurs.
Dans cet aller‑retour, la Grande‑Bretagne de 1968 s’écoute comme une charnière : d’un côté, une modernité pop qui absorbe tout, de l’autre, une quête spirituelle qui cherche des formes plus vastes. Les Beatles, éclatés mais encore unis par leur influence, dynamisent ce mouvement. Harrison y joue le rôle du passeur.
Le legs inattendu : d’Oasis à la redécouverte critique
Le titre « Wonderwall » trouve une seconde vie dans les années 1990 quand Oasis baptise ainsi un single devenu hymne. Noel Gallagher revendique l’emprunt au film ; l’écho s’installe dans l’imaginaire collectif, au point d’éclipser le long métrage originel. La chanson, pourtant, rappelle la postérité d’un terme devenu synonyme de mystère et de projection — exactement ce que Massot et Harrison voulaient mettre en scène.
Dans le même temps, la critiques contemporaine réexamine la bande originale. On salue la cohérence d’un concept : alterner Inde et Occident non pas comme exotisme, mais comme bilinguisme musical. On reconnaît aussi à « Wonderwall Music » une place de précurseur dans la fusion des traditions.
Une œuvre‑carrefour dans la trajectoire de Harrison
Il est tentant de lire « Wonderwall » comme un au revoir de Harrison à son immersion indienne directe. Après 1968, l’artiste reviendra à des formats chantés plus classiques, puis à d’autres expériences (l’album « Electronic Sound » en 1969, le chef‑d’œuvre « All Things Must Pass » en 1970). Mais le travail effectué sur « Wonderwall Music » irrigue la suite : la collaboration durable avec Ravi Shankar culmine avec le Music Festival from India en 1974; l’attention aux textures et aux espaces sonores demeurera une signature de sa production.
Surtout, Harrison invente ici une méthode qui lui sera utile partout : penser la chanson comme une forme ouverte, accueillante à l’improvisation et au montage. Il sort la musique de la forme couplet‑refrain pour la plier à des écrans, des gestes, des humeurs. Ce geste deviendra banal à l’ère des bandes originales pop; en 1968, il est encore neuf.
Jane Birkin, icône en germe
Le film, on l’a dit, ne brille pas par son scénario. Mais il propose un portrait de Jane Birkin qui résonne avec sa métamorphose à venir. Penny Lane, figure prénommée à partir d’un standard des Beatles, est une image : une jeunesse qui se met en scène, qui danse, qui se blesse. Birkin s’en empare avec un mélange de fragilité et d’aplomb. On y lit les promesses d’une carrière qui, bientôt, dépassera la simple iconographie du Swinging London pour s’installer dans une écriture et un jeu plus complexes.
Ainsi, « Wonderwall » fonctionne comme un carrefour : il réunit un Beatle, une égérie et un jeune cinéaste autour d’une idée — l’expérimentation — dont chacun tirera des leçons différentes. Pour Birkin, le chemin la mènera vers la France et une carrière multiforme; pour Massot, vers d’autres objets pop; pour Harrison, vers une maturité qui saura intégrer l’appris sans l’ériger en système.
Pourquoi « Wonderwall » reste important — même si ce n’est pas un « grand » film
On peut reconnaître la faiblesse de « Wonderwall » sans cesser d’y voir un document précieux. Il témoigne d’un moment où le cinéma britannique se permettait des pas de côté, où des noms très exposés — George Harrison, Jane Birkin — acceptaient de s’immerger dans des formes non conventionnelles. Et il donne à entendre une partition qui, elle, tient.
Dans l’histoire des Beatles, l’album « Wonderwall Music » coche trois cases majeures : premier album solo d’un membre du groupe, premier LP Apple, pont durable entre la pop occidentale et la musique classique indienne. Son influence dépasse la stricte Beatlemania : elle irrigue des curiosités de la pop britannique, prépare l’oreille à l’hybridation, inspire jusque dans les années 1990 un titre promis à un succès planétaire.
On ne demandera pas à « Wonderwall » d’être un chef‑d’œuvre. On lui reconnaîtra d’être un carrefour où des lignes se croisent : psychédélie visuelle, orientalisme musical, pop en quête de nouvelles scènes, icônes en formation. Cela suffit à justifier sa place dans un dossier sur la vie et l’œuvre des Beatles et de leurs satellites.
Écoute guidée : comment entrer dans « Wonderwall Music » aujourd’hui
Pour goûter la logique du disque sans le film, on peut dérouler un parcours d’écoute idéal — non pas une liste exhaustive, mais un fil. Commencer par « Microbes » pour comprendre la patience d’installation. Poursuivre avec « Red Lady Too », miniature occidentale où le piano de Harrison dessine une mélodie presque baroque. Basculer ensuite du côté indien avec « Gat Kirwani » pour la pulsion du sarod et la réponse des percussions.
Revenir vers l’électricité de « Ski‑ing », où une guitare cingle un moteur de claviers. Se laisser surprendre par « Dream Scene », collage hypnotique qui condense l’atelier d’effets : bandes retournées, sirènes, échos, pianos et souffles. Clore avec « Cowboy Music » pour le clin d’œil à une Amérique fantasmée qui dialogue avec l’Inde sans hiérarchie.
En filigrane, on entendra la méthode : une curiosité extrême, une discipline d’atelier, un art de faire cohabiter des mondes.
Détails de production : l’atelier en action
Les séances londoniennes démarrent le 22 novembre 1967 à EMI Studios (aujourd’hui Abbey Road), où Harrison enregistre des ébauches avec flûtes, hautbois, trompette, tabla. Il travaille aussi à De Lane Lea Studios. À Bombay, du 9 au 13 janvier 1968, il installe son quartier chez His Master’s Voice avec du matériel stéréo rare pour l’époque, et documente chaque jour ses observations sur les instruments et les ragas. Reuters et la BBC filment une séance; des images brèves sont diffusées au Royaume‑Uni.
Le contraste Inde/Occident se prolonge dans le casting musical. Côté Inde, Aashish Khan impose le sarod, Shivkumar Sharma le santoor, Shankar Ghosh et Mahapurush Misra l’art des tables. Côté Occident, The Remo Four donnent du grain aux miniatures psyché; Eric Clapton et Ringo Starr apparaissent sans trompette. De nombreux morceaux entendus dans le film ne paraissent pas sur l’album, selon une logique cinématographique avant tout.
Rééditions, restaurations, bonus : une œuvre qui respire encore
L’album connaît une première réédition CD en 1992, avec des notes signées Derek Taylor. En 2014, « Wonderwall Music » revient au premier plan dans le coffret « The Apple Years », remastérisé et augmenté. On y trouve des bonus qui éclairent la fabrique : « Almost Shankara », une version instrumentale alternative d’« The Inner Light » où l’on entend les consignes de Harrison aux musiciens indiens, et « In the First Place » du Remo Four, sorti en single lors de la restauration du film à la fin des années 1990.
Côté image, la restauration par Joe Massot permet des sorties cinéma limitées et des éditions vidéo plus cossues au début des années 2010. Le film accepte d’être jugé pour ce qu’il est : un relique charmant de l’ère psyché, riche de décors et de costumes, fragile dans son récit mais instructif sur les tendances d’alors.
Verdict
« Wonderwall » ne deviendra pas un classique au même titre que « Yellow Submarine » ni une pierre angulaire comme « 2001 ». Mais il résume un moment et révèle deux trajectoires : celle d’un George Harrison qui ose le solo en dissolvant les frontières esthétiques, et celle d’une Jane Birkin en plein envol. En musique, il laisse un album aussi joueur qu’exigeant ; en images, un témoignage sur les audaces et les limites d’un cinéma psychédélique britannique qui cherchait sa voix.
Pour les lecteurs de Yellow‑Sub.net, l’intérêt est double : comprendre comment et pourquoi un Beatle a fait de la bande originale un terrain d’art, et replacer « Wonderwall » dans la cartographie d’une décennie où les murs s’ouvraient sur des mondes neufs. C’est peu, c’est beaucoup ; c’est, à sa manière, l’essentiel.
