Le texte explore la ressemblance frappante entre « Let’s Dance On » des Monkees et « Twist and Shout » des Beatles. Il détaille comment, en empruntant le rythme, l’énergie et le riff de ce classique rock, les Monkees – groupe créé pour la télévision – semblent vouloir capturer la magie de John Lennon. L’article aborde les accusations de plagiat, l’influence mutuelle et l’héritage indélébile des Beatles sur la pop culture des années 60.
Il est bien connu queThe Monkeesont été accusés, tout au long de leur carrière, d’avoir copiéThe Beatles. Une accusation parfois exagérée, tant le quatuor américain, conçu comme un groupe de télévision à succès, a su imposer sa propre identité musicale. Pourtant, il existe un cas où la parenté entre une chanson des Monkees et un titre des Beatles frôle le plagiat manifeste :« Let’s Dance On », qui reprend de manière troublante la rythmique et l’énergie de« Twist and Shout ».
Sommaire
- Une chanson qui n’appartient pas aux Beatles, mais que les Beatles ont sublimée
- « Let’s Dance On » : un air de déjà-vu
- Une imitation assumée ?
- Une réussite malgré tout
- Quand l’hommage frôle l’usurpation
Une chanson qui n’appartient pas aux Beatles, mais que les Beatles ont sublimée
Avant d’analyser la similitude frappante entre« Let’s Dance On »et« Twist and Shout », il est essentiel de revenir à l’origine de cette dernière. Contrairement à ce que l’histoire populaire laisse entendre,The Beatles n’ont pas écrit « Twist and Shout ». La chanson est née sous la plume dePhil MedleyetBert Berns, avant d’être enregistrée parThe Top Notesen 1961, dans une version passée totalement inaperçue. Ce sont ensuiteThe Isley Brothersqui, un an plus tard, lui ont insufflé une première dose d’énergie en en faisant un succès mineur.
Mais c’estThe Beatles, et surtoutJohn Lennon, qui en 1963 en firent un morceau légendaire. La version enregistrée en une seule prise pourl’album « Please Please Me »est un modèle de rage rock ‘n’ roll. Lennon, au bord de l’extinction vocale, offre une prestation saisissante qui ancre définitivement la chanson dans l’histoire du rock. À tel point que pour le grand public, « Twist and Shout » devient un titre estampillé Beatles, et non plus une simple reprise.
« Let’s Dance On » : un air de déjà-vu
En 1966, lorsqueThe Monkeessortent leur premier album éponyme, une chanson attire l’attention des auditeurs avertis :« Let’s Dance On ». Sonrythme endiablé, sonouverture instrumentale explosive, sonénergie brute, tout rappelle étrangement la version des Beatles de« Twist and Shout ».Micky Dolenz, qui en assure le chant, adopte même une approche vocale survoltée proche de celle de Lennon, bien que moins éraillée.
Si la ressemblance musicale est frappante, l’inspiration va au-delà de la simple ambiance rock.Le riff introductif, élément-clé du morceau des Beatles, se retrouve presque à l’identique dans « Let’s Dance On ». Le texte lui-même repose surune thématique similaire: l’exaltation duplaisir de la danse et de la fête. Autant d’éléments qui renforcent l’impression que les Monkees ne se sont pas seulement inspirés de The Beatles, mais ont en quelque sorte tenté d’en capturer la magie.
Une imitation assumée ?
La parenté musicale entre « Let’s Dance On » et « Twist and Shout » n’est pas le fruit du hasard. Derrière cette chanson se cachele duo Tommy Boyce et Bobby Hart, artisans d’une grande partie du répertoire des Monkees, responsables notamment des tubes« Last Train to Clarksville »,« Valleri »et« Words ».
Dans« Psychedelic Bubble Gum: Boyce & Hart, The Monkees, and Turning Mayhem Into Miracles », un livre publié en 2015,Bobby Hartraconte que si les Beatles faisaient naturellement partie de leurs inspirations, il ne voulait pas que The Monkees ressemblenttropau quatuor de Liverpool. Pourtant, en écoutant « Let’s Dance On », difficile de croire qu’il n’y avait pas une volonté délibérée d’émuler la dynamique du célèbre morceau de Lennon et McCartney.
Une réussite malgré tout
Plagiat ou hommage ? La question mérite d’être posée. Mais une chose est certaine :« Let’s Dance On » a immédiatement séduit l’industrie musicale américaine. LorsqueDon Kirshner, le manager musical des Monkees, entendit la chanson pour la première fois, il fut subjugué. Selon Bobby Hart, Kirshner déclara :« Ces morceaux sonnent comme des tubes ! »avant d’annoncer que Boyce & Hart allaient produire The Monkees.
Toutefois, malgré l’enthousiasme de l’industrie et du groupe,« Let’s Dance On » ne devint jamais un singleet ne put ainsi rivaliser avec « Twist and Shout » dans les charts. Le morceau demeure un titre d’album, inclus sur« The Monkees », premier disque du groupe, qui allait pourtant connaître un succès retentissant. Cet album resta13 semaines en tête du Billboard 200, se maintenant102 semaines dans le classement. Une longévité exceptionnelle qui assura à The Monkees un triomphe commercial durable.
Quand l’hommage frôle l’usurpation
Le cas de« Let’s Dance On »s’inscrit dans une problématique plus vaste autour de The Monkees : leur statut degroupe fabriquépar la télévision a souvent entraîné des comparaisons avec The Beatles, certains y voyant unecontrefaçon américainedu phénomène britannique.
Si l’on peut légitimement considérer « Let’s Dance On » comme un pastiche trop appuyé, il convient de rappeler que l’histoire de la musique populaire est truffée d’inspirations mutuelles.Les Beatles eux-mêmes s’étaient nourris de nombreux artistes avant eux, notammentChuck Berry, Little Richard, Buddy Holly et Elvis Presley.L’important, au final, reste l’authenticité de l’interprétation. Et si « Let’s Dance On » s’est trop rapproché de « Twist and Shout », il n’en demeure pas moins un morceau dynamique et entraînant, qui reflète l’essence du rock ‘n’ roll des années 60.
Si l’histoire a surtout retenu « Twist and Shout » comme l’une des performances vocales les plus emblématiques de John Lennon, elle a aussi permis à « Let’s Dance On » de devenir, à sa manière,une petite curiosité de la pop culture, témoin de l’impact colossal des Beatles sur leurs contemporains, et plus largement sur la musique des décennies suivantes.
