
Et pourtant elle nage. Rate ton passage, tu verras des étoiles plein les yeux. Oublie l'océan et tourne la page, car bientôt tous les jeux seront faits. As-tu la foi ? Prends la poudre d’escampette et tire-toi. Fais-moi cette faveur. Cesse d'appeler désir ce tramway qui ne vient pas. Fais travailler tes méninges et trouve une issue. Lutte, combats, efforce-toi. Essaye d'attraper la proie. Évite que le toit ne tombe sur la tête. Je voudrais parler une langue qui me parle à moi, une langue dans laquelle je me reconnaisse, une langue que je pourrais qualifier de simple et naturelle. Je voudrais écrire un texte qui soit le plus profond qui puisse sortir de mes tergiversations. Un jour, j'ai écrit un début de roman avec un héros très simple, un héros plutôt ingénu, un héros qui aimait bien la vie, le soleil et la légèreté. À ce moment-là, cet héros était l'image même de moi-même. aujourd'hui, je ne pourrais plus me dépeindre de cette façon. J'entends le bruit sourd des gens autour de moi. Je vois tant de visages pour la première fois, des centaines de personnes que je n'ai jamais vues dans ma vie. Et au milieu de cette foule indescriptible, il y a-t-il quelqu'un que j'ai croisé un beau matin ou par une après-midi ensoleillée ? L'appareil photo m'est indispensable, mais de moins en moins. Il me semble que le déluge d'images auxquelles nous sommes exposées n'a fait qu'affaiblir le sens des photos que l'on peut prendre. Il me semble que tout est devenu objet à consommer, objet à publier et à être oublié. Il me semble que tout le monde veut être artiste et que la photographie est l'outil le plus facile pour parvenir à ce statut. Alors moi, ça me fatigue. Je ne sais pas pourquoi. Il y a quand même de temps en temps encore un zeste d’émotion. Une émotion devant un beau visage. Jeune et Harmonieux. La perfection absolue. L'énergie du moment. Alors je suis à mon aise. Je me dis que la vie est belle parfois.
