
Résumé : Une fillette est allongée sur la table d’examen chromée du docteur. Elle n’a pas douze ans, elle est maigre, elle est faible. Il est 4 heures de l’après-midi et elle n’a toujours pas été autorisée à manger quoi que ce soit. A côté d’elle, sa mère semble étrangement excitée. Elle est sur le point de suggérer une opération à cœur ouvert pour sa fille… Depuis son plus jeune âge, Julie est une enfant fragile qui passe plus de temps chez les médecins et dans les hôpitaux que sur les bancs de l’école. Pourtant, ce mal étrange dont elle souffre, et que seule sa mère sait décrire, ne trouve pas de remède, en dépit des médicaments ingurgités, des traitements infligés et des innombrables spécialistes consultés… Tout simplement, parce que Julie n’est pas malade… Elle est victime du syndrome de Münchhausen par procuration. Ma mère, mon bourreau est le récit de son enfance volée par une mère souffrant d’un besoin maladif d’attention. Un récit sans fard. Un témoignage poignant.
Avis : L’histoire de Julie est terrible. Elle va vivre de la maltraitance toute son enfance et son adolescence. De la part de sa mère mais également de son père qui peut se montrer terriblement violent. Et Julie est malade, du moins c’est ce que surine sa mère aux médecins. À tous les médecins qu’elles vont voir. « S’il vous plaît trouvez ce qu’a ma fille ». Elle est sûre que c’est le cœur, mais Julie ne se montre pas assez malade quand elles sont à l’hôpital ce qui rend sa mère furieuse. Alors elles vont ailleurs et quand enfin un médecin parait d’accord avec la mère, celle-ci se réjouit (plutôt que de s’inquiéter pour la gosse). Parce que Julie n’est pas malade, mais sa mère l’est elle, elle a un syndrome de Münchhausen par procuration (SPM).
Comment parler de ce témoignage ? Il m’a retourné les tripes, il m’a mise très en colère, envers les parents de Julie mais aussi les soignants qu’elle va rencontrer et limite lui tourner le dos. Sa vie est difficile, elle rate beaucoup l’école car elle serait malade. Sa mère la culpabilise, lui dit que c’est à cause d’elle si elle ne peut pas travailler, si elle doit s’occuper de tout. Mais pour une enfant soi-disant malade, la mère la fait travailler à la ferme où ils vivent sans lui laisser le temps de se reposer et à peine de manger. Si Julie n’est pas vraiment malade, elle souffre tout de même de malnutrition, de mauvais traitement et d’empoisonnement (sa mère lui file des médocs au petit bonheur la chance). Et puis son père les bat, elle et son frère et c’est très dur à lire.
Il y a des scènes quasiment insoutenable, des passages qui font mal. La façon par exemple dont la mère abandonne Julie pour se faire mousser par les professionnel de santé, pour aller voir d’autres patients, et pour vérifier que sa fille va bien être opéré (et comment ça la réjouit) sans se soucier un seul instant de son mal être.
Et Julie parle, elle essaye de comprendre ce qu’il se passe, elle refuse qu’on la touche à certains endroits, mais le consentement et les soignants qu’elle va croiser c’est pas trop synonyme. Ils lui font du mal, ils ne l’écoutent pas du tout, et cette pauvre gosse subit des trucs vraiment affreux pour RIEN, car elle n’est pas malade.
J’ai vraiment trouvé cette lecture intéressante, Julie écrit avec un peu d’ironie parfois, et ça fait très très mal. La fin est belle et terrifiante. Est-ce que je peux dire que j’ai adoré un tel livre ? Disons qu’il m’a surtout beaucoup remué.
