Magazine Culture

Paul McCartney et Crossroads : L’hommage insolite de Venus and Mars

Publié le 29 août 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

En 1975, Wings sort Venus and Mars, un album marqué par l’expérimentation et la diversité musicale. En guise de clôture, Paul McCartney surprend avec Crossroads, une reprise du générique d’un soap opera britannique. Derrière cette touche d’humour se cache un hommage à la culture populaire, mêlant nostalgie et autodérision. En revisitant cette mélodie, McCartney démontre une fois de plus son talent pour allier innovation et légèreté dans son univers musical.


En 1975, Wings, le groupe fondé par Paul McCartney après la séparation des Beatles, continue d’évoluer dans un univers où les expérimentations musicales et la recherche de nouvelles sonorités cohabitent avec une nostalgie pour les moments simples. L’albumVenus and Mars, qui marque une étape importante dans l’histoire du groupe, se termine sur un morceau unique :Crossroads. Ce titre, bien que peu connu en dehors des frontières de l’album, contient une histoire fascinante et témoigne du sens de l’humour particulier de McCartney et de son équipe à l’époque.

Sommaire

Venus and Mars: L’album de la recherche sonore

Sorti en 1975,Venus and Marsest l’un des albums phares de Wings. Bien qu’il soit le quatrième de la formation, il démontre une certaine maturité musicale tout en maintenant l’aspect jovial et expérimental propre à McCartney après les années Beatles. Cet album se distingue par ses influences diverses, qui vont du rock au funk, en passant par des touches de musique classique et des explorations électroniques. L’ensemble de l’album reflète une énergie nouvelle, et des morceaux commeRock ShowetVenus and Marsmontrent un groupe en pleine possession de ses moyens.

Cependant, c’est à la toute fin deVenus and Marsque se trouveCrossroads, une chanson qui, sur le papier, semble décalée par rapport à l’esprit général de l’album. Sa nature plutôt légère et son caractère humoristique en font un choix surprenant, mais il est tout à fait représentatif de la personnalité de McCartney à l’époque.

Crossroads: Un hommage décalé à une série télévisée britannique

Crossroadsn’est pas seulement un morceau musical, c’est avant tout un clin d’œil à une partie de la culture populaire britannique. La chanson est en effet une reprise de la célèbre mélodie du générique de la série téléviséeCrossroads, une soap opera qui a été diffusée pour la première fois en 1964 et a duré jusqu’en 1988. La série, qui mettait en scène les histoires d’une auberge dans une petite ville anglaise, était un feuilleton populaire, mais d’un budget modeste. À l’époque, elle avait la réputation de plaire à un public assez âgé, souvent considéré comme nostalgique.

L’idée de McCartney était simple : après le morceauLonely Old People, qui traite de la solitude des aînés, il a voulu insérer un moment d’humour, en reprenant la célèbre mélodie deCrossroads. Dans une interview de 1975, il expliquait que la chanson était en fait une sorte de blague. Le concept était que des « vieilles personnes solitaires », qui passaient leur temps à regarderCrossroads, seraient finalement récompensées par un morceau qui reprendrait le générique de leur série préférée. Une manière, pour McCartney, de rendre hommage à une part de la culture britannique tout en y ajoutant une touche d’ironie.

« Je pensais que ce serait bien de le faire. C’est un peu une blague britannique qui pourrait ne pas être comprise ailleurs », confiait McCartney dans une conférence de presse à la Nouvelle-Orléans en 1975. Le morceau s’inscrit donc dans une longue tradition d’humour britannique, où l’on se moque gentiment des petites habitudes du quotidien.

Le choix du titre et la production en studio

SiCrossroadsest une reprise d’une mélodie bien connue, elle est loin d’être un simple copier-coller. McCartney, avec l’aide de son groupe, a revisité la chanson pour l’adapter à son propre univers sonore, tout en conservant une certaine fidélité à l’original. La version de Wings est enrichie par des arrangements musicaux plus modernes et par des instruments typiques de l’époque, comme le synthétiseur Moog joué par Linda McCartney et la guitare électrique de Jimmy McCulloch.

L’enregistrement deCrossroadsa eu lieu principalement au Sea Saint Studios à La Nouvelle-Orléans, un lieu prisé par de nombreux artistes de l’époque. Le 31 janvier 1975, la base instrumentale du morceau a été enregistrée, et c’est là qu’il fut initialement intituléTheme for End of Albumsur les feuilles de session. En mars, la chanson a été enrichie d’une section orchestrale de 23 musiciens, enregistrée au Sunset Sound Recorders à Los Angeles, ce qui lui confère une dimension épique et dramatique, en adéquation avec le thème de la fin du monde ou du changement qu’évoque le titre de la chanson.

L’ajout de l’orchestre a été une étape importante dans le processus de création, apportant àCrossroadsune profondeur inattendue et une texture sonore qui, bien qu’inspirée de l’humour et de la simplicité, a un côté dramatique qui rappelle le genre des génériques de séries télévisées. Ce choix d’arrangements met en lumière l’esprit créatif de McCartney, toujours désireux d’aller au-delà des conventions du rock classique.

Crossroads: Un moment d’humour et de nostalgie

Crossroadsn’est pas qu’une simple chanson à la fin d’un album. C’est une pièce qui combine plusieurs niveaux d’interprétation. Sur le plan musical, elle termine l’album sur une note joyeuse, presque burlesque, contrastant avec les morceaux plus profonds qui l’ont précédée. Elle fait écho à l’absurdité de certains moments deVenus and Mars, tout en rappelant que McCartney, au fond, n’a jamais perdu son goût pour les moments légers et farfelus.

Sur un autre plan,Crossroadsest aussi un clin d’œil à une époque révolue, à la culture populaire britannique des années 60 et 70. Les références à la série télévisée, à cette époque où l’on regardait la télévision comme un acte communautaire et rassurant, créent un sentiment de nostalgie pour les petites choses simples de la vie. Le fait que la chanson ait été utilisée comme thème de fin dans certaines émissions de la sérieCrossroadsdans les années 70 démontre à quel point l’humour et la culture populaire sont interconnectés dans le travail de McCartney, qui s’amuse tout en rendant hommage à une institution de la télévision britannique.

 Une touche d’humour à la fin d’un voyage

CrossroadsclôtureVenus and Marsd’une manière à la fois légère et profonde, un peu à la manière des classiques du cinéma ou de la télévision où le générique est à la fois une fin et un début. En offrant cette chanson comme final, McCartney joue une dernière fois avec les attentes des auditeurs, les surprenant avec un choix inattendu et décalé. Mais au-delà de la blague britannique,Crossroadsest un morceau qui, par sa simplicité et son énergie, incarne parfaitement l’esprit de Wings à cette époque : un groupe qui n’avait pas peur de se lancer dans des expérimentations musicales tout en gardant son côté populaire et accessible. Un vrai clin d’œil, donc, à la fois pour l’auditeur et pour les « vieilles personnes solitaires » qui, au fil des années, ont continué à suivre les petites histoires deCrossroadsà la télévision.


Retour à La Une de Logo Paperblog