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Get Back : Le retour aux racines des Beatles

Publié le 29 août 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Le 11 avril 1969 au Royaume-Uni et le 5 mai aux États-Unis, les Beatles dévoilent Get Back, un single qui marque une rupture avec leurs expérimentations psychédéliques et un retour à un rock plus brut. Produit par George Martin et enregistré en janvier de la même année, Get Back incarne la tentative du groupe de renouer avec l’essence du rock’n’roll. Pourtant, derrière cette apparente simplicité se cache une histoire complexe, mêlant satire sociale, tensions internes et performances historiques.

Sommaire

Une genèse tumultueuse

Le projet Get Back prend forme durant les sessions de janvier 1969 aux studios Twickenham et Apple. L’idée initiale de Paul McCartney était de composer une chanson inspirée des préoccupations politiques et sociales de l’époque, notamment les débats sur l’immigration en Grande-Bretagne. Get Back devait être une satire des discours nationalistes, mais certaines paroles improvisées en studio – notamment celles de la version non publiée No Pakistanis – ont par la suite valu à McCartney des accusations de racisme. Pourtant, selon lui, l’intention était au contraire de critiquer les préjugés et non de les encourager.

Le morceau évolue ensuite vers un texte plus neutre, racontant l’histoire fictive de Jo Jo et Loretta Martin, tout en conservant une ambiguïté qui a alimenté plusieurs interprétations. John Lennon, par exemple, a suggéré que le refrain Get back to where you once belonged était une allusion voilée à Yoko Ono, perçue comme une source de tensions au sein du groupe.

Un enregistrement marqué par la présence de Billy Preston

Au moment où les Beatles enregistrent Get Back, le climat est particulièrement tendu. Les disputes sont fréquentes, et George Harrison quitte même temporairement le groupe. C’est dans ce contexte que Billy Preston, claviériste de génie et ami du groupe, est invité en studio par Harrison. Son arrivée apaise les tensions et apporte une nouvelle dynamique au morceau, son jeu d’orgue électrique donnant à Get Back une couleur bluesy distinctive. Il sera d’ailleurs le seul musicien à être crédité sur un disque des Beatles en tant qu’artiste invité : The Beatles with Billy Preston.

Le rooftop concert : un moment d’anthologie

Le 30 janvier 1969, dans un ultime élan d’énergie collective, les Beatles montent sur le toit de l’Apple Corps à Londres pour une performance improvisée qui deviendra légendaire. Ils interprètent Get Back à trois reprises sous le regard médusé des passants et des forces de l’ordre, qui tentent d’interrompre le concert pour cause de nuisances sonores. Ce moment marquera l’une des dernières apparitions publiques du groupe et sera immortalisé dans le film Let It Be.

Le mixage et la controverse Phil Spector

Lorsque vient le moment de finaliser l’album Let It Be, initialement conçu sous le titre Get Back, le groupe fait appel à Phil Spector, célèbre producteur connu pour sa technique du Wall of Sound. Or, son intervention divise profondément les membres du groupe, notamment McCartney, qui n’apprécie pas les arrangements orchestraux ajoutés à certains morceaux. Pour Get Back, Spector choisit d’introduire des extraits de conversations enregistrées lors du rooftop concert, donnant l’impression d’une performance live.

Le single diffère donc légèrement de la version album : la version 45 tours comprend une coda omise par Spector sur Let It Be. Cette outro reprend les paroles Get back Loretta, your mummy’s waiting for you, accompagnées d’un groove enjoué qui renforce le caractère spontané du morceau.

Le succès et les différentes rééditions

Dès sa sortie, Get Back connaît un succès fulgurant. Il atteint la première place des classements britanniques et américains et reste 17 semaines dans les charts. En 1996, la version rooftop est incluse dans Anthology 3, tandis que la version sans l’intervention de Spector voit le jour en 2003 sur Let It Be… Naked.

En 2006, le morceau est réinventé dans l’album remix Love, fusionnant des éléments de plusieurs chansons emblématiques des Beatles pour un rendu novateur.

Un héritage intact

Au-delà de son aspect musical, Get Back symbolise le dernier sursaut de cohésion du groupe avant son éclatement définitif en 1970. Ce morceau, à la fois énergique et empreint de tensions sous-jacentes, capture l’essence du retour aux sources que McCartney souhaitait insuffler au groupe.

Aujourd’hui encore, Get Back demeure une pierre angulaire du répertoire des Beatles, preuve indélébile de leur génie créatif et de leur capacité à réinventer le rock tout en s’ancrant dans l’actualité de leur époque.


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