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« 2046 » de Wong Kar-wai

Par Etcetera
2046 Wong Kar-wai

Le cinéaste hong-kongais Wong Kar-wai (né en 1958) était l’un de mes préférés à la fin des années 90 et début des années 2000 : j’avais été littéralement transportée et bouleversée par « In the mood for love » (2000) et tout à fait éblouie et impressionnée par « 2046« , vu l’année de sa sortie au cinéma, en 2004.
Aussi, lorsque j’ai remarqué que « 2046 » repassait près de chez moi, en décembre 2024, vingt ans après ce premier visionnage, j’ai eu très envie de confronter mes impressions de jeune trentenaire avec celles de la quinqua que je suis devenue ! Mes souvenirs éblouis allaient-ils se réactualiser ou, au contraire, se trouver démentis ?
Une manière de savoir si le film de Wong Kar-wai a bien vieilli et, en même temps, de voir jusqu’à quel point j’ai changé moi-même !

Note pratique sur le film

Nationalité : Hong-Kong
Année de sortie en salle : 2004
Couleur, version chinoise sous-titrée
Distribution : Tony Leung, Gong Li, Maggie Cheung, Zhang Ziyi, Faye Wong.
Durée : 2h09

Résumé du début de l’histoire

L’histoire se passe dans les années 60. M. Chow (Tony Leung) est un journaliste et écrivain qui vit dans une chambre d’hôtel numérotée 2046. « 2046 » est également le titre du roman d’anticipation et de science fiction qu’il est en train d’écrire. M. Chow est également un grand séducteur, qui fait souffrir ses conquêtes par sa désinvolture, sa rouerie et ses infidélités. Dans la chambre à côté de la sienne, la 2047, il y a justement une jolie jeune femme, assez hautaine, qui le prend de haut, et tout un jeu de séduction commence à se mettre en place entre eux. Mais, malgré tous ses succès féminins, M. Chow, au fond, n’a jamais aimé qu’une seule femme : la belle Su LiZhen, qui tient un rôle non négligeable dans son roman d’anticipation, transposée en androïde. (…)

Mon Avis

Ce film réunit les plus grandes stars féminines chinoises des années 2000, internationalement célèbres à ce moment-là, qu’il s’agisse de Gong Li, Maggie Cheung, Zhang Ziyi, … les beautés emblématiques du cinéma chinois au début du 21e siècle sont donc réunies dans ce film à l’esthétique très sophistiquée, et ces superbes actrices sont mises en valeur de la manière la plus parfaite et la plus soignée possible, par des maquillages, des coiffures, des vêtements, dignes des magazines de mode les plus élégants. D’ailleurs, la façon de marcher de ces superbes actrices, à plusieurs reprises, ressemble à la démarche parfaitement rectiligne de mannequins sur des podiums, lors de défilés haute couture. Les éclairages et les musiques ont l’air également d’être essentiels pour l’esthétique générale du film, lui donnant souvent des allures de vidéo clip ou de spot publicitaire pour telle ou telle marque de luxe.
J’ai pensé à plusieurs moments que, peut-être, Wong Kar-wai voulait ici rendre un hommage au cinéma américain de l’âge d’or d’Hollywood, avec ses stars flamboyantes et charismatiques, mais transposé dans un univers asiatique. En effet, Tony Leung, avec sa fine moustache et son sourire de séducteur impénitent, évoque très évidemment Clarke Gable. De plus, l’époque où se situe l’action de « 2046 », le milieu des années soixante, avec ses robes moulantes, ses chaussures à talons aiguilles, ses brushings impeccablement gonflés, nous fait certainement davantage penser à des coutumes et des modes occidentales qu’asiatiques.
Que penser du scenario ? De l’histoire qui nous est racontée ? On peut dire que c’est un élément secondaire du film. D’une certaine façon, il n’y a même pas tellement d’histoire. Tony Leung passe d’une femme à une autre, elles sont belles, il n’est pas très gentil avec elles, elles se mettent à pleurer – voilà, en substance, le propos. On peut dire aussi que les rapports entre l’amour et l’argent semblent être un thème porteur du film.
Par rapport au souvenir ébloui que j’en gardais, je reconnais avoir été plutôt déçue cette fois-ci : à plus de cinquante ans, on se contente mal d’une histoire exclusivement basée sur des romances, sans aucun autre thème que l’amour, du début à la fin. Je n’ai pas non plus accroché aux quelques scènes de science-fiction, qui ne rajoutent pas grand-chose – heureusement qu’elles sont rares !
Je conseillerais « 2046 » à un esthète, épris de belles images, de belles lumières et de belles musiques mais je ne le conseillerais pas à un spectateur recherchant des sens plus profonds, les dialogues n’étant pas toujours très substantiels.

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