Magazine Culture

Life Begins at 40 : Un hommage de John Lennon à Ringo Starr, à la fois drôle et touchant

Publié le 04 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

L’histoire de la musique rock regorge de moments improbables, de surprises inattendues, mais peu d’entre eux égalent l’ironie douce-amère du morceau « Life Begins at 40 ». Écrite et enregistrée par John Lennon en 1980, cette chanson est un cadeau particulier, à la fois pour son ami Ringo Starr et pour lui-même. Alors qu’il fêtait son entrée dans la quarantaine, Lennon a trouvé un moyen original d’embrasser ce moment charnière, tout en offrant à Ringo un morceau qu’il n’aura finalement pas eu l’occasion de chanter. C’est dans l’intimité de son appartement new-yorkais, au légendaire Dakota Building, que ce morceau a pris forme, donnant naissance à une chanson qui, bien qu’inachevée, reste aujourd’hui une illustration de l’esprit de camaraderie qui a marqué les relations entre les membres des Beatles.

Sommaire

Un hommage entre amis, un clin d’œil à la quarantaine

La chanson « Life Begins at 40 » a vu le jour durant l’été 1980, alors que Lennon se trouvait en pleine période de création. Après plusieurs années d’isolement relatif, entre sa vie de famille avec Yoko Ono et ses expérimentations musicales, le retour de Lennon à la musique en 1980 s’accompagnait d’une volonté manifeste de renouer avec ses anciens compagnons d’armes des Beatles. Ringo Starr, qui approchait également de ses 40 ans, était sur le point de sortir un nouvel album intitulé Can’t Fight Lightning (finalement renommé Stop And Smell The Roses en 1981), et Lennon avait accepté de lui offrir quelques chansons pour ce projet.

En tant qu’ami fidèle et complice, Lennon a vu dans l’occasion de cette célébration de la quarantaine un moyen de marquer l’événement avec humour et légèreté. « Life Begins at 40 », qui fait référence à l’âge de Ringo et à celui de Lennon, est ainsi une chanson à la fois personnelle et collective, une sorte de blague musicale entre les deux amis, dans laquelle l’artiste se moque gentiment du passage du temps tout en célébrant cette nouvelle décennie.

L’enregistrement de ce morceau s’est fait dans les conditions particulières d’une démo maison. Lennon, seul avec sa guitare acoustique, accompagné d’un enregistrement très rudimentaire avec une machine à batterie et quelques riffs de guitare, donne à la chanson une touche d’improvisation pure. L’atmosphère décontractée de la pièce s’ajoute à la manière dont la chanson est chantée : une voix délibérément décalée et un ton moqueur, parfaitement dans le style de Lennon.

L’esprit du Dakota et l’intention d’un morceau décalé

Il est fascinant de voir comment la musique de Lennon, à une époque où il semblait avoir mis en pause sa carrière solo, continuait à avoir cette touche d’expérimentation et d’humour. Le morceau commence par un discours, comme une introduction parlée, où Lennon se présente dans un cadre fictif : « Je voudrais vous souhaiter la bienvenue ici, au Dakota Country And Western Club ». Ce club imaginaire est une manière pour Lennon de se jouer de lui-même et de l’aspect rural de certains genres musicaux tout en restant fidèle à son style unique et inimitable. La chanson se poursuit ensuite avec une mélodie joyeuse et entraînante, presque folklorique, qui contraste avec le ton ironique des paroles.

« Life Begins at 40 » n’est pas simplement un cadeau pour Ringo. Il est aussi un miroir de la vie de Lennon lui-même, confronté à un âge qu’il avait toujours imaginé comme celui de la maturité, un âge où les choix de vie se clarifient et où les rétrospectives deviennent incontournables. À ce moment de sa vie, Lennon semblait avoir atteint une forme de sérénité et de sagesse, du moins dans la manière dont il abordait la musique et ses amis. Pourtant, c’est toujours avec un léger détachement et un rire qu’il choisissait de traiter des sujets aussi profonds que le vieillissement et l’amitié.

Une chanson inachevée, mais un héritage durable

Malheureusement, « Life Begins at 40 » ne verra jamais le jour dans le cadre du projet initialement prévu pour Ringo Starr. Le triste événement de la mort de John Lennon en décembre 1980 empêchera ce dernier de livrer d’autres chansons destinées à son ami. Cependant, la chanson sera finalement incluse dans la John Lennon Anthology en 1998, un coffret qui compilait des démos, des morceaux inédits et des prises alternatives de sa carrière solo. Le morceau, bien que simplement une démo maison, prend ainsi une dimension particulière. C’est comme si cette chanson, née d’une amitié sincère et d’un sens de l’humour unique, avait été préservée comme un ultime témoignage de Lennon, comme une sorte de clin d’œil musical qui résonne encore aujourd’hui.

L’héritage de Life Begins at 40 va au-delà de sa simple inclusion dans un coffret. Il capture l’essence d’un Lennon en pleine renaissance musicale, redevenant l’artiste espiègle et inventif qu’il avait toujours été avec les Beatles, mais cette fois-ci, en toute intimité, loin des projecteurs. Le morceau est un rappel que même à l’aube de ses 40 ans, Lennon n’avait rien perdu de son esprit créatif et de son originalité. Au contraire, c’est comme s’il s’offrait à lui-même un dernier cadeau d’insouciance avant de se lancer dans une nouvelle phase de sa vie. Et même si la chanson n’est jamais allée au-delà de l’enregistrement maison, elle reste un témoignage précieux d’un Lennon qui, comme toujours, ne manquait jamais de se réinventer, tout en restant fidèle à lui-même.

La nostalgie d’un Lennon disparu trop tôt

Il est impossible d’évoquer « Life Begins at 40 » sans penser à l’énorme vide que laisse la disparition prématurée de John Lennon. Bien que la chanson soit légère et pleine d’humour, elle porte en elle une forme de mélancolie, à la fois douce et poignante, car elle nous rappelle que Lennon, à 40 ans, semblait encore avoir tant à offrir. Le passage du temps, qu’il abordait dans la chanson avec une légèreté désarmante, prend un tout autre sens une fois que l’on connaît le destin tragique qui l’attendait. À travers « Life Begins at 40 », il semble nous dire que l’âge n’est qu’un chiffre, que l’essentiel réside dans la manière dont on choisit de vivre et de créer.

La chanson, dans sa simplicité et son authenticité, fait écho à l’esprit des Beatles, à l’époque où les membres du groupe pouvaient se permettre d’expérimenter, de rire ensemble, et de s’offrir des cadeaux artistiques les uns pour les autres. C’est ce que « Life Begins at 40 » symbolise : un dernier moment de complicité entre des amis et des artistes qui ont marqué l’histoire de la musique, non seulement par leur talent, mais aussi par la manière dont ils ont partagé leurs vies et leurs créations.

Un cadeau sonore pour Ringo Starr, mais aussi pour nous

En fin de compte, « Life Begins at 40 » est bien plus qu’une simple chanson enregistrée dans l’intimité d’un appartement new-yorkais. C’est un témoignage de la complicité entre John Lennon et Ringo Starr, une amitié qui a traversé les épreuves du temps et les tempêtes de la célébrité. La chanson est aussi un cadeau, non seulement pour Ringo, mais pour nous tous, auditeurs qui, en écoutant ce morceau, pouvons sentir l’humour et la légèreté qui régnaient dans l’atmosphère du Dakota Building en 1980.

Et même si cette chanson n’a jamais eu l’occasion de faire partie d’un album officiel de Ringo, son inclusion dans la John Lennon Anthology nous permet de la redécouvrir et de la savourer, comme un dernier adieu de Lennon à son ami, à la quarantaine, et à la vie qui continuait, indifférente à la tragédie qui se profilait.


Retour à La Une de Logo Paperblog