Parmi les morceaux les plus anciens du répertoire des Beatles, « One After 909 » occupe une place à part. Cette chanson, qui figurera finalement sur l’album Let It Be en 1970, trouve son origine bien avant que le groupe ne devienne le phénomène mondial que l’on connaît. Entre ses premières ébauches dans les années 1950 et son enregistrement final sur le toit d’Apple Corps en 1969, elle témoigne de l’évolution artistique et de la dynamique du groupe.
Sommaire
- Une des premières compositions de Lennon et McCartney
- Un premier enregistrement abandonné en 1963
- Redécouverte lors des sessions Let It Be
- Un final en apothéose sur Let It Be
- Une perle méconnue mais chérie par les fans
Une des premières compositions de Lennon et McCartney
« One After 909 » est l’une des toutes premières tentatives d’écriture de John Lennon et Paul McCartney. Selon les souvenirs de McCartney, la chanson a été conçue comme un hommage aux chansons ferroviaires américaines qui les inspiraient tant à l’époque, notamment Rock Island Line de Lonnie Donegan ou Midnight Special. L’idée de base était simple : une histoire de train et d’un rendez-vous manqué, traitée sur un ton léger et rythmé.
Bien que McCartney présente le titre comme une collaboration, Lennon revendique sa paternité exclusive, expliquant qu’il l’avait écrite vers ses 17 ans. La numérotation « 909 » a une résonance particulière pour Lennon, qui a souvent mentionné le chiffre neuf comme un leitmotiv récurrent de sa vie, étant né le 9 octobre et ayant vécu au 9 Newcastle Road.
Un premier enregistrement abandonné en 1963
En mars 1963, alors que les Beatles enregistrent leur troisième single From Me To You, ils tentent également une version studio de « One After 909 » à Abbey Road sous la supervision de George Martin. Malgré plusieurs prises, le résultat ne convainc pas, et la chanson est abandonnée au profit d’autres compositions jugées plus abouties.
Les enregistrements de cette session ne verront le jour qu’en 1995 avec la sortie de Anthology 1, où l’on découvre une version primitive du morceau, révélatrice des influences skiffle et blues qui animaient les débuts du groupe.
Redécouverte lors des sessions Let It Be
En janvier 1969, en pleine période trouble, les Beatles se replongent dans leur répertoire passé pour retrouver une certaine spontanité. One After 909 refait alors surface, cette fois avec une énergie renouvelée et un arrangement plus percutant, porté par le jeu enlevé de Billy Preston au piano électrique.
Le 30 janvier 1969, lors de leur concert improvisé sur le toit du siège d’Apple Corps, One After 909 devient l’un des morceaux phares de cette performance historique. Contrairement à d’autres titres enregistrés dans une atmosphère tendue, celui-ci respire la joie et la complicité, comme une réminiscence des années d’insouciance.
Un final en apothéose sur Let It Be
Lorsque Phil Spector est chargé de produire l’album Let It Be, il conserve la version du rooftop, qui deviendra la première piste de l’album. Le mixage final, effectué le 23 mars 1970, reste fidèle à la captation brute de ce moment unique.
Avec le temps, One After 909 est devenue un symbole : celui d’une boucle bouclée, d’une chanson de jeunesse enfin réhabilitée, marquant le retour aux sources d’un groupe à l’aube de sa séparation.
En 2003, avec la sortie de Let It Be… Naked, une version dépouillée de la chanson voit le jour, débarrassée des interventions de Spector, offrant ainsi une approche encore plus proche de l’esprit initial du morceau.
Une perle méconnue mais chérie par les fans
Si One After 909 ne figure pas parmi les classiques immédiatement associés aux Beatles, elle occupe une place particulière dans leur histoire. Aimée par les musiciens eux-mêmes, elle illustre la persévérance et l’évolution du groupe. Sa renaissance tardive en fait un véritable témoignage de leur parcours, depuis les premières notes écrites à l’adolescence jusqu’à la fin de l’aventure commune sur un toit londonien.
