Les Beatles ont marqué l’histoire du rock, mais plusieurs de leurs morceaux ont été accusés de ressembler à des chansons existantes. De Run For Your Life, inspirée d’Elvis Presley, à Come Together, rappelant Chuck Berry, en passant par Yesterday, dont la mélodie aurait des airs de déjà-vu, cet article explore la frontière entre hommage, inspiration et plagiat dans l’œuvre des Fab Four.
Depuis leur apparition sur la scène musicale au début des années 1960, les Beatles sont devenus le groupe le plus influent de l’histoire du rock. Leur capacité à innover, à fusionner les genres et à créer des mélodies inoubliables a contribué à leur succès planétaire. Toutefois, même les plus grands artistes ne sont pas à l’abri des controverses. Plusieurs titres des Fab Four ont été accusés de ressembler à des chansons antérieures, soulevant ainsi des questions sur les limites entre l’inspiration et le plagiat.
Sommaire
- « Run For Your Life » : Une inspiration assumée d’Elvis Presley ?
- « Come Together » : Le spectre de Chuck Berry
- « Yesterday » : Un air trop familier ?
- Plagiat ou inspiration ?
« Run For Your Life » : Une inspiration assumée d’Elvis Presley ?
« Run For Your Life », titre figurant sur l’albumRubber Soulen 1965, est souvent considéré comme l’un des morceaux les plus durs du répertoire des Beatles. Composé par John Lennon, ce titre aux paroles menaçantes a rapidement suscité la controverse, notamment en raison de son vers glaçant :« Well, I’d rather see you dead little girl than to be with another man. »Ce vers est en fait directement repris de« Baby Let’s Play House », une chanson popularisée par Elvis Presley en 1955 et initialement écrite par Arthur Gunter.
John Lennon lui-même a reconnu cette influence, expliquant plus tard qu’il considérait« Run For Your Life »comme une de ses chansons les moins aimées. Il a admis que l’idée lui était venue après avoir entendu Presley, un artiste qu’il admirait depuis son adolescence. Bien que l’emprunt soit manifeste, il ne s’agit pas d’un plagiat à proprement parler, mais plutôt d’un hommage involontaire teinté d’une référence explicite.
« Come Together » : Le spectre de Chuck Berry
Sorti en 1969 surAbbey Road,« Come Together »est l’un des morceaux les plus iconiques du groupe. Cependant, son riff de guitare et son phrasé particulier rappellent fortement« You Can’t Catch Me », une chanson de Chuck Berry datant de 1956.
Dès la sortie du morceau, Morris Levy, propriétaire des droits de Chuck Berry, n’a pas tardé à intenter un procès pour plagiat. John Lennon a finalement reconnu que son titre était directement inspiré du morceau de Berry. Paul McCartney, quant à lui, a expliqué qu’il avait délibérément suggéré à Lennon de ralentir le tempo et d’adopter un style plus « swampy » pour atténuer la ressemblance.
L’affaire s’est réglée à l’amiable. En guise de compromis, Lennon a accepté d’enregistrer plusieurs chansons sous le label de Levy, notamment une reprise de« You Can’t Catch Me »sur son album soloRock ‘n’ Roll(1975). Ce cas est l’un des exemples les plus célèbres d’un emprunt musical qui a abouti à des conséquences légales.
« Yesterday » : Un air trop familier ?
« Yesterday », sorti en 1965 surHelp!, est l’une des ballades les plus célèbres de l’histoire de la musique. Composée par Paul McCartney, cette chanson a la particularité d’avoir été écrite de manière inconsciente. McCartney a souvent raconté qu’il avait rêvé la mélodie et, craignant d’avoir sans le vouloir copié un air existant, il l’avait testée autour de lui avant de la finaliser.
Certains critiques et historiens de la musique ont relevé des similitudes avec« Answer Me, My Love », une chanson popularisée par Nat King Cole. Spencer Leigh, expert en jazz, a avancé que McCartney aurait été influencé par les disques de son père, grand amateur de musique jazz et classique.
Malgré ces ressemblances, aucune plainte pour plagiat n’a été déposée et McCartney n’a jamais été accusé d’avoir intentionnellement volé cette mélodie. Il s’agit plutôt d’un exemple fascinant de la façon dont les influences musicales peuvent s’infiltrer dans la création artistique de manière inconsciente.
Plagiat ou inspiration ?
Le cas des Beatles montre à quel point la frontière entre inspiration et plagiat est parfois floue dans l’univers de la musique. Comme tout artiste, les Fab Four ont été nourris par leurs influences musicales, notamment le rock’n’roll américain, le blues et le jazz. Si certains de leurs morceaux rappellent effectivement des titres préexistants, la question de l’intentionnalité demeure essentielle.
Dans le cas de« Run For Your Life »,« Come Together »et« Yesterday », on peut parler d’inspirations plus ou moins assumées, mais aucun de ces morceaux ne peut être considéré comme une copie servile. D’ailleurs, ces polémiques n’ont en rien entaché la réputation des Beatles, dont l’apport à la musique moderne demeure inestimable.
Au fond, la musique est une perpétuelle conversation entre les générations. Les Beatles ont repris, transformé et transcendé des influences diverses pour créer un son unique. Qu’ils aient parfois frôlé la ligne rouge du plagiat ne saurait remettre en cause leur génie créatif. Car, comme l’a dit Picasso :« Les bons artistes copient, les grands artistes volent. »
