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George Harrison et “See Yourself” : Une chanson entre introspection et controverse

Publié le 08 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Parmi les perles méconnues de George Harrison, See Yourself, cinquième morceau de son septième album solo Thirty Three & ⅓, occupe une place particulière. Composée initialement en 1967, la chanson a attendu près de dix ans avant d’être finalisée et enregistrée. Témoin d’une période charnière des Beatles, elle s’inscrit dans le contexte mouvementé de l’aveu de Paul McCartney concernant l’usage du LSD. Mais au-delà du simple écho à un scandale médiatique, See Yourself traduit une réflexion plus profonde sur la vérité, la perception et la quête spirituelle de Harrison.

Les origines de la chanson : un aveu qui secoue l’Angleterre

En 1967, la presse britannique est en effervescence. Paul McCartney, interrogé par un journaliste, admet avoir consommé du LSD. Son aveu suscite une réaction en chaîne et une indignation publique. Pourtant, John Lennon et George Harrison avaient déjà expérimenté la substance depuis deux ans.

Dans une interview postérieure, Harrison expliquera l’impact de cette révélation : « Ils sont allés voir Paul et lui ont demandé : « Avez-vous pris cette drogue dangereuse, le LSD ? » Il a répondu : « Je vais dire la vérité, mais c’est votre responsabilité en tant que journalistes de décider de la transmettre au public. » Et, bien sûr, ils l’ont relayé au monde entier. »

Ce tollé médiatique inspire à Harrison une réflexion sur la difficulté à dire la vérité face aux attentes et aux pressions extérieures. Il en résulte les premières ébauches de See Yourself.

Un texte profond et intemporel

Les paroles de la chanson témoignent d’une observation incisive sur l’hypocrisie sociale et la façon dont la vérité est perçue :

It’s easier to tell a lie than it is to tell the truth It’s easier to kill a fly than it is to turn it loose It’s easier to see the books upon the shelf than to see yourself

Harrison met en lumière la facilité avec laquelle on préfère les illusions confortables à la confrontation avec soi-même. La société, régie par des normes et des conventions, encourage souvent à dissimuler plutôt qu’à s’exposer à la critique.

Une gestation longue, une maturation artistique

Si la première version de See Yourself date de 1967, la chanson restera inachevée pendant près d’une décennie. Ce n’est qu’en 1976, au moment de l’enregistrement de Thirty Three & ⅓, que Harrison y revient, ajoutant les paroles manquantes et adaptant la composition à son style plus mature.

Cet album marque un tournant dans sa carrière solo, avec une approche plus raffinée et des influences allant du rock au jazz, en passant par des touches de musique soul. Produit par Harrison lui-même avec Tom Scott, See Yourself bénéficie d’une instrumentation riche et subtile.

Une ode à la spiritualité et à la réflexion intérieure

En plus de son ancrage dans l’histoire des Beatles, la chanson s’inscrit dans le parcours spirituel de Harrison.

En 1976, il est déjà profondément immergé dans la philosophie hindoue et la méditation transcendantale. See Yourself, tout comme Dear One sur le même album, est dédiée à Paramahansa Yogananda, l’auteur de Autobiography of a Yogi, un ouvrage qui a eu une influence majeure sur sa vie. La chanson peut donc aussi être interprétée comme un appel à la prise de conscience et à l’introspection.

L’impact et la postérité de la chanson

Bien que See Yourself ne soit pas l’un des titres les plus célèbres de Harrison, il illustre parfaitement son évolution en tant qu’artiste et penseur. Son message demeure actuel : la difficulté d’affronter la vérité, la pression du conformisme et la nécessité d’une exploration intérieure.

Avec le recul, cette chanson se distingue comme un témoignage fascinant d’une époque et d’un artiste en constante quête de sens. Elle résume en quelques vers l’un des grands paradoxes de l’existence humaine : voir le monde est facile, mais se voir soi-même est un défi bien plus ardu.


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