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I’m Down : Le cri du rock ‘n’ roll des Beatles

Publié le 10 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Lorsque les Beatles enregistrent I’m Down le 14 juin 1965, ils ne se doutent sans doute pas que cette face B du single Help! deviendrait un hymne scénique incontournable. Ce morceau, impulsé par la fougue créatrice de Paul McCartney, puise dans l’héritage de Little Richard et propulse le groupe dans une performance survoltée qui marquera notamment leur concert historique au Shea Stadium.

Sommaire

L’hommage de McCartney à Little Richard

Paul McCartney, grand admirateur du pionnier du rock ‘n’ roll Little Richard, souhaitait depuis longtemps composer un titre dans cette veine. Dès ses débuts avec les Beatles, il interprétait régulièrement Long Tall Sally ou Lucille avec une énergie vocale débridée. Avec I’m Down, il crée enfin son propre « rock ‘n’ roll shouter », un titre où la performance vocale prime sur la mélodie.

« Je pouvais imiter la voix de Little Richard, une chose sauvage, rauque, hurlante. C’est comme une expérience hors du corps, il faut sortir de soi-même pour chanter ainsi », expliquera-t-il plus tard. I’m Down est conçu pour être un morceau de scène, un exutoire où McCartney pousse sa voix à ses limites.

Une face B au ton léger

Contrairement à Help!, la face A du single, qui explore une détresse réelle ressentie par John Lennon à l’époque, I’m Down joue la carte de l’ironie et de l’autodérision. Les paroles racontent l’histoire d’un homme rejeté par sa compagne malgré ses efforts, une situation tragique tournée en dérision par un texte volontairement caricatural : « Man buys ring, woman throws it away / Same old thing happens every day ». Un clin d’œil au blues et au rock des années 1950, où le malheur amoureux était souvent mis en musique avec une touche humoristique.

L’enregistrement en studio

Ce 14 juin 1965, les Beatles démontrent une fois de plus leur incroyable polyvalence. En début d’après-midi, McCartney enregistre la délicate I’ve Just Seen A Face, puis, quelques heures plus tard, la légendaire Yesterday. Enfin, en soirée, il pousse sa voix à l’extrême pour I’m Down, prouvant une maîtrise musicale époustouflante.

Le titre est finalisé en sept prises. Une version brute, sans les harmonies vocales ajoutées ultérieurement, figure sur Anthology 2. L’enregistrement révèle aussi un moment clé dans l’histoire des Beatles : entre deux prises, McCartney lâche une phrase qui restera gravée dans leur légende, « Plastic soul, man, plastic soul », une expression utilisée par les musiciens noirs pour qualifier l’imitation du rhythm and blues par des artistes blancs, notamment Mick Jagger. Cette formule réapparaîtra quelques mois plus tard dans le titre de l’album Rubber Soul.

Un final explosif au Shea Stadium

Le 15 août 1965, I’m Down clôture l’un des concerts les plus mythiques de l’histoire du rock : le premier grand spectacle en stade, devant 55 600 spectateurs au Shea Stadium de New York. L’énergie du groupe atteint son paroxysme, avec McCartney hurlant dans son micro et John Lennon livrant une performance mémorable au clavier. Pris dans l’euphorie du moment, Lennon joue de son Vox Continental avec ses coudes et ses pieds, déclenchant l’hilarité de George Harrison. Ce moment immortalisé dans le documentaire The Beatles Anthology témoigne de l’esprit frondeur et ludique du groupe, même au sommet de leur célébrité.

Héritage et influence

Si I’m Down ne figure pas sur un album studio des Beatles, son influence reste indéniable. Le titre marque un tournant dans la reconnaissance de McCartney en tant que chanteur de rock puissant, capable de rivaliser avec les plus grands hurleurs du genre. Des décennies plus tard, McCartney continue d’interpréter I’m Down en concert, prouvant que ce brûlot de deux minutes trente n’a rien perdu de sa fougue originelle.

Face B d’un single historique, I’m Down reste un des morceaux les plus effervescents du répertoire des Beatles, un pur concentré d’énergie qui capture l’essence du rock ‘n’ roll.  


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