Plus de cinquante ans après leur séparation, les Beatles continuent d’établir des records au Royaume-Uni. De « Now and Then », single le plus vendu de 2023, à leurs exploits historiques sur l’Official Charts, le groupe domine toujours les classements. Ils détiennent notamment 18 Number 1 en singles, 15 en albums, et des performances uniques en streaming et en ventes physiques, confirmant leur suprématie dans l’histoire musicale britannique.
Comment sait‑on qu’un groupe a véritablement « fait son temps » ? Quand, plus d’un demi‑siècle après sa séparation, il continue d’inscrire de nouvelles lignes à son palmarès. En 2023, The Beatles l’ont rappelé avec fracas : la parution de Now and Then a réactivé l’aiguille des classements britanniques, et une pluie de nouvelles marques est venue s’ajouter à un tableau déjà vertigineux. L’épisode n’a pas tant révélé une nostalgie tenace qu’une vérité simple : au Royaume‑Uni, le groupe de Liverpool demeure une force chartable, capable d’aligner des records à l’ère du streaming comme à celle du 45 tours.
Sommaire
- 2023 : « Now and Then », un retour chargé de records
- Les grands totaux : là où les Beatles règnent encore
- Le cas « Sgt Pepper » : l’album‑totem et sa place dans l’histoire des ventes UK
- « Abbey Road » : un record de patience chartable
- Noël et le ruban rouge : quatre « Christmas Number 1 » pour un groupe
- Le haut du panier, deux par deux : dominer les n° 1 et n° 2 simultanément
- Les records « Now and Then » à la loupe : ventes physiques, vinyle, écoutes
- Ce que les Beatles ne détiennent pas… et ce qu’ils détiennent quand même
- Une vitesse d’exécution inégalée à l’ère 1963–1969
2023 : « Now and Then », un retour chargé de records
La « dernière » chanson des Beatles, Now and Then, a filé au Number 1 du Official Singles Chart le 10 novembre 2023. L’exploit s’est accompagné d’une série de jalons mesurables. En une semaine, le titre a cumulé un peu plus de 78 000 unités combinées au Royaume‑Uni. Il est devenu le single le plus vendu de l’année 2023 à ce stade, avec 48 600 ventes en physique et en téléchargement sur ses sept premiers jours, dont près de 38 000 exemplaires purement physiques. Sur le terrain des microsillons, Now and Then a établi la marque du 45 tours le plus vendu du siècle sur une première semaine, avec environ 19 400 copies vinyle. Côté écoutes, la chanson s’est imposée comme la piste des Beatles la plus streamée en une semaine dans l’histoire du groupe au Royaume‑Uni, et son clip comme la vidéo des Beatles la plus visionnée sur une semaine depuis que ces métriques sont suivies. Au‑delà du symbole, ce sont des volumes concrets, constatables, qui ont fait de ce retour une affaire de chiffres autant que d’émotions.
Ces totaux s’accompagnent de deux records temporels qui disent quelque chose de la longévité du phénomène : 54 ans séparent Now and Then de The Ballad of John and Yoko, dernier Number 1 des Beatles en 1969 — le plus long intervalle jamais observé entre deux numéros un d’un même artiste au Royaume‑Uni. S’y ajoute la plus longue période entre un premier et un dernier Number 1 pour un même nom : 60 ans et 6 mois entre From Me to You (mai 1963) et Now and Then (novembre 2023). Deux manières de mesurer la portée d’un catalogue qui continue de mobiliser plusieurs générations d’auditeurs.
Enfin, Now and Then a fait tomber une barrière symbolique supplémentaire : avec ce titre, les Beatles portent à 18 leur total de singles classés Number 1 au Royaume‑Uni. Cela conforte leur statut d’artiste britannique au plus grand nombre de numéros un sur l’Official Singles Chart. Seul Elvis Presley les devance au classement général, avec 21 numéros un, mais les Beatles dominent la hiérarchie des groupes.
Les grands totaux : là où les Beatles règnent encore
Dans le jeu des agrégats historiques, personne n’égale les Beatles sur la table des albums au Royaume‑Uni. Le groupe détient le record du plus grand nombre d’albums classés Number 1, avec 15 titres recensés par l’Official Charts Company. Ils possèdent aussi, et de loin, le record des semaines cumulées au sommet de l’Official Albums Chart : 176 semaines passées en tête. Ces deux totaux clefs — nombre de Number 1 albums et semaines au Number 1 — sont des repères rarement contestés quand il s’agit de hiérarchiser l’empreinte d’un artiste sur la durée.
Sur le format single, ils conservent la meilleure marque pour un groupe : 70 semaines cumulées au Number 1 sur l’Official Singles Chart. Là encore, Elvis Presley domine l’ensemble des artistes (80 semaines), mais aucun groupe n’approche la barre placée par les quatre de Liverpool. À ce palmarès s’ajoute un autre indicateur de leur domination initiale : les dix premiers numéros un des Beatles ont été consécutifs, une série sans interruption qui dessine l’intensité de leur emprise entre 1963 et 1967. Il a ensuite fallu moins de six ans au groupe pour empiler ses 17 premiers Number 1 (de From Me to You en mai 1963 à The Ballad of John and Yoko en juin 1969) — tempo inédit pour une carrière aussi courte.
Le cas « Sgt Pepper » : l’album‑totem et sa place dans l’histoire des ventes UK
Au chapitre des albums, Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band demeure l’étalon d’une carrière déjà saturée de classiques. En chiffres britanniques, le disque a dépassé la barre des 5 millions d’exemplaires vendus et reste le studio album le plus vendu de l’histoire au Royaume‑Uni, derrière seulement quelques compilations dans le classement global toutes catégories confondues. Ce statut lui vaut d’apparaître régulièrement comme la porte d’entrée idéale vers l’œuvre des Beatles, mais dit surtout l’assise de leur audience domestique. Son retour au Number 1 en 2017, à l’occasion d’une réédition anniversaire, a prouvé que la mécanique de curiosité et de réévaluation critique fonctionne encore lorsque l’on parle des grands jalons du groupe.
« Abbey Road » : un record de patience chartable
Un autre classique, Abbey Road, a inscrit un record dont l’intitulé ressemble à un clin d’œil à la durée : en octobre 2019, l’album est revenu Number 1 49 ans et 252 jours après sa dernière semaine au sommet — soit la plus longue attente jamais observée pour un même album entre deux passages au numéro un de l’Official Albums Chart. Quand on sait que le disque avait terminé sa course initiale en tête le 31 janvier 1970, ce retour au point le plus haut, porté par une édition « 50e anniversaire », prouve que les rééditions des Beatles ne se contentent pas de ranimer les conversations : elles pèsent encore dans les classements.
Noël et le ruban rouge : quatre « Christmas Number 1 » pour un groupe
Dans l’imaginaire britannique, le Christmas Number 1 demeure un symbole à part. Les Beatles y sont indissociables : quatre de leurs singles — I Want to Hold Your Hand (1963), I Feel Fine (1964), Day Tripper/We Can Work It Out (1965) et Hello, Goodbye (1967) — ont dominé la semaine de Noël. Personne n’a fait mieux pour un groupe. Si, depuis, un phénomène caritatif et très contemporain comme LadBaby a porté le record absolu à cinq numéros un de Noël (catégorie tous artistes confondus), les Beatles restent la référence historique dès qu’il s’agit d’un groupe pop‑rock arrivant en tête des ventes à Noël.
Le haut du panier, deux par deux : dominer les n° 1 et n° 2 simultanément
Autre image saisissante de leur suprématie : il est arrivé aux Beatles d’occuper simultanément les positions 1 et 2 du classement des singles au Royaume‑Uni. Ce fut le cas deux fois : en décembre 1963, avec I Want to Hold Your Hand devant She Loves You, puis en décembre 1967, avec Hello, Goodbye devant l’EP Magical Mystery Tour. Peu d’artistes ont signé ce duo de tête à répétition, et le fait que cela intervienne à deux moments distincts de la carrière en dit long sur l’élasticité de leur domination.
Les records « Now and Then » à la loupe : ventes physiques, vinyle, écoutes
Revenons un instant sur les détails qui ont fait de Now and Then un case study à part entière. Sur un marché où le streaming pèse l’essentiel du calcul chart, les Beatles ont réussi à combiner volume d’écoutes et force des supports physiques. Le titre a signé la plus grosse première semaine physique depuis près d’une décennie au Royaume‑Uni, et s’est parallèlement imposé comme le single vinyle le plus rapide à s’arracher au XXIe siècle. Le contraste, frappant, tient au profil du public : entre collectionneurs attachés au vinyle et auditeurs des plateformes, le bassin d’audience s’additionne plus qu’il ne se remplace. L’Official Charts Company le mesure noir sur blanc dans ses notes : le morceau a aussi pulvérisé le record interne du groupe en streams sur une semaine et en vues vidéo sur la même période. À la clef, une victoire de méthode : conjuguer l’obsession d’archive (les démos de John Lennon mises au net par la technologie) et les usages d’écoute contemporains.
Ce que les Beatles ne détiennent pas… et ce qu’ils détiennent quand même
Par souci d’exactitude, notons ce que les Beatles ne possèdent pas. Sur les singles, la marque du plus grand total de semaines au Number 1 appartient à Elvis Presley. Sur le nombre total de Number 1 singles au Royaume‑Uni, Elvis mène aussi, avec 21. Cela ne diminue en rien la stature spécifique des Beatles : ils régentent la catégorie « groupe » sur ces deux axes et conservent la première place parmi les artistes britanniques au nombre de numéros un. Sur les albums, ils gardent un double leadership à la fois en comptage des Number 1 et en semaines cumulées au sommet. En d’autres termes : si Elvis symbolise l’endurance solo sur le format single, les Beatles restent le référent absolu au long cours, là où se bâtit la légende d’un groupe.
Une vitesse d’exécution inégalée à l’ère 1963–1969
Il est un dernier indicateur qui explique beaucoup de choses : la vitesse d’exécution. Entre mai 1963 et juin 1969, les Beatles ont été Number 1 avec 17 singles. Le groupe a aussi inauguré une série où ses dix premiers numéros un sont alignés sans interruption. Cette densité reste unique pour une formation qui n’a publié que sept années durant. L’éditorialisation de leurs sorties (les **double A‑s
