Magazine Culture

Roll Over Beethoven : Quand les Beatles rendaient hommage à Chuck Berry

Publié le 12 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Lorsque les Beatles enregistrent « Roll Over Beethoven » en 1963, ils ne font pas qu’interpréter un classique du rock’n’roll : ils rendent hommage à l’un des artistes qui a le plus influencé leur carrière, Chuck Berry. Ce titre, écrit et interprété par Berry en 1956, est un manifeste musical en faveur du rock’n’roll face à la musique classique et aux goûts des générations précédentes. En le reprenant, les Beatles inscrivent leur propre nom dans cette révolte musicale, tout en prouvant leur capacité à s’approprier les plus grands standards du rock américain.

Sommaire

Les Beatles et Chuck Berry : une admiration sans bornes

Les Beatles ont toujours voué une admiration sans limites à Chuck Berry. Entre 1957 et 1966, ils ont repris plus de chansons de ce dernier que d’aucun autre artiste, preuve du rôle fondateur qu’il a joué dans leur parcours musical. John Lennon, en particulier, était un grand fan de Berry et a souvent chanté ses titres dans les premiers jours du groupe.

Au départ, c’est Lennon qui interprète « Roll Over Beethoven », mais en 1961, George Harrison en prend les rênes, lui offrant ainsi un rôle vocal de premier plan dans les concerts du groupe. À l’époque, les Beatles n’avaient pas encore percé à l’international, mais ils étaient déjà des habitués des clubs de Hambourg et de Liverpool où ils jouaient inlassablement leurs morceaux favoris du rock américain.

L’enregistrement de « Roll Over Beethoven » par les Beatles

Lorsqu’ils entrent en studio le 30 juillet 1963, les Beatles sont déjà bien rodés à jouer « Roll Over Beethoven » sur scène. L’enregistrement se fait en cinq prises, preuve de leur aisance avec le morceau. Quelques semaines plus tard, le 21 août, un dernier accord de guitare est ajouté pour finaliser la piste.

Ce titre se retrouve ensuite sur « With The Beatles », leur deuxième album britannique, sorti le 22 novembre 1963. Aux États-Unis, la chanson prend encore plus d’importance puisqu’elle ouvre l’album « The Beatles’ Second Album », publié le 10 avril 1964. À cette époque, les Beatles sont en pleine conquête du marché américain, et quoi de mieux qu’un standard de Chuck Berry pour séduire le public outre-Atlantique ?

George Harrison en pleine lumière

Sur « With The Beatles », George Harrison obtient trois morceaux en tant que chanteur : « Roll Over Beethoven », « Devil In Her Heart » et « Don’t Bother Me » (cette dernière étant sa toute première composition originale enregistrée par le groupe). Pour un jeune musicien souvent éclipsé par le duo Lennon/McCartney, c’est une belle reconnaissance.

Harrison a toujours eu une affection particulière pour ce morceau. Dans « Anthology », il confie :
« J’avais le disque de Chuck Berry et je chantais ce morceau dans les clubs. C’est une chanson que j’aimais vraiment. »

Son interprétation est fidèle à l’esprit du rock’n’roll des années 50, avec une énergie brute et un phrasé rapide, typique des morceaux de Berry. Mais la touche Beatles est bien présente : une rythmique plus dynamique, des chœurs enjoués et une production plus propre sous la houlette de George Martin.

Un classique des concerts des Beatles

Si « Roll Over Beethoven » trouve rapidement sa place sur un disque, il reste avant tout un morceau taillé pour la scène. Les Beatles le jouent fréquemment dans leurs concerts jusqu’à la fin de leur tournée américaine en septembre 1964. Il devient même un élément clé de leurs performances en Europe et aux États-Unis.

Les archives en témoignent :

  • Le 24 juin 1963, les Beatles enregistrent le morceau pour la BBC, diffusé cinq jours plus tard dans l’émission « Saturday Club ».
  • Le 28 février 1964, ils en proposent une dernière version radiophonique, diffusée en mars dans « From Us To You » et incluse plus tard dans la compilation « Live At The BBC » sortie en 1994.
  • Le 24 octobre 1963, une performance captée en Suède est intégrée à « Anthology 1 » en 1995.
  • Enfin, un enregistrement enflammé au Hollywood Bowl est dévoilé sur « Live At The Hollywood Bowl ».

Ces versions live témoignent de l’énergie brute et du plaisir que le groupe prenait à jouer ce titre. Malgré leur ascension fulgurante et leur répertoire de plus en plus riche, les Beatles continuaient de rendre hommage à leurs idoles du rock’n’roll.

L’héritage de « Roll Over Beethoven »

Avec le recul, « Roll Over Beethoven » est plus qu’une simple reprise : c’est un symbole de la transmission musicale. En 1956, Chuck Berry lançait un appel à la jeunesse, lui demandant de faire basculer Beethoven et d’adopter le rock’n’roll. En 1963, les Beatles répondent à cet appel en inscrivant ce message dans la culture pop des années 60.

Aujourd’hui, pour les jeunes générations, Berry et les Beatles peuvent sembler aussi éloignés que Beethoven et Tchaïkovski l’étaient pour les adolescents des années 50. Mais l’impact de ce morceau reste indéniable : il illustre la révolte, la passion et la fougue d’une époque où le rock’n’roll représentait bien plus qu’un simple genre musical, mais un véritable mode de vie.

En reprenant « Roll Over Beethoven », les Beatles ont non seulement célébré Chuck Berry, mais ils ont aussi contribué à inscrire cette chanson dans l’histoire du rock. Plus de soixante ans après son enregistrement, elle reste une pièce maîtresse du répertoire des Fab Four et un vibrant hommage au pionnier du rock’n’roll.


Retour à La Une de Logo Paperblog