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I Saw Her Standing There : comment John Lennon a sauvé la chanson !

Publié le 15 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

L’histoire de I Saw Her Standing There illustre parfaitement l’alchimie entre Lennon et McCartney. Paul avait initialement écrit une phrase maladroite, mais John, avec son humour mordant, l’a incité à la retravailler pour en faire l’un des couplets les plus iconiques du rock. Cette dynamique entre les deux génies a donné naissance à l’un des premiers classiques des Beatles, un titre énergique qui marquera leur ascension.


Il est des histoires qui, bien que nichées dans les méandres de la légende des Beatles, illustrent à merveille la dynamique électrique entre John Lennon et Paul McCartney. L’une d’elles concerne la genèse d’un des premiers classiques du groupe,I Saw Her Standing There, et la manière dont John, par son humour mordant, a su orienter Paul dans la bonne direction.

Sommaire

Une alchimie créatrice unique

L’association Lennon-McCartney est souvent considérée comme l’une des plus grandes collaborations musicales de tous les temps. Leur complémentarité est ce qui a fait de la musique des Beatles un phénomène intemporel. John était l’iconoclaste, le rebelle à l’humour acerbe, tandis que Paul était le mélodiste raffiné, capable d’un lyrisme enchanteur. De cette dualité naissait une magie singulière, un équilibre précaire mais inestimable.

Dans les premières années du groupe, leur processus d’écriture passait souvent par des sessions communes, notamment dans la maison familiale des McCartney à Forthlin Road. Parfois, l’un apportait une ébauche et l’autre intervenait pour l’affiner, lui insufflant une dose supplémentaire de brio. C’est précisément ce qui s’est produit avecI Saw Her Standing There, l’une des pièces maîtresses de leur premier albumPlease Please Me(1963).

Une inspiration née sur la route

Paul McCartney se souvient avoir eu l’idée de cette chanson en rentrant d’un concert à Southport. Il griffonna quelques accords et paroles avant de finaliser le morceau chez Rory Storm, un autre musicien de Liverpool. À l’époque, la chanson portait un titre sobre et évocateur :Seventeen. Mais c’est en la présentant à John Lennon que tout allait basculer.

Paul se remémore : « J’avais écrit ‘She was just seventeen, never been a beauty queen’. Quand j’ai montré ça à John, il a éclaté de rire et m’a dit : ‘Tu plaisantes avec cette phrase, pas vrai ?’ »

Le sarcasme de Lennon était plus qu’un trait d’esprit, il incarnait son rôle de filtre, de révélateur des faiblesses d’un texte. Paul, conscient du manque d’impact de cette rime, s’est alors laissé guider par son complice. Ensemble, ils ont retravaillé cette ligne pour donner naissance à l’un des couplets les plus évocateurs du rock : « Well, she was just seventeen, if you know what I mean. And the way she looked was way beyond compare. »

McCartney a reconnu plus tard l’importance de cette correction : « Nous avons trouvé ‘You know what I mean’. Ce qui était génial, car en réalité, on ne sait pas vraiment ce que ça veut dire. » Tout l’art du sous-entendu et de la suggestion, dans une chanson qui transpire la fougue juvénile et l’insouciance des débuts du groupe.

Un enregistrement mémorable

La chanson fut rapidement adoptée par le groupe et intégra leur répertoire scénique. Elle fut enregistrée en public au Cavern Club en 1962 avant de passer à la postérité lors d’une session marathon aux studios EMI d’Abbey Road le 11 février 1963. Ce jour-là, les Beatles enregistrèrent 11 des 14 morceaux qui composerontPlease Please Me, leur premier album. George Martin, leur producteur, se souvenait de cette session effrénée : « J’avais vu ce qu’ils étaient capables de faire sur scène. J’ai dit : ‘Venez au studio et enregistrons tout ce que vous avez, on bouclera l’album en une journée.’ »

SiI Saw Her Standing Theren’a pas été un single au Royaume-Uni, elle a connu un destin tout particulier aux états-Unis. En 1964, elle fut publiée en face B deI Want to Hold Your Hand, le titre qui lança la Beatlemania outre-Atlantique. Pendant que la face A dominait les charts,I Saw Her Standing Thereatteignit la 14ᵉ place du Billboard Hot 100, prouvant que même les morceaux relégués en seconde position avaient un potentiel immense.

Un exemple parfait de la dynamique Lennon-McCartney

L’épisode du changement de paroles surI Saw Her Standing Thereest une illustration parfaite du fonctionnement du tandem Lennon-McCartney. Là où Paul apportait des mélodies irrésistibles et des textes parfois ingénus, John venait injecter son mordant, sa lucidité et ce sens du détail qui faisait toute la différence.

Avec le recul, cette collaboration était un véritable duel amical, où chacun poussait l’autre à se surpasser. Lennon lui-même reconnaissait la qualité du travail de son comparse sur ce morceau, tout en revendiquant modestement sa contribution : « C’est Paul qui fait son travail habituel de producteur de ‘potboiler’ (succès commercial). J’ai aidé sur quelques paroles. »

Si la rivalité artistique entre les deux hommes allait plus tard engendrer des tensions, dans les années 60, leur complicité demeurait leur plus grande force.I Saw Her Standing Thereen est la preuve éclatante : un classique né d’un simple éclat de rire de John Lennon, mais porté par l’infatigable talent de Paul McCartney.


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