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Jack White rejoint Ringo Starr à Louisville pour un final brûlant sur « With a Little Help From My Friends »

Publié le 17 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Lors du festival Bourbon & Beyond à Louisville, Ringo Starr a offert un final mémorable en interprétant « With a Little Help From My Friends » avec Jack White. Ce moment fort, reflet de l’esprit collectif de Ringo, a transcendé les générations et uni les fans autour d’un hymne intemporel. L’événement illustre la capacité du batteur à tisser des liens entre l’héritage Beatles et le rock contemporain.


À Louisville, dans le cadre du festival Bourbon & Beyond, la scène a vu se rejoindre deux trajectoires majeures du rock moderne : Ringo Starr, batteur historique des Beatles, et Jack White, figure cardinale de la scène alternative américaine. Le 13 septembre, au Highland Festival Grounds du Kentucky Exposition Center, Ringo Starr & His All-Starr Band ont conclu leur passage par une version collective et jubilatoire de « With a Little Help From My Friends », rehaussée par l’entrée en scène de Jack White. Le set, déjà nourri de classiques issus aussi bien du répertoire des Beatles que de celui des musiciens qui composent l’All-Starr Band, a pris, en une poignée de minutes, la dimension d’un moment de communion pure entre artistes et public.

La configuration était idéale pour ce type de rencontre. Bourbon & Beyond s’est imposé, ces dernières années, comme un rendez-vous où les têtes d’affiche croisent volontiers leurs chemins, et l’édition 2025 n’a pas fait exception : Ringo Starr y côtoyait, sur l’affiche, une constellation d’artistes confirmés, tandis que Jack White y proposait un set rétrospectif parcourant ses différentes aventures musicales. Le cadre, la ferveur du public et l’esprit de collaboration qui règne habituellement sur ce festival ont préparé le terrain à une apparition aussi naturelle qu’attendue.

Sommaire

  • Le final idéal : un hymne au collectif fait pour Ringo
  • Un set « All-Starr » en mode best-of vivant
  • « Peace and love » : la signature de Ringo, encore et toujours
  • Un précédent à Nashville : « Ringo & Friends » au Ryman
  • À 85 ans, l’énergie intacte et l’envie de tourner
  • Jack White, trait d’union entre Detroit et Nashville
  • L’héritage d’une chanson qui n’en finit pas de rassembler
  • Un album country terminé… et déjà la suite en tête
  • L’All-Starr Band, laboratoire vivant
  • Ce que dit Louisville de l’héritage Beatles en 2025
  • Un fil rouge entre deux scènes : du Ryman à Bourbon & Beyond
  • Et maintenant ?
  • Conclusion : un présent qui sait d’où il vient

Le final idéal : un hymne au collectif fait pour Ringo

Si « With a Little Help From My Friends » a tant de puissance en concert, c’est qu’elle concentre plusieurs éléments qui définissent l’ADN de Ringo. Composée par Lennon-McCartney pour sa voix au printemps 1967 et placée en deuxième plage de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, la chanson est à la fois une déclaration d’humilité et un manifeste sur la force du collectif. Depuis des décennies, Ringo la place en point d’orgue de ses concerts, invitant souvent ses compagnons de route à partager le chant. Ce soir-là, à Louisville, l’idée a pris sa forme la plus évidente : Jack White a rejoint le chœur, faisant déborder la chanson hors du cadre Beatles pour l’ancrer dans le présent du rock américain. Le public, acquis à la cause, a prolongé le refrain au-delà des derniers accords, rappelant que ce titre n’appartient jamais qu’à ceux qui le chantent.

Au plan musical, la version de Louisville s’est distinguée par une dynamique très « All-Starr ». Ringo y tient le centre, mais la chanson respire par les réponses vocales qui l’entourent, par les guitares qui s’agrippent et se desserrent à l’envie, et par une section rythmique souple, légèrement chaloupée, comme pour porter le refrain à hauteur d’arène. L’entrée de Jack White a densifié le timbre global, apportant son grain de guitare si reconnaissable : un mix de mordant et de lyrisme, jamais démonstratif, toujours au service du chant collectif. Selon les témoins, les musiciens de Jack White présents à Louisville — Patrick Keeler, Bobby Emmett et Dominic Davis — ont renforcé le chœur, tout comme la chanteuse Sammy Rae, donnant au final une couleur chorale, presque gospel par instants.

Un set « All-Starr » en mode best-of vivant

Avant ce final, Ringo Starr & His All-Starr Band avaient déroulé un programme qui résume le principe même du projet lancé en 1989 : réunir, autour de Ringo, des musiciens à la discographie riche, capables d’alterner les rôles entre leurs propres succès et les tubes qui jalonnent l’itinéraire du batteur-chanteur. À Louisville, on a ainsi entendu « It Don’t Come Easy », puis des classiques portés par les membres actuels de l’All-Starr — Steve Lukather pour Toto avec « Rosanna » et « Hold the Line », Colin Hay pour Men at Work avec « Down Under » et « Who Can It Be Now? », Hamish Stuart côté Average White Band avec « Pick Up the Pieces ». Ringo a lui-même mené « Boys » des Shirelles, « Photograph », « Yellow Submarine » et « Octopus’s Garden », installant peu à peu l’ambiance de kermesse pop-rock qui fait le charme de ses concerts. La passerelle vers « With a Little Help From My Friends » n’en était que plus naturelle.

« Peace and love » : la signature de Ringo, encore et toujours

Au moment de quitter la scène, Ringo Starr a pris le micro pour une courte adresse, fidèle à sa philosophie de scène : remerciements à ses invités, compliments au public de Louisville, et cette ritournelle qui l’accompagne depuis des décennies : « Peace and love ». Une façon de rappeler, sans discours, que sa musique tient autant à une éthique de partage qu’à un répertoire. Le ton était chaleureux, sans emphase, comme s’il voulait laisser le dernier mot à la chanson collective qui venait de se terminer. La scène, filmée par de nombreux smartphones, a très vite circulé sur les réseaux sociaux, preuve supplémentaire qu’au-delà de l’instant, ces rencontres demeurent dans la mémoire des fans.

Un précédent à Nashville : « Ringo & Friends » au Ryman

Si l’osmose entre Ringo et Jack White a paru si évidente à Louisville, c’est que les deux s’étaient déjà croisés sur scène en janvier, au Ryman Auditorium de Nashville, lors de la soirée spéciale « Ringo & Friends » liée à la sortie de l’album country « Look Up ». Ce 14 janvier, Jack White avait ouvert le bal aux côtés de Ringo sur « Matchbox » de Carl Perkins, puis il s’était emparé du chant sur « Don’t Pass Me By », chanson du White Album que Ringo avait écrite en 1968. La soirée, conçue comme un salut à l’histoire de Ringo et à ses amitiés musicales, avait réuni un plateau d’invités impressionnant : Sheryl Crow, Emmylou Harris, Billy Strings, Larkin Poe, Molly Tuttle, Jamey Johnson, entre autres. Un peu plus tard dans le concert, « With a Little Help From My Friends » avait déjà servi de grande réunion finale. Cette habitude de conclure « avec un peu d’aide des amis » n’est pas un clin d’œil facile : c’est une méthode pour Ringo, qui préfère manifestement les gestes collectifs aux démonstrations solitaires.

La soirée du Ryman a d’ailleurs été filmée pour une diffusion télévisée caritative annoncée ensuite par la presse spécialisée, autre indice de la volonté de Ringo de transformer les moments de scène en élan civique. Dans le sanctuaire country qu’est le « Mother Church », ce mélange d’anciens standards, de nouveaux titres et d’invités multigénérationnels a dessiné une carte d’identité précise : Ringo Starr, à plus de 80 ans, a décidé de placer la collaboration au centre de sa pratique musicale.

À 85 ans, l’énergie intacte et l’envie de tourner

À la veille de la reprise de sa tournée américaine, Ringo Starr a tenu une conférence de presse en mode visioconférence depuis le Riverside Theater de Milwaukee, où l’All-Starr Band répétait. Le batteur y a rappelé, avec le pragmatisme qui le caractérise, la formule qui fait tenir son groupe depuis 1989 : « Nous sommes un groupe ; des musiciens qui ont eu leur propre groupe, moi compris, et ça marche ». Il a aussi glissé qu’il n’avait pas l’intention de ralentir, répétant son plaisir intact de monter sur scène et d’aligner les concerts tant que la santé et l’envie sont là. Ces propos, prononcés alors qu’il vient de fêter ses 85 ans, confirment ce que l’on voit soir après soir : un musicien qui tire son énergie de l’échange, de la conversation musicale, et d’un sens du rythme qui ne l’a pas quitté.

Cette fidélité à la route n’a rien d’un caprice. Elle répond au format même de l’All-Starr, conçu dès l’origine comme une troupe mouvante où la vedette n’écrase pas les autres. Ringo tient la barre, chante quelques incontournables — « Yellow Submarine », « Photograph », « It Don’t Come Easy », « Octopus’s Garden » — et cède le centre à ses partenaires pour leurs hits. C’est une façon d’habiter son héritage sans le muséifier, et de faire circuler l’attention. L’édition 2025 de la formation réunit Steve Lukather, Colin Hay, Hamish Stuart, Gregg Bissonette, Warren Ham et Buck Johnson, un noyau dur aguerri qui a su, à Louisville, mettre en valeur l’invitation faite à Jack White sans changer l’équilibre de l’ensemble.

Jack White, trait d’union entre Detroit et Nashville

Voir Jack White prêter main-forte à Ringo ne relève pas du simple « coup ». Artiste passé maître dans l’art de convoquer l’histoire du rock pour mieux la réinscrire au présent, le cofondateur des White Stripes a développé à Nashville — via Third Man Records — un écosystème où se croisent blues électrique, country, garage et musiques d’archive. Son jeu de guitare, son sens du direct et sa capacité à emporter un public large en font un invité idéal pour une chanson aussi communautaire que « With a Little Help From My Friends ». Déjà, au Ryman, son entrée sur « Matchbox » exposait ce qu’il partage avec Ringo : un goût pour la matière première du rock’n’roll, celle qui vient des studios Sun, de l’ombre des pionniers et des rythmes simples qui traversent les décennies. À Louisville, le dialogue s’est poursuivi, naturel, immédiat, comme s’il s’agissait de reprendre une conversation interrompue huit mois auparavant. (L4LM)

L’héritage d’une chanson qui n’en finit pas de rassembler

Parler de « With a Little Help From My Friends », c’est convoquer une histoire à plusieurs entrées. Elle est d’abord un moment de Sgt. Pepper’s, conçu pour la tessiture de Ringo, et pensé comme un échange avec le public. Elle est ensuite devenue, par la force d’une reprise devenue légendaire, l’un des grands hymnes de Joe Cocker, au point d’incarner — sur d’autres scènes, dans d’autres époques — une idée de la fraternité musicale. Enfin, elle s’est fixée, dans la pratique scénique de Ringo, comme un final-signature : l’ultime chant partagé, celui qui convoque les musiciens, les techniciens, parfois même des amis dans la salle, pour un salut commun. Dans un festival comme Bourbon & Beyond, où l’on croise des publics venus pour des artistes différents, cette chanson est un trait d’union instantané. À Louisville, elle a confirmé sa vocation, et Jack White a servi d’accélérateur, rendant encore plus perceptible cette soudure entre générations de fans.

Ce soir-là, le morceau a eu une autre vertu : il a replacé Ringo au centre de sa propre légende. Trop souvent réduit au rôle du « quatrième », il rappelle sur scène que sa voix, son humour et sa manière de tenir un tempo humain — ni métronomique, ni relâché — ont façonné la grammaire Beatles. À 85 ans, cette grammaire n’a pas pris une ride : elle se transmet, s’actualise, se réinvente, et la présence d’un Jack White prouve que le relais est assuré dans l’esprit, sinon dans la forme.

Un album country terminé… et déjà la suite en tête

Autre information importante glissée par Ringo durant la séquence Milwaukee : il a terminé le travail sur un nouvel album country, attendu en 2026. Le disque l’a vu poursuivre son compagnonnage avec T Bone Burnett, et inclura un passage par Carl Perkins, référence première de ses années Beatles. L’annonce prolonge la trajectoire ouverte début 2025 avec « Look Up », album où Ringo renoue frontalement avec la tradition country et s’entoure d’un aréopage d’invités Nashville. Dans ses échanges avec la presse, Ringo a ajouté qu’il avait cosigné quelques titres, tout en laissant à Burnett le soin de guider l’ensemble du projet, confirmant une méthode déjà à l’œuvre sur Look Up : placer la chanson au centre et laisser la production garder le cap.

La perspective de 2026 n’efface rien de l’année en cours. Entre Chicago, Milwaukee, Louisville et une résidence à Las Vegas, l’All-Starr Band maintient un rythme soutenu, et Ringo n’a pas semblé vouloir réduire la voilure. Sa formule, éprouvée depuis plus de trente ans, s’adapte aux contextes : dans un théâtre historique, on privilégie la proximité ; en plein air, on muscle le répertoire ; en résidence, on creuse les arrangements. L’apport de Jack White au Bourbon & Beyond s’inscrit dans cette plasticité : une touche de grain, un peu plus de tension dans le médium, et une énergie qui pousse le refrain à s’élever.

L’All-Starr Band, laboratoire vivant

Ce qui frappe, de Nashville à Louisville, c’est la façon dont l’All-Starr Band demeure un laboratoire où la mémoire pop circule sans hiérarchie. Steve Lukather apporte la rigueur mélodique et l’efficacité harmonique de Toto ; Colin Hay, l’ironie solaire de Men at Work ; Hamish Stuart, le sens du groove hérité de l’Average White Band. Gregg Bissonette, Warren Ham et Buck Johnson complètent l’architecture, donnant à Ringo le ressort rythmique et vocal qui lui permet d’enchaîner les pivots, du tambour major au conteur. À Louisville, cette mécanique bien huilée a accueilli Jack White sans perdre sa cohérence : l’invité a trouvé sa place dans le chœur, a pris, à la guitare, ce qu’il fallait d’espace pour relancer le refrain, puis s’est effacé au profit du collectif. Cette souplesse est la marque de fabrique d’un groupe qui sait s’ouvrir sans se diluer.

Ce que dit Louisville de l’héritage Beatles en 2025

À écouter les réactions dans l’enceinte du festival, le public n’a pas vécu la venue de Jack White comme une curiosité, mais comme l’évidence d’une filiation. On ne parle pas ici d’une filiation stricte — Jack White vient d’autres branches, celles du garage, du blues et d’un artisanat analogique devenu sa signature —, mais d’un héritage intangible : l’audace dans la simplicité, l’économie de moyens au service de la chanson, la joie de jouer ensemble. À cet endroit, Ringo et Jack se comprennent sans avoir à s’expliquer. Ringo a bâti une carrière post-Beatles sur l’invitation permanente ; Jack a bâti la sienne sur la curiosité permanente. Lorsque l’un appelle et que l’autre répond, le résultat ressemble à ce final de Louisville : une chanson que tout le monde connaît, rendue neuve par la présence de visages amis.

À l’échelle de l’histoire des Beatles, cette scène réactive aussi une vérité parfois oubliée : loin d’être un simple batteur d’appoint, Ringo Starr a incarné, au sein du groupe, un certain esprit de cohésion. Sa voix est celle qui désamorce, qui rassemble, qui raconte sans posture. En reprenant « With a Little Help From My Friends » à cet âge-là, dans un festival où se croisent fans de Phish, amateurs de classic rock et curieux venus pour Jack White, il prouve que la cohésion n’est pas un souvenir ; c’est une pratique, un geste, un présent.

Un fil rouge entre deux scènes : du Ryman à Bourbon & Beyond

Le fil qui relie Nashville à Louisville tient à de petites choses : une entrée de guitare, une poignée de main au bord de la scène, une blague partagée au micro, une photo postée depuis les coulisses, une vidéo verticale qui capture un refrain. Au Ryman, la Mother Church a offert son acoustique bienveillante à une relecture country de l’univers de Ringo ; à Bourbon & Beyond, l’air libre et la densité du public ont transformé cette relecture en célébration ouverte. Dans les deux cas, Jack White a joué le rôle du passeur, celui qui vient du présent le plus mordant pour se frotter à une histoire qu’il admire et qu’il challenge à sa manière. Le public, lui, a répondu par ce qu’il sait faire de mieux : chanter, filmer, partager, transmettre

Et maintenant ?

La suite s’écrit déjà : Ringo Starr a achevé l’enregistrement de son nouvel album country, attendu en 2026, et l’All-Starr Band enchaîne les dates, y compris une résidence à Las Vegas qui prolonge la saison. Jack White, de son côté, alterne concerts et activités au sein de son écurie Third Man, toujours prompt à faire converger des scènes qui, autrement, se côtoieraient sans se rencontrer. À voir l’accueil réservé au final de Louisville, on ne s’étonnerait pas que les chemins des deux artistes se recroisent à nouveau, sur une scène de festival, dans un théâtre historique ou sur un plateau télé. With a little help, toujours.

Conclusion : un présent qui sait d’où il vient

Ce qui s’est joué à Bourbon & Beyond dépasse l’anecdote de « l’invité surprise ». C’est la preuve qu’un répertoire né il y a plus d’un demi-siècle peut encore fonctionner comme un lieu de rencontre. En invitant Jack White à partager « With a Little Help From My Friends », Ringo Starr ne capitalise pas sur la nostalgie ; il met à jour, devant nous, la force d’une chanson pensée pour être chantée ensemble. Le public de Louisville l’a compris d’instinct. Et nous aussi : tant que des artistes de cette trempe accepteront d’ouvrir leur scène et de jouer la carte de l’amitié musicale, l’histoire des Beatles restera un présent vibrant plutôt qu’un passé vénéré.

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