En 2026, un jardin de roses sera inauguré à Strawberry Field en hommage à Sir George Martin et à Lady Judy Martin. Pensé comme un espace de recueillement, il réunira biographie gravée, bassins et rosiers sélectionnés par Judy elle-même. Ce lieu symbolique célèbre la mémoire du producteur des Beatles tout en soutenant le projet social du site, entre patrimoine musical et engagement solidaire.
L’ancienne maison d’enfants de la Salvation Army à Woolton, immortalisée par John Lennon dans « Strawberry Fields Forever », s’apprête à accueillir un jardin de roses dédié au producteur des Beatles, Sir George Martin, et à son épouse, Lady Judy Martin. Pensé comme un espace de recueillement et de méditation, ce nouvel aménagement doit ouvrir au printemps 2026 au sein du site aujourd’hui transformé en attraction culturelle et en centre de formation. À son centre, un mur courbe en pierre de Portland offrira une biographie gravée du long parcours de George Martin, flanquée de trente disques rappelant la série de n°1 au Royaume‑Uni qu’il a produits au cours de sa carrière. Autour, un bassin d’eau apaisant et un parterre circulaire de roses, rehaussé et accessible, proposeront des assises accueillantes au cœur de Strawberry Field.
Ce jardin n’est pas seulement un hommage au « cinquième Beatle » ; il célèbre aussi l’engagement discret et constant de Lady Judy Martin, décédée en 2024, qui avait elle‑même imaginé ce projet avant sa disparition et offert au site des rosiers choisis chez David Austin. Le parrain du projet, Cliff Cooper, fondateur et PDG d’Orange Amps et patron de Strawberry Field, finance la réalisation, fidèle à un soutien déjà visible sur place : en 2023, il a offert au site un bandstand en forme de grosse caisse, clin d’œil à la pochette de « Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band », devenu l’une des signatures visuelles du parc.
Sommaire
- De l’orphelinat à la visite : la seconde vie de Strawberry Field
- Pourquoi George Martin mérite un jardin : un parcours sans équivalent
- Lady Judy Martin : la présence discrète et décisive
- Un design pensé pour la paix et l’accessibilité
- Cliff Cooper et Orange Amps : un mécénat qui s’ancre dans le lieu
- Strawberry Field : un site qui relie mémoire et mission
- Les familles au centre : Lucie Kitchener et Giles Martin
- Un parcours de visite enrichi : du portail rouge au jardin
- George Martin, « cinquième Beatle » et plus encore : la pédagogie d’un hommage
- Roses et disques : une grammaire symbolique
- Un calendrier à suivre : ouverture au printemps 2026
- Une ville et ses repères : ce que ce jardin dit de Liverpool
- Visiter Strawberry Field demain : une expérience enrichie
- Un hommage qui fait œuvre
De l’orphelinat à la visite : la seconde vie de Strawberry Field
Le site de Strawberry Field a rouvert ses portails rouges au public en 2019, après des années de travaux portés par la Salvation Army. On y trouve une exposition interactive retraçant l’histoire du lieu et le lien intime qui unissait John Lennon à ce jardin où il venait enfant jouer et rêver, un café — l’Imagine More Café —, une boutique, des jardins accessibles et, surtout, un pôle de formation baptisé Steps to Work. Ce programme accompagne des jeunes adultes présentant des difficultés d’apprentissage, des profils neurodivergents ou des barrières à l’emploi, afin de leur ouvrir l’accès à un travail rémunéré. Les recettes de la billetterie et de l’activité touristique contribuent à financer ces parcours.
Dans ce cadre, le jardin de roses dédié à Sir George et Lady Judy Martin s’inscrit dans une vision : conjuguer la mémoire musicale et l’utilité sociale. Strawberry Field n’est pas un simple sanctuaire : c’est un lieu vivant, où l’histoire des Beatles rencontre un projet contemporain de formation et d’inclusion. L’ajout d’un espace de contemplation constitue une brique de plus dans ce dialogue entre héritage et présent.
Pourquoi George Martin mérite un jardin : un parcours sans équivalent
Dire que George Martin a accompagné les Beatles, c’est presque trop peu. Dès 1962, il repère la qualité d’écriture de Lennon et McCartney et, disque après disque, contribue à élargir leur palette. Il orchestre, structure et encourage, met son oreille classique au service d’une pop qui se réinvente. Les arrangements de cordes de « Yesterday », le clavecin de « In My Life », la construction symphonique de « A Day in the Life », la dimension studio de « Strawberry Fields Forever » : autant de jalons où la signature Martin est tangible, sans jamais éclipser celle des artistes.
Au‑delà des Beatles, George Martin a produit ou supervisé une longue liste de enregistrements marquants et accumulé trente n°1 au classement britannique des singles. Son influence s’étend des studios d’Abbey Road aux salles de concert, jusqu’aux événements caritatifs qu’il a fédérés. Le mur en pierre de Portland qui ornera le jardin évoquera ces étapes, non pour dresser un inventaire, mais pour restituer une trajectoire : celle d’un producteur devenu, par exigence et audace, une figure centrale de l’histoire de la musique populaire.
Lady Judy Martin : la présence discrète et décisive
On l’évoque moins, et c’est injuste : Lady Judy Martin a accompagné durant des décennies le travail de son mari et soutenu de nombreuses initiatives caritatives. Elle s’est impliquée dans des fondations dédiées aux jeunes et à l’éducation, et a soutenu des projets où la musique dialogue avec le soin et l’apprentissage. L’idée d’un jardin de roses à Strawberry Field lui tenait à cœur : elle en a dessiné les grands traits, choisi des variétés auprès du rosiériste David Austin, et imaginé un parcours invitant les visiteurs à s’asseoir, à respirer, à se souvenir.
Rendre hommage à George et Judy au même endroit fait sens. L’art de George Martin fut celui de faire éclore des chansons ; le jardin dit la même chose en langage végétal. La présence de Lady Judy dans l’ADN du projet inscrit l’espace dans une temporalité familiale, prolongée par la participation de leurs enfants, Lucie Kitchener et Giles Martin, qui ont accompagné la conception du mémorial.
Un design pensé pour la paix et l’accessibilité
Le plan du jardin a été conçu comme une parenthèse calme à l’intérieur de Strawberry Field. Les 95 m² de l’espace accueilleront un bassin focalisant le regard et le son, un parterre circulaire de roses élevé pour faciliter la lecture des variétés, et des banquettes intégrées pour créer des îlots de repos. L’accessibilité universelle a guidé la conception : pentes douces, revêtements adaptés, hauteurs calculées pour les personnes à mobilité réduite.
Au centre, le mur courbe en pierre de Portland portera une biographie concise de George Martin et un ensemble de trente disques marquant ses n°1 au Royaume‑Uni — un choix pédagogique qui permet d’embrasser d’un coup d’œil l’ampleur d’une carrière. L’iconographie restera sobre, pour privilégier la lecture et le recueillement. L’objectif n’est pas de transformer le jardin en musée, mais d’en faire un espace où l’on peut penser la musique autrement : comme une durée, une patience, une attention portée aux détails.
Cliff Cooper et Orange Amps : un mécénat qui s’ancre dans le lieu
Le patronage de Cliff Cooper n’est pas un geste isolé. Outre son soutien au jardin, il a permis l’installation du bandstand inauguré en mai 2023. Sa forme de grosse caisse est un clin d’œil direct à l’iconographie de « Sgt Pepper’s », tandis que sa mosaïque au sol reprend l’imaginaire d’« Imagine » en écho au mémorial Strawberry Fields de Central Park, à New York. Le bandstand accueille des performances, des prises de parole, des événements éducatifs ; il fait du parc un théâtre à ciel ouvert où la mémoire devient partagée.
En soutenant le jardin de roses, Cliff Cooper prolonge une vision où la musique se matérialise dans des formes accueillantes : un kiosque, un jardin, des bancs. L’équipement devient histoire ; l’histoire devient usage. C’est aussi la philosophie de Strawberry Field : pas de culte figé, mais une vie quotidienne faite de rencontres, de concerts, de visites et de parcours de formation.
Strawberry Field : un site qui relie mémoire et mission
L’ouverture de Strawberry Field au public n’a jamais été un simple produit d’appel pour touristes. Dès 2019, la Salvation Army a articulé l’exposition et les jardins à un programme social, Steps to Work, véritable colonne vertébrale du site. Les stagiaires y suivent des parcours individualisés, encadrés par des work coaches, passant de la classe à des immersions en entreprise, jusqu’à l’emploi. L’ambition dépasse l’insertion : il s’agit de changer le regard sur la neurodiversité et de prouver qu’un site culturel peut être, aussi, un levier d’inclusion.
Le jardin de roses participe de cette écologie. En offrant un espace de calme, il complète le parcours du visiteur, depuis le film d’accueil et les objets emblématiques — y compris le piano d’« Imagine », exposé au cours des dernières années — jusqu’aux jardins et au bandstand. Il relie la grande histoire — celle de George Martin et des Beatles — aux gestes simples : s’asseoir, regarder une rose, écouter l’eau.
Les familles au centre : Lucie Kitchener et Giles Martin
La famille Martin a été associée au projet dès ses premiers pas. Lucie Kitchener rappelle que sa mère s’était passionnée pour l’idée d’un jardin à Strawberry Field et qu’elle avait souhaité que l’hommage concerne à la fois Sir George et Lady Judy. Giles Martin, producteur et arrangeur, familier des archives des Beatles et des projets de ré‑écoute, voit dans cet espace une manière différente de transmettre : non pas par des écrans ou des mixages, mais par un lieu qui parle au corps et à la mémoire.
Cette implication familiale évite l’abstraction. Le jardin n’est pas une idée plaquée sur un site ; il est la poursuite d’un geste entamé du vivant de Lady Judy. Il fait de Strawberry Field un point de jonction entre des fils multiples : Liverpool, les Beatles, la production sonore, le travail social, l’éducation et maintenant la botanique.
Un parcours de visite enrichi : du portail rouge au jardin
Le visiteur de Strawberry Field suit un fil déjà bien tissé. Il franchit les célèbres portails rouges — les originaux, remplacés un temps par des répliques pour les protéger, ont retrouvé leur foyer sur le site —, explore l’exposition qui mêle archives, témoignages et expériences interactives, traverse les jardins et découvre, selon la période, le bandstand où se tiennent concerts et lectures. Le futur jardin de roses ajoutera un temps de pause à ce récit.
Pour les Liverpuldiens comme pour les visiteurs internationaux, ce nouveau repère prolonge la cartographie Beatles déjà riche de la ville : Mathew Street et son Cavern Club, Penny Lane, Mendips et 20 Forthlin Road, St Peter’s Church à Woolton où John et Paul se rencontrent en 1957. Strawberry Field y occupe une place particulière : c’est un paysage mental autant qu’un site. Le jardin en sera l’intime ponctuation.
George Martin, « cinquième Beatle » et plus encore : la pédagogie d’un hommage
Dans les parcours culturels, la figure de George Martin est souvent résumée au surnom de « cinquième Beatle ». Le jardin permettra d’en déplier les dimensions. On se souviendra du producteur capable de traduire des idées en solutions sonores ; de l’arrangeur qui marie des instruments de chambre à une section rythmique ; du chef d’orchestre ponctuel, du passeur entre tradition et expérimentation.
On se souviendra aussi de son engagement : ses soutiens à des causes, sa manière d’ouvrir ses contacts et sa réputation à des projets de bien commun. En ce sens, Strawberry Field est un lieu logique pour cet hommage : on y tisse des liens entre musique et service, mémoire et formation, Liverpool et le monde.
Roses et disques : une grammaire symbolique
Le choix de la rose s’impose par évidence. Fleur de la tradition britannique, elle évolue avec les saisons, comme une carrière évolue avec ses périodes. Les variétés David Austin, souvent hybrides entre charme ancien et vigueur moderne, reflètent quelque chose de la méthode Martin : puiser dans l’héritage et inventer une forme nouvelle. Les trente disques gravés, eux, offrent une lecture immédiate du palmarès : non pour compter des trophées, mais pour mesurer une constance dans la qualité.
Le mur courbe en pierre de Portland, matériau emblématique de nombreux édifices britanniques, ancre le jardin dans une géographie culturelle plus large. Les textures minérales dialoguent avec le végétal ; la typographie gravée prolonge les lignes des tiges et des pétales. La bande‑son n’est pas absente, mais elle sera suggestive : le ruissellement de l’eau, le vent dans les feuillages, peut‑être une note lointaine venue du bandstand. L’hommage se lit et s’écoute, sans s’imposer.
Un calendrier à suivre : ouverture au printemps 2026
Les travaux ont débuté avec l’objectif d’une inauguration au printemps 2026. Le chantier s’insère dans une programmation plus large qui rythme la vie de Strawberry Field : événements musicaux, rencontres, actions du programme Steps to Work. L’équipe en charge du site insiste sur les deux vertus cardinale du projet : la patience — un jardin prend temps et soin — et la cohérence — l’hommage aux Martin s’aligne sur la mission de la Salvation Army.
D’ici là, Strawberry Field continue d’accueillir ses visiteurs. Les rouges portails demeurent un appel, l’exposition un sas où l’on entend des voix, des souvenirs, des morceaux de studio ; le bandstand et les jardins offrent des respirations. Le jardin de roses viendra s’y adosser, discret et parlant.
Une ville et ses repères : ce que ce jardin dit de Liverpool
Liverpool a depuis longtemps appris à raconter son histoire sans l’enfermer dans la nostalgie. Mathew Street et le Cavern Club, le front de mer, les quartiers où les Beatles ont grandi, tout cela compose une géographie où les lieux n’existent pas seulement pour être photographiés mais pour être habités. Le futur jardin de Strawberry Field ajoute un point de repos à cette carte : un endroit où l’on peut ralentir et mesurer ce que la musique a changé dans la ville, dans les vies, et parfois dans la manière dont on se regarde.
En ce sens, l’hommage aux Martin parle autant du passé que du présent. L’épouse qui a pensé le jardin, le producteur qui a accompagné quatre jeunes de Liverpool vers l’histoire, les équipes qui aujourd’hui forment des jeunes à trouver leur place dans le travail : le lien est direct. Un jardin est une promesse. Celle‑ci dit que la musique peut laisser des traces utiles, sensibles et communes.
Visiter Strawberry Field demain : une expérience enrichie
Quand le jardin de roses ouvrira, le public découvrira un parcours où les niveaux de lecture se superposent. On passe de la biographie gravée au silence d’un banc, des noms des chansons aux noms des roses, de la chronologie des succès à la chronologie d’une floraison. Les familles, les amateurs d’histoire musicale, les habitants du quartier et les curieux y trouveront de quoi apprendre et ressentir.
Il n’est pas anodin que ce jardin prenne place à Strawberry Field. John Lennon y a appris à regarder : à se mettre en dehors, à revenir, à transformer une sensation en image et une image en chanson. George Martin lui a appris à entendre autrement : à ordonner un son, à placer une note, à oser un timbre. Entre regard et oreille, il y avait déjà un parc ; demain, il y aura un jardin.
Un hommage qui fait œuvre
Le jardin de roses des Martin ne sera pas une simple décoration. Il s’inscrit dans une éthique qui traverse Strawberry Field depuis sa réouverture : raconter l’histoire en la mettant au travail. Roses, pierre de Portland, eau, bancs, disques gravés, bandstand voisin, portails rouges, programme Steps to Work : tout dialogue.
À l’heure où les villes cherchent des repères durables, où les mémoriaux se multiplient au risque de l’indifférence, Liverpool choisit la justesse : un jardin à taille humaine, habité par une histoire, ouvert à des usages, utile à un programme de formation. Le public y gagnera un endroit pour penser et sentir ; la ville, un repère qui honore à la fois la création et la transmission ; les fans, un motif de retour ; les jeunes en formation, le signe que la mémoire peut ouvrir des portes.
En somme, ce jardin de roses prolonge la promesse de Strawberry Field : rendre à la musique sa capacité à changer la vie, non par des slogans, mais par des lieux où il fait bon s’asseoir, écouter, regarder et transmettre. Liverpool y ajoute une pierre — de Portland — à sa carte des émotions partagées. Et l’on se dit que, là, entre une rose et une note, George et Judy Martin auront trouvé leur demeure au cœur de Strawberry Field.
