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Le blues des Grands Lacs

Publié le 23 septembre 2025 par Adtraviata
blues Grands Lacs

Quatrième de couverture :

Jason Moore était censé devenir marin comme son père et son grand-père. À la navigation il a préféré le jazz : il est guitariste. Aujourd’hui, ses doigts douloureux l’empêchent de jouer et il passe ses journées dans son bateau en cale sèche. Des clubs de Chicago aux grands lacs du Michigan, les souvenirs refluent, comme une ballade en mode mineur. Mais Jason le sait, un Moore ne coule jamais. 

Jason Moore, Coleman Moore de son nom de scène, vivote entre un boulot alimentaire et la restauration du bateau de son père, disparu sur le Lac Huron. De temps en temps, sa fille Heather lui rend visite, ainsi que sa propriétaire, mais Jason se plaît dans la solitude. Il se souvient de son enfance, où il a appris la guitare jazz avec un vieux musicien célèbre et où il a décidé de ne pas suivre la voie de son père et de son grand-père, propriétaires d’un magasin d’accastillage et bons navigateurs sur les Grands Lacs. Il se souvient de son grand amour de jeunesse Jennifer, qu’il a fini par quitter parce qu’il changeait sans cesse de groupe musical, de ville, il courait après les auditions sans jamais vraiment concrétiser les occasions. Mais Jennifer a toujours cru en lui et Brian, le contrebassiste de son groupe, ne l’a jamais vraiment laissé tomber. Il se souvient de l’origine de son arthrite, qui l’empêche désormais de jouer. Et alors que tout semble stagner dans sa vie, Jason semble creuser encore ses ennuis en remettant son bateau à l’eau et en mettant la honte à sa fille lors de sa remise de diplôme.

Si j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire de Jason, je me suis laissé entraîner dans sa mélancolie et dans l’histoire de ces trois générations d’hommes, avec le grand-père au temps de la Prohibition, et dont le dernier a cassé la destinée en se dirigeant vers le jazz sans concrétiser ni développer son grand talent musical. Il s’est laissé porter par les événements sans porter une vraie attention à ses proches, sans y croire vraiment. Mais ce personnage de Coleman est malgré tout attachant et on se laisse porter au rythme du blues du lac Huron au lac Erie, dans une narration bien menée, aux aller-retour constants entre passé et présent, avec une fin ouverte. Je suis contente d’avoir sorti ce livre très ancien de ma PAL.

« Il y avait dans l’appartement une vieille guitare sans cordes. Au début, il pouvait à peine la tenir. Et puis, à chaque nouvel effort, il a pu prolonger un peu et son corps se balançait, ses mains s’apaisaient au contact du vieux bois déformé. »

Joseph COULSON, Le blues des Grands Lacs, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Judith Roze, Points, 2011 (Sabine Wespieser éditeur, 2010)

#12pour2025


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