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Deux Poèmes d’amour malheureux (Romantiques anglaises)

Par Etcetera
Deux Poèmes d’amour malheureux (Romantiques anglaises)

Ces deux poèmes sont extraits du livre « Les Poésies d’amour » consacré aux écrivaines romantiques anglaises, publié chez Circé en 2025.

Réunissant huit poétesses – Mary Shelley, Emily Brontë, Anna Laetitia Barbauld, Frances Anne Kemble, Felicia Hemans, Mary Robinson, Letitia Elisabeth Landon, Amelia Opie – cette anthologie réserve quelques belles surprises. Ce ne sont pas forcément les autrices les plus célèbres qui retiennent l’attention ou qui émeuvent le plus. J’ai été particulièrement touchée par Frances Anne Kemble, une sensibilité très vive et une lucidité qui sonne assez moderne.
De façon très passionnante, Jean-Marc Lanteri, dans la postface, compare la vision de l’amour chez les poètes romantiques anglais, hommes et femmes. Il considère que l’homme romantique anglais est, en amour, surtout narcissique tandis que la femme romantique anglaise serait sacrificielle. Cela rejoint certainement les images de la féminité et de la virilité qui étaient valorisées, en ce début du 19e siècle, dans les modes de vie et dans la culture.

Note pratique sur le livre

Editions : Circé
Bilingue Français-Anglais
Choix, Traduction de l’anglais et postface par Jean-Marc Lanteri
Nombre de pages : 156

Notes biographiques sur les deux poétesses

Frances Anne « Fanny » Kemble, née le 27 novembre 1809 à Londres et morte le 15 janvier 1893 également à Londres, est une poète, dramaturge, diariste, mémorialiste et actrice britannique et connue pour ses opinions condamnant l’esclavage aux États-Unis.
(Source : Wikipédia)
Voir ici sa fiche complète sur Wikipédia

Amelia Opie, née Alderson (12 novembre 1769 – 2 décembre 1853), est une autrice anglaise qui publie de nombreux romans dans la période romantique du début du XIXe siècle, jusque vers 1828.
(Source : Wikipédia)
Ici sa fiche complète sur Wikipédia

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(Page 57)

Frances Anne, dite Fanny, KEMBLE
(1809-1893)

SONNET

Je voudrais voir cette femme en ton cœur !
Aimée de toi autant que toi de moi,
Et vers qui volent tes pensées et ardeurs
Pensées hélas ! où je n’ai aucun poids.

J’ai songé, assise, avec un soupir,
A cet amour passant toute beauté,
De bel esprit et rare modestie,
Et à l’agonie j’ai pleuré, j’ai pleuré.

Oh que je voie un seul instant ces yeux,
Semblant si beaux aux tiens énamourés,
Capte sa voix au timbre mélodieux,
Qui fait écho à tes vœux passionnés.

Oh que je meure, et qu’avant j’en apprenne,
Pour achever ce misérable rêve !

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(Page 95)

Amélia OPIE
(1769-1853)

Chanson

Je fonds comme neige sous le soleil,
Je fonds de douleur qui est en mon cœur,
Mais sans qu’il sache qui détruit ma paix,
Ni ma brûlure durable et amère.

Je sais que sa bonne âme aurait pitié,
Mon affliction serait son agonie,
Mais puisse, tant que je me maîtriserai,
Sa jeunesse ne jamais par moi souffrir.

Quand il vient, je veux pleurer, mais je souris,
Et dis que c’est pourpre saine en rougissant ;
Avec un chant, ses peurs pour moi déclinent,
Et mes regards sur lui se font tangents.

Car je sais bien que trahissent mes yeux,
Une passion fidèle et sans espoir,
Et lui, qu’hélas ! je ne peux rendre heureux,
Ne devra jamais souffrir chagrin par moi.

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