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Ce qui nous sauve

Publié le 30 septembre 2025 par Lana

Ce qui nous sauve la vie, oui ça peut être la main du chirurgien qui tient notre cœur entre ses mains. C’est le plus spectaculaire, le plus tangible, ce qui appelle le plus de gratitude immédiate.

Mais ce qui nous sauve, de manière plus globale, ce sont aussi beaucoup d’autres choses. C’est un tout. Ce n’est pas juste une seule personne qui en sauve une autre, c’est un collectif.

Ce qui me sauve, pour le moment, ce sont mes soignants mais pas uniquement, c’est aussi la littérature, c’est la poésie, c’est l’humour des autistes, c’est le soutien de mes pairs, c’est la musique, ce sont tant de choses.

Et j’ai moi aussi contribué à sauver des gens. Cette cliente de la librairie qui m’avait apporté des chocolats parce que le livre que je lui avais conseillé aidait considérablement son fils autiste (bien avant que je sache que je suis moi même autiste, comme quoi). Ce jeune garçon de 15 ans venu avec sa classe, obligé de choisir un livre pour le cours de français, mais qui n’aimait pas lire et était en décrochage scolaire. Je lui avais proposé un roman qui parlait des émeutes dans les banlieues françaises. Sa prof était revenue me dire qu’il était métamorphosé depuis, qu’il avait découvert le plaisir de lire et participait au cours. Et aussi l’aide concrète que je peux apporter à certaines personnes. En étant révoltée, en colère, en remettant en cause toutes les évidences. Alors, c’est vrai, c’est inconfortable et j’en suis même venue à penser que c’était davantage un handicap qu’une ressource. Mais c’est aussi de la pair aidance. Celle hors les murs, celle qui n’est pas récupérée par la psychiatrie, celle qui n’érige personne en modèle.

Ce qui nous sauve, c’est complexe, c’est différent pour chacun, mais ce n’est jamais, j’en suis persuadée, une seule personne ni une seule chose. Et se souvenir de ça, ça appelle à la fois à l’humilité mais aussi à l’espoir: humilité car personne n’est Dieu sur terre, et tant mieux, car se poser en unique sauveur non seulement c’est beaucoup de responsabilités à porter mais ça met la personne en face dans une situation de trop grande dépendance, et espoir car nous avons tous notre rôle à jouer, chacun avec ses compétences et ce qu’il est, y compris, bien évidemment, celles qui sont jugées inutiles car non productives.

Prendre soin les uns des autres, oui, pour moi c’est la seule façon d’avancer dans ce monde, et ça prend toutes sortes de voies.


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